L’ été, de nombreux équipages de pêcheurs plaisanciers embarquent sur leurs bateaux afin de traquer les thons au large autour du Gouf de Capbreton. Ce dernier, qui est un canyon sous-marin, abrite une grande quantité de nourriture pour les thons en particulier les anchois dont ils se nourrissent principalement en cette saison. Si le thon rouge est l’espèce la plus convoitée par les pêcheurs amateurs, adeptes de combats féroces et musclés, d’autres espèces de thon sont aussi présentes. Le thon blanc ou germon qui se pêche principalement à la traîne loin du large et un thon moins connu mais qui est très apprécié des pêcheurs sportifs, la bonite a ventre rayé, plus communément appelée thon listao.
Le thon des eaux chaudes
Ce petit thon, qui peut atteindre une quinzaine de kilos tout au plus, est présent dans tous les océans du globe, des eaux tropicales aux eaux tempérées. Dans le sud-ouest de la France il est généralement présent à la fin de l’été quand les eaux sont assez chaudes, il suit sa migration grâce à des courants chauds. Comme les autres thons à cette période il se nourrit principalement d’anchois qu’il pourchasse en formant d’immenses bouillonnements blancs d’écume à la surface de l’océan. Lorsqu’un banc de thons listao piège un banc d’anchois sous la surface, tous les thons montent ensemble dans un même élan et forment un fantastique brouhaha blanc d’écume, de bulles et d’écailles d’anchois. Malmenées, pourchassées ou déchiquetées les frêles proies argentées bondissent hors de l’eau dans un climat de panique générale ! Une véritable frénésie alimentaire !
Les bancs de listao peuvent compter plusieurs centaines pour ne pas dire milliers d’individus sur les plus gros rassemblements. Contrairement au thon rouge, le thon listao ne fait pas l’objet de quotas ni de taille minimale de capture, le pêcheur peut donc profiter de sa pêche à l’occasion. Bien sûr il est préférable de rester raisonnable et ne prélever que ce que l’on souhaite consommer, ou simplement pratiquer en no-kill.
Un missile survitaminé à pêcher en light
Malgré sa petite taille, le plus souvent entre deux et quatre kilos c’est un poisson d’une puissance raisonnable mais d’une énergie débordante, ce qui en fait un poisson très intéressant à pêcher avec du matériel relativement léger. Un moulinet en taille 4000 garni d’une tresse en 15/100 sur une canne de 2,30 m en 20 lbs vous promet des sensations très agréables avec le thon listao. Ce poisson fuselé pour la vitesse et très dynamique peut se pêcher en casting jig, à l’aide de jerk minnow ou même à la mouche mais l’utilisation de leurres de surface reste la technique qui vous procurera le plus de sensations.
Attaquer des chasses de thons avec du matériel léger et des leurres de surface vous assure de bonnes montées d’adrénaline même si le combat n’est pas comparable à celui que peut offrir le thon rouge bien sûr, mais il reste très grisant tout de même. Il est bon de savoir à qui on a affaire avant de lancer son leurre dans une chasse de thons ! Il est parfois difficile de différencier une chasse de jeunes thons rouges d’une chasse de listao, les juvéniles de thons rouges étant parfois de taille identique à la bonite à ventre rayé. La petite astuce consiste à observer la chasse, si un poisson sort de l’eau et bondit au-dessus de la surface il s’agit de thons rouges. Le listao ne sort jamais de l’eau. Le combat du thon rouge étant plus violent cela pourra vous éviter bien des déboires ou de piquer un thon rouge plus imposant mélangé à de petits sujets.
Le choix des leurres
De nombreux leurres de surface peuvent être utilisés pour le listao, l’idéal étant de choisir des tailles comprises entre 80 et 120 mm pour un poids de 10 à 30 g. Dernièrement sorti chez la marque Sakura, le dynastick est redoutablement efficace sur le thon listao, sa petite taille et sa nage très haute sur l’eau en font un leurre de choix qui peut faire la différence. En effet, le grand nombre de poissons et la taille importante des chasses parfois n’en fait pas pour autant un poisson si facile à prendre. La taille du leurre et son animation sont souvent les clés de la réussite. L’armement du leurre n’est pas à négliger, un seul hameçon triple ou un simple à l’arrière du leurre sera à privilégier afin de ne pas blesser le poisson durant le combat ou lorsqu’il se débat dans l’épuisette. Le plus souvent lorsque deux hameçons sont utilisés sur un même leurre il y a de grandes chances pour que le second hameçon vienne se piquer dans l’œil du poisson et le blesse gravement. Pour les pratiquants du no-kill c’est assez dommageable pour le thon qui aura du mal à se nourrir par la suite et son avenir sera sérieusement compromis.
L’appel du large
La pêche du thon listao se pratique très souvent à bonne distance des côtes, en navigation hauturière, c’est l’occasion de croiser la route de bon nombre d’animaux marins présents eux aussi sur le Gouf de Capbreton. Différents dauphins, des poissons-lunes ou encore une multitude d’oiseaux marins faisant une halte migratoire afin de profiter des anchois en suivant les chasses de thons. À la fin de l’été lorsque les listao sont présents et forment un grand nombre de chasses en surface nous pouvons profiter du spectacle de la vie sauvage, thons et oiseaux sont mêlés dans une frénésie alimentaire parfois indescriptible ! Ces ambiances, ces moments sauvages font la beauté de cette pêche où l’instinct prédateur du pêcheur est parfois dominé par l’envie d’endosser le simple rôle de spectateur et juste de profiter du spectacle.