On rencontre la raie principalement sur des substrats sablonneux et sablo-vaseux. On la trouve essentiellement en Atlantique et en Manche. Elle n’est pas aussi présente que la roussette partageant le même terrain. Encore faut-il mettre toutes les chances de son côté pour espérer piquer une raie. Comment s’y prendre ? Avoir les montages appropriés, les bons appâts, mais aussi quelques petites astuces supplémentaires.
Deux hameçons valent mieux qu’un
Encornet, petite seiche, filet de maquereau, sardine, arénicole sont les esches à privilégier pour la raie. Inutile de proposer de grosses bouchées à la raie, en revanche il faut s’assurer que l’appât est très bien enfilé et positionné sur l’hameçon. Il faut que l’appât paraisse aussi vrai que nature pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Pour escher un encornet ou une petite seiche, un seul hameçon n’est pas toujours suffisant pour assurer un maintien parfait. En effet, le céphalopode est fait de deux parties : la tête et le corps. Dans ce cas, il est préférable d’avoir en plus un second hameçon coulissant sur le bas de ligne pour le planter dans l’autre partie : un hameçon dans la tête et l’autre dans le corps. Vous éviterez beaucoup de décrochages. Cette méthode s’utilise aussi avec le filet de maquereau. Pour la sardine, un seul hameçon suffit. On peut aussi mieux arrimer la sardine sur l’hameçon en employant du fil élastique transparent pour la serrer sur l’hameçon en faisant de nombreuses spires. Il y a également un autre avantage. Cela évite son déchirement et le chapardage. La raie va être obligée d’attaquer la proie pour s’en saisir à plusieurs reprises. La touche et ses répétitions sont plus faciles à déceler. Rien que du plus. Quant à l’arénicole, il faut l’enfiler avec une aiguille spéciale pour la faire remonter bien au-delà de la hampe de l’hameçon sur l’empile, toujours dans le souci de donner fière allure à l’appât. Il est indispensable de faire ressortir la pointe des hameçons de la chair des appâts pour mieux assurer le ferrage.
Un appât mobile
Sur ces terrains sablonneux et sablo-vaseux, plutôt meubles, le plomb comme l’esche ont tendance à s’enliser. De fines particules sont toujours en suspension et recouvrent d’une pellicule de sable ou de vase l’appât qui perd ses pouvoirs attractifs. Régulièrement, donc, le pêcheur doit soulever délicatement son bas de ligne du fond pour désensabler le montage et le plomb afin de rendre l’ensemble plus mobile