Pas simple de trouver une fenêtre météo propice pour une sortie de pêche en mer. Coup de chance ! À la date cochée, nous bénéficions d’une brève accalmie… Rendez-vous à 8 heures à la cale de mise à l’eau du petit port du Logeo à Sarzeau. Au lever du soleil, je découvre en compagnie de Patrick, Céline et Corentin, l’intimité de ce petit port morbihannais. Mickaël Rio, notre guide du jour nous attend, le bateau est déjà prêt ! Tant mieux, nous aussi.
Un territoire unique
Parce que protégé de la houle, le golfe est un terrain de jeu intéressant pour tous ceux qui sont sujets au mal de mer. « Cela étant, méfions-nous! Le golfe donne l’illusion d’un plan d’eau calme et sans danger. C’est loin d’être le cas », prévient Mickaël. Il est marqué par des courants de marée, dont la puissance est parfois phénoménale, compte tenu des goulets entre les îles, rétrécissements accélérant la vitesse des flots. Des turbulences et des remous peuvent également se former en raison de la rencontre de courants opposés rendant parfois la navigation périlleuse. Il est donc vivement conseillé, surtout pour une première fois, d’être accompagné par un guide. « Parmi les courants, il y a le célèbre courant de la Jument qui est le deuxième le plus puissant d’Europe, le premier étant celui du Raz Blanchard dans le Cotentin », me rappelle Mickaël. Situé entre l’île de la Jument et l’île Berder, ce tapis roulant liquide peut, lors d’une marée de vive-eau, approcher les 10 nœuds, soit environ 20 km/h. Si les eaux du golfe abritent une grande variété d’espèces de poissons, vieilles, dorades grises et royales, c’est le bar qui fait vibrer notre guide comme de nombreux pêcheurs !
L'envie de partager
Comme bon nombre d’entre nous, c’est son père qui lui a transmis le virus de la pêche. « Je ne pars pas de rien. Cependant, j’ai épousé ce métier de guide de pêche un peu par hasard », me confie Mickaël. Après sept ans en tant que vendeur d’articles de pêche à Redon, il a fait la rencontre d’un guide avec lequel il a rapidement sympathisé. Et ce fut une révélation ! Il s’est dit qu’il y avait un truc à faire : transmettre, expliquer et révéler. En août 2016, après avoir obtenu son diplôme de moniteur guide de pêche, il commence son activité mer et rivière, mais rapidement, il se rend compte que la demande est principalement orientée vers l’eau salée. En 2018, il se focalise sur la pêche du bar dans le golfe. Pour Mickaël, dont la saison de pêche s’étend de mi-avril à fin novembre, les mois de juin, septembre, octobre et novembre sont les meilleurs pour séduire au leurre notre Labrax breton. Il faut que la température de l’eau soit comprise entre 14 et 17 degrés. Cela ne signifie pas pour autant que le bar soit absent durant la période estivale. Mais à cette saison, la fréquentation est trop importante. Le passage incessant des bateaux cale les poissons. « Seuls les lève-tôt et les couche-tard s’en sortent, à moins qu’il ne pleuve toute la journée, ce qui est rarement le cas en Bretagne », précise Mickaël avec un brin de malice.
Le matériel de Mickaël
CANNES
• Light Game 2,10 m 5/30 g et NRV 15/50 Hot Rod
• The Artist X5S 2152M Dark ELF 2,15 m 7/28 g Illex
MOULINETS
• Ballistic LT 2500, 3000 et 4000 Daiwa
• Certate LT 2500 XH Daiwa
• Conflict II et Clash II 2500 et 3000 Penn
TRESSE
• Power Shot en 0,13 et 0,15 mm Powerline
FLUOROCARBONE
• Super Hard Powerline
AGRAFE
• Perfect Link Fiiish
LEURRES SOUPLES
• Black Minnow 25 g Fiiish
• Nitro Shad 9 cm Illex
LEURRES DE SURFACE
• Bonnie 95 et 128 Illex
• Super Spook 12,5 cm Heddon
POISSON NAGEUR
• DD-Squirrel 79 SP Illex
C’est sur un semi-rigide, un Narwhal HD de 6,75 m propulsé par un moteur Yamaha VMAX SHO de 150 CV que nous partons découvrir le golfe. Un combiné Garmin sondeur/GPS 1223 XSV vient compléter l’équipement.
Cap sur Locmariaquer
Impatient de nous faire découvrir les trésors marins, Mickaël largue les amarres et nous filons vers la sortie du golfe, entre Port-Navalo et Locmariaquer dont la largeur n’excède pas 1 km, là où passe et rugit au plus fort de la marée ce fameux courant de la Jument. Nous commençons au début du jusant. Le courant est encore modéré et donc très pêchant. Pour Mickaël, les poissons se trouvent dans la veine d’eau, mais il faut que la dérive du bateau ne soit pas trop rapide, entre 1,5 et 3 nœuds. Compte tenu de la chute brutale de la température extérieure, Mickaël propose de rechercher le bar en des lieux plus profonds que d’habitude, entre 7 et 15 mètres. « Inutile de pêcher au leurre de surface, optons pour une animation lente près du fond en faisant glisser et tressauter le leurre un peu comme si on pêchait le sandre à la verticale. Une pêche en traction lente peut également s’avérer efficace. Il va falloir tâtonner pour trouver l’animation appropriée. » Malgré ses recommandations, les touches se font désirer. « Les poissons semblent rassasiés. Pourtant l’avant-veille, c’était la folie », regrette Mickaël. « Le manque d’entrain des prédateurs est sans doute lié au coup de vent de la veille. Une abondante nourriture, vers et coquillages, s’est probablement libérée à la suite des vagues et les bars en ont profité. » Le guide décide alors de bouger et d’entrer dans les entrailles du golfe.
