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Respect, la vieille !

Passionné de pêche et notamment en kayak, un spécialiste comme Christophe Thépault n’hésite pas à rechercher la vieille de manière spécifique, le long des côtes du nord-Finistère.

Crédit photo Thierry Sauvin
Peu recherchée par les pêcheurs et le plus souvent prise un peu par hasard, la vieille commune, de la famille des labridés, est pourtant un superbe coup de ligne, du bord comme en bateau. Sa défense, parfois comparable à celle d’une daurade royale en fait un poisson particulièrement retors.

Abondante sur nos côtes, la vieille, c’est l’habituel sauve-bredouille qui, à mes yeux, mérite pourtant bien mieux que ça. Cette espèce casanière apprécie les fonds rocheux, aimant se faufiler dans les failles garnies de laminaires. Elle s’y cache et attend sagement que le courant se calme pour en sortir. La vieille voisine avec le congre et la julienne, chacun dans son trou de roche. Ce n’est pas un poisson de grand fond. Si elle peut s’aventurer jusqu’à 50 m, la plupart du temps, elle préfère les hauts-fonds et reste entre 8 et 15 m.

Les dents de la vieille ne sont pas bien grosses mais elle sait s’en servir à merveille pour arracher sa nourriture aux rochers ou broyer sans problème coquillages et crustacés.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Au calme

La vieille peut arborer de superbes couleurs. Sa robe prend différentes colorations en fonction de l’âge, de la profondeur et de son habitat : tons de vert dans les herbiers, couleur brique ou beige clair sur les fonds sableux. Comme tous les poissons de roche, la vielle n’apprécie guère les zones trop mouvementées et les périodes de forts courants. Il est donc judicieux de la rechercher à l’approche des étales de haute et de basse mer, moments où le courant s’assagit et où des espèces, telles le bar et le lieu jaune, par exemple, disparaissent des écrans radars.

Du bord, sur les spots un peu sportifs, mieux vaut prévoir une canne suffisamment longue pour pêcher malgré tout dans des conditions de sécurité suffisantes.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Un menu varié

C’est un poisson un peu rustique dans le sens où il n’est pas difficile concernant son menu. La vieille a toutefois ses préférences. Elle affectionne particulièrement les coquillages (moules, couteaux, palourdes) et les crabes verts. Pour s’en repaître, elle utilise sa mâchoire puissante pourvue de dents pour les broyer. Elle ne dédaigne pas non plus les vers marins, comme les arénicoles. Elle sait aussi apprécier une fleurette de sardine ou de maquereau et n’hésitera pas à pourchasser un sprat ou un lançon passant à sa portée. Du bord, mieux vaut pêcher à courte distance pour contrôler dérive et animation de l’appât ou du leurre et limiter les risques d’accrochage et de frottement du fil. Les vieilles se postent de toute façon souvent très près du bord, surtout si les rochers sont bien garnis par les moules.

Un montage avec hameçon texan permet de prospecter sans trop de risques les postes en général très scabreux qu’affectionne la vieille.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Appâts et leurres

Généralement dédiée à la traque du sar, la technique de l’iso fishing, qui nous vient du Japon, est d’une grande efficacité ici. Il s’agit d’une pêche itinérante particulièrement plaisante. À l’aide d’une longue canne (4 à 5 m), on pêche à ses pieds, dans les rochers, avec une ligne très faiblement lestée (3 g). Deux ou trois plombs pincés sur le bas de ligne suffisent donc. Quant à l’appât, on a l’embarras du choix mais une néréide de roche, une arénicole ou une languette de calamar séduira à coup sûr. La vieille répond également bien aux leurres, réagissant alors surtout par agressivité. Les leurres souples ont la cote à condition de les faire cogner sur le fond. Choisissez des leurres hyper tendres, ondulant à la moindre animation : shad, finesse, slug, créature rappelant une écrevisse compte tenu de son goût pour les crustacés. S’il est possible de la séduire avec des couleurs un peu flashy (orange, rose), les couleurs naturelles (marron et vert olive), en phase avec son milieu, ont particulièrement fait leurs preuves.

