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En estuaire avec Nicolas Cadiou : envoûtante traque du bar !

Les estuaires offrent de très belles opportunités pour la pêche du bar, notamment à vue et avec des techniques légères. Dans ce milieu, les pêcheurs d’eau douce sont beaucoup plus proches de leurs pratiques habituelles. Suivons Nicolas Cadiou, l’un des spécialistes français de cette pêche magique.

Nicolas est formel, les marées sont probablement l’élément le plus important dans cette pêche ! Elles perturbent beaucoup les néophytes qui découvrent ce loisir en estuaire. Ceux qui viennent de l’eau douce ou de la Méditerranée, ne connaissent pas ce phénomène. Même chez les pêcheurs en mer, beaucoup n’y prêtent pas une grande attention. Dans un estuaire, l’heure de la marée est décalée par rapport à la pleine mer. Les horaires sont donnés pour les villes sur la côte. Il faudra donc faire une correction, pouvant aller jusqu’à deux heures, en fonction des estuaires mais aussi suivant si l’on pénètre plus ou moins profondément dans le fleuve.

Le terrain de jeu est immense dans ces estuaires qui plus est souvent peu fréquentés par les pêcheurs. 
Crédit photo : Erwan Balança

Hauteur d'eau...

Dans un estuaire, les marées vont déterminer les postes où vont se tenir les bars et ils sont très localisés. Ces secteurs sont productifs à un moment donné de la marée seulement. Nico connaît des dizaines de postes et les moments précis où ils doivent être pêchés. La difficulté majeure, c’est qu’il n’y a pas de généralité, on ne peut pas dire « il faut pêcher à pleine ou basse mer ». Pour notre pêcheur, cette connaissance est le fruit de son expérience mais aussi d’une rigueur dans ses observations. Depuis plus de vingt ans, quand il voit des poissons, s’il a une touche ou s’il en capture un à un endroit, il note l’heure et de retour chez lui il se reporte à une application comme le Marégraphe, pour regarder quel était le niveau d’eau à ce moment-là. Il va ainsi savoir qu’il y avait par exemple 3,20 m d’eau au moment où il a vu des poissons en activité sur le poste. Lors des sessions suivantes, il regarde à quel moment de la journée la hauteur d’eau sera la même et va pêcher le poste en question. Sur certains secteurs, le créneau d’activité peut durer une heure et demie à marée descendante et sur d’autres dix minutes seulement à marée montante ! Il faut être vigilant.

Comme pour toutes les pêches du bord mieux vaut opter pour des leurres qui s’accrochent peu au fond comme ce Dark Sleeper de Megabass.
Crédit photo : Erwan Balança

Les postes incontournables

Une pointe qui s’avance et réduit la largeur de l’estuaire et où le courant s’accélère et apporte de la nourriture est un excellent poste de pêche. Sur une accélération de courant, les bars se positionnent plutôt en amont de la pointe, là où le courant s’intensifie afin d’intercepter la nourriture avant les autres carnassiers marins. Des bordures léchées par le courant, sont des zones très intéressantes en pêche à vue. Parfois la veine d’eau est un petit peu décalée et il faut alors pêcher l’eau. Les deuxièmes postes vraiment clé sont les bordures avec des goémons et/ou des rochers avec des alternances de sable et de vase. Cherchez les bordures qui ne sont pas uniformes, poste idéal pour pratiquer à vue. Les poissons passent du sable à la roche et sont plus faciles à repérer. Les bars adoptent une sorte de mimétisme et adaptent leur couleur à celle du fond sur laquelle ils évoluent. Quand ils sont sur un goémon, ils deviennent plus foncés et s’ils passent sur une tache de sable, le contraste permet de mieux les voir.

Les parcs à huitre offrent de multiples cachettes aux bars mais aussi une nourriture abondante. 
Crédit photo : Erwan Balança

Et coéfficient de marée

Nico est également vigilant au coefficient de marée. Ce dernier est une échelle qui va de 20 à 120. Il indique la force du courant et la différence de hauteur entre le niveau de la marée basse et haute. Plus le coefficient est important, plus ce chiffre sera grand et plus il va y avoir de mouvement d’eau. Le courant sera plus marqué et l’amplitude de niveau entre marée haute et basse sera plus grande. Le phénomène est inverse lors des bas coefficients de marée. Cela détermine quels seront les postes pêchables. Il y a des endroits qui ne sont productifs qu’à grande marée, sinon le niveau d’eau n’est pas assez important et des roches par exemple interdisent la pêche.