En traction lente
C’est Corentin qui, avec une animation en traction lente, ouvre le bal près de l’île Longue avec un poisson largement maillé. Il a craqué sur un Black Minnow doté d’une tête de 25 g. La pêche en traction consiste, après avoir pris contact avec le fond, à faire une tirée, canne oblique, pour décoller le leurre puis à reprendre contact avec le fond tout en maintenant une légère tension, juste ce qu’il faut pour ne pas brider le leurre lors de sa descente, moment où la touche a généralement lieu. Évidemment, cette technique visant à flirter avec le fond est parfois gourmande en leurres. C’est la raison pour laquelle le Black Minnow occupe une place de choix dans sa sélection de leurres souples. « Il est monté en texan, c’est idéal pour toucher le fond qui est ici très accidenté. » Mickaël préconise toujours les leurres de couleur naturelle. Les coloris vert olive, Ayu et blanc ont ses préférences. Plus tard près de l’île Berder et juste avant la pause déjeuner, Corentin et Céline auront leur lot d’émotions en mettant au sec, simultanément, des bars justes maillés mais bien vigoureux. Les poissons ont l’air de bien se réveiller.
Un poisson d'exception
L’après-midi est nettement plus prolifique. Alors que les leurres souples se font happer par de petits bars, Mickaël suggère à Corentin d’essayer un poisson nageur à bavette, un DD Squirrel suspending. « Surtout fais en sorte qu’il ait une nage irrégulière. Tu verras qu’à la moindre sollicitation, le leurre se désaxe. Vu la fébrilité des poissons, n’hésite pas à faire rapidement quelques tours de manivelle suivis d’une pause de 3 à 5 secondes pendant laquelle le leurre, quoique suspending, remonte très lentement », insiste Mickaël. « Attends que je positionne correctement le bateau. Il doit être parallèle au courant afin que tes lancers soient perpendiculaires à la veine d’eau. » Dès la première dérive, le poisson nageur à bavette de Corentin est bloqué net dans sa nage ! Après un joli rush, le frein se met à hurler. Quel plaisir d’entendre cette plainte qui nous fait tous rêver et puis, comme le font les bars, il remonte vers la surface à bonne distance du bateau. C’est un superbe poisson aux mensurations impressionnantes : 72 cm pour 4 kg ! « Comme quoi, il ne faut pas rester enfermé dans une technique, surtout lorsque les poissons font la fine bouche », conclut Mickaël rassuré par ce dénouement heureux.
Une leçon de chose
Mickaël aime transmettre sa passion et il le fait très bien ! Pour lui, il est capital d’apprendre par la pratique et l’observation de l’environnement, ne serait-ce que pour affûter son sens de l’eau. Il n’hésite pas à faire et à refaire le même geste pour bien faire comprendre comment on fait un raccord tresse/bas de ligne. « Un temps est toujours consacré au montage du bas de ligne, à la confection des nœuds et au choix des leurres ». Il propose également à ses invités qui souhaitent conserver un poisson, une initiation à l’ikéjimé, technique japonaise censée réduire le stress et la douleur du poisson consistant à neutraliser son système nerveux avant de le saigner. Cela permet également de limiter la diffusion des toxines dans la chair et donc une meilleure conservation du poisson.
Renseignements pratiques
ADRESSES UTILES
• Office du tourisme presqu’île de Rhuys - Rue père Marie-Joseph Coudrin - 56370 Sarzeau - Tél. 02 97 53 69 69
• Office du tourisme de Vannes - Quai Tabarly - 56000 Vannes - Tél. 02 97 47 24 34
DÉTAILLANTS
• Rhuys Pêche - ZA de Kerollaire - 56370 Sarzeau - Tél. 02 97 41 70 45
• Alré Pêche et chasse - ZA Atlantheix - 56450 Theix - Tél. 02 97 42 60 34
• Alcédo - 2 rue Jacques Tati - 56880 Ploeren - Tél. 02 97 54 25 45
HÉBERGEMENTS
• Camping*** Landrezac Plage - 10 rue des frères le Boulicaut - 56370 Sarzeau - Tél. 02 97 41 73 56
• Gîtes de France 3 épis La ferme du Haut Bohat - Le Haut Bohat - 56370 Sarzeau - Tél. 02 97 41 84 11/06 75 36 91 08
À VOIR, À FAIRE
• Croisière dans le golfe du Morbihan - Vedette l’Angélus au départ de Port-Navalo ou de Locmariaquer - Tél. 02 97 57 30 29
• Compagnie Navix au départ de Vannes, de Port-Navalo et de Locmariaquer - Tél. 02 97 46 60 00
- Visite de l’île aux Moines, une escale incontournable
- Navette au départ de Baden (Port-Blanc) sans réservation
- Visite de l’île Berder accessible à pied mais reliée à Larmor-Baden par le Gois (passage submersible) de 80 mètres (bien se renseigner sur les horaires de marées)