Les leurres souples conçus dans les gommes les plus tendres sont évidemment les plus efficaces mais ressortent rarement indemnes de ce type de rencontre.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Place au texan

Vu les spots qu’elle fréquente, les risques d’accroc avec une tête plombée classique sont importants et un montage texan classique est bien mieux adapté : balle percée, perle molle et hameçon texan sur lequel on installe le leurre souple. Un stop float est fixé à environ 15 cm au-dessus du plomb, permettant ainsi à la balle de coulisser sur une distance restreinte et de faire planer le leurre. Évitez les hameçons fins de fer, trop fragiles pour les mâchoires puissantes d’une grosse vieille. Un fer moyen est vivement recommandé qu’il faudra néanmoins affûter régulièrement. Prévoyez des corps de rechange car un leurre souple touché sera bien souvent déchiqueté, tant l’agressivité de ce poisson est grande. On peut certes choisir une gomme plus résistante mais immanquablement, les touches vont diminuer.

Les choix de Thierry, de haut en bas : Black Minnow (Fiiish), Super X-Layer (Megabass), Astushad (Astufish), Shad Impact (Keitech), Sakamata Shad (Deps), Biastos (Caperlan).
Crédit photo : Pierre Fernandès

Pas trop vite

L’animation du leurre, en dents de scie, doit être lente. Il est même judicieux de le faire glisser doucement sur le fond, un peu comme à la tirette, en ménageant des pauses de deux à trois secondes. L’attaque a souvent lieu lors d’un arrêt pendant lequel le leurre souple continue malgré tout de frémir sous l’action du courant. Avec ce type d’animation, la moindre inattention risque de se traduire par un accrochage sur le fond. Pour éviter ça, mieux vaut piquer légèrement la pointe de l’hameçon sur le dos du leurre. Bien souvent, une vieille, parfois même un banc de quatre ou cinq individus, peut suivre le leurre jusqu’à la bordure. Si on aperçoit cette sorte d’ombre suivant le leurre, on peut facilement déclencher l’attaque de ce poisson en fait assez peu craintif. Il suffit de ralentir la récupération, voire de la stopper net pour qu’il s’en saisisse. Gare alors à la secousse !

La pêche au casting jig, même si ce leurre se révèle assez délicat à utiliser du bord, est une technique intéressante aussi pour cette espèce.
Crédit photo : Thierry Sauvin

À la descente

On peut aussi faire craquer une vieille avec un casting jig, que l’on peut équiper d’un assist hook pour limiter les accrochages. Les ratés seront moins fréquents avec un hameçon simple fixé en bout du leurre mais avec un risque d’accroc plus évident. Le casting jig est animé lui aussi en dents de scie. Il convient de bien accompagner la descente du leurre, bannière tendue car, la plupart du temps, la touche a lieu à ce moment. Elle est généralement franche voire violente et le combat incertain dans les premiers instants. Ferrée, la vieille va tenter de filer plein pot vers sa cache, une zone ultra risquée pour le bas de ligne. Si vous n’avez pu l’empêcher de rejoindre son trou, la seule solution est de donner un peu de mou et d’attendre qu’elle veuille bien en ressortir. Après chaque prise, il est indispensable de vérifier l’état de santé de son bas de ligne. C’est en fait en bateau que l’on aura les meilleures chances de mettre à l’épuisette les plus beaux sujets. Non pas qu’il n’y en ait pas en bordure, elles sont parfois même à nos pieds, mais compte tenu des frottements infligés au bas de ligne, les chances de succès sont limitées face à un vrai gros poisson.

Ce poisson, à la robe souvent magnifique, vaut en définitive bien mieux que son habituel statut de sauve-bredouille.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Pas trop profond

À partir du moment où l’on se trouve au bon endroit, au bon moment et que l’on met en œuvre la bonne animation, les prises peuvent s’enchaîner. Attention, dans des fonds supérieurs à 15m, les vieilles supportent mal la décompression. Mieux vaut ne pas en abuser et les traquer dans des fonds plus faibles si vous souhaitez les remettre à l’eau. Elles le méritent bien tant leur compagnie assurent des moments riches en émotions.

Le matériel de base

  • Canne : 10-30 g ou 20-40 g 2,40 m (bateau) 2,70 m (du bord)
  • Moulinet : taille 2500-3000
  • Tresse : 14/100
  • Bas de ligne : monofilament fluorocarbone 34/100

 

 

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