Les prises ne sont pas toujours énormes mais chaque touche se savoure car c’est souvent le fruit d’une bonne approche de cette pêche technique.
Crédit photo : Erwan Balança

Courants et bordures

Le phénomène de marée mis à part, il y a tout de même des principes généraux qui s’appliquent à différents estuaires. Il y a plusieurs façons de pêcher et types de postes. Vous pouvez vous focaliser par exemple sur les bordures, ou alors peigner les courants dans le lit principal du fleuve. La pêche dans les courants se fait principalement quand il y a un gros coefficient, à partir de 60. Il faut en effet une veine d’eau marquée pour conduire correctement le leurre et trouver des poissons actifs sur une zone précise. Les jours de petit coefficient, mieux vaut se concentrer sur des pêches de bordures.

Cette pêche du bord est facilement accessible. Pas besoin de coûteux bateau très motorisé. C’est un gros avantage pour un pêcheur d’eau douce en villégiature sur la côte. Soyez toutefois prudent et suivez bien les variations de marée.
Crédit photo : Erwan Balança

Attention au vent !

Nico est breton et pêche la plupart des estuaires de cette région où le vent s’invite régulièrement à ses parties de pêche. Pour éviter le problème, il choisit des estuaires encaissés, quitte à changer de secteur en cours de pêche ou bien à chercher des postes sur une berge abritée. Bien sûr, pêcher à l’abri du vent, restreint énormément le nombre de postes. Mais pour Nico, pas d’hésitations, il préfère pêcher dans de bonnes conditions que d’être gêné par le vent ! Il y a beaucoup de pêches fines en estuaire et il utilise des leurres très peu plombés. Ces pêches sont impossibles quand Eole se déchaîne.

Les bordures avec des alternances de substrat, roche et sable sont parfaites pour les pêches à vue du bar. C’est alors une vraie chasse.
Crédit photo : Erwan Balança

Une nourriture abondante

Les estuaires sont des milieux extrêmement riches en nourriture. Ce mélange d’eau douce et salée est une vraie nurserie, propice au grossissement de beaucoup d’espèces. Il y a beaucoup d’alevins et énormément de crustacés, de crabes verts, de crevettes, de galathées, de petites anguilles, de loches, de gobies, de petits sparidés, de petites dorades ou de petits sars. Le point positif pour le pêcheur est qu’un tel garde-manger attire beaucoup de prédateurs ! Le revers de la médaille, c’est que les bars ont tellement à manger que leurs phases d’activité sont souvent beaucoup plus réduites que ceux qui vivent en mer et chassent pendant plusieurs heures. En estuaire, un bar peut avoir une fenêtre d’activité de cinq minutes ! Il va manger deux crabes verts et après il n’est plus actif pendant plusieurs heures. Il y a des différences entre les estuaires sableux et vaseux. Ceux comportant des bancs de sable abritent beaucoup de lançons, espèce non présente dans ceux vaseux. Dans ces derniers nous rencontrerons plus de petits poissons plats et de gobies. On ne trouve pas les mêmes proies à l’entrée et à la sortie de l’estuaire. À l’embouchure, là où le fleuve se jette dans la mer, les bars se nourrissent de proies marines.

Prudence sur les fonds vaseux ! Ces milieux sont également très riches en nourritures avec plus de poissons plats et de gobies notamment. 
Crédit photo : Erwan Balança

Eau douce ou salée

Mais ils remontent parfois très haut, en eau douce. On observe alors ces carnassiers nageant au milieu des truites et gobant une petite fario ou des vairons. Le pêcheur doit donc s’adapter ! La zone entre ces deux extrêmes est souvent intéressante à prospecter car les poissons d’eau douce ne descendent pas si bas et ceux de mer sont moins présents. Ces secteurs sont un peu plus pauvres en nourriture et les bars ont des fenêtres d’activité un peu plus longues. Un atout que seule une observation fine au bord de l’eau vous permettra de noter et ainsi de profiter de cette pêche terriblement excitante.

Le bar, poisson marin emblématique, navigue entre eau douce et salée dans les estuaires. Sa quête est envoûtante, surtout à vue. 
Crédit photo : Erwan Balança


Les leurres de Nico

Ce spécialiste utilise des leurres souples en taille 3 et 4’’ de type slug ou finess comme le One up slug de Sawamura, l’Hazedong et le X Layer de Megabass. Nico les fixe sur des têtes plombées de forme filiforme, comme la SV Bachi Head de Decoy, la plus utilisée par notre pêcheur. Lorsque les fonds sont encombrés, il utilise une tête de texan VJ 36 de Decoy. Nico aime également le Dark sleeper de Megabass, qui imite un gobie et dont l’hameçon caché dans la nageoire dorsale du leurre limite les accrocs. Dans la même famille, la Sleeper Craw est une imitation d’écrevisse très efficace quand les bars chassent les crustacés. Le leurre souple Headswimmer de Raid Japan passe également partout avec sa protection d’hameçon sur le dos. Les coloris les plus utilisés sont des teintes naturelles imitant les proies du bar. Pour la surface, il fixe souvent un Asturie de Xorus.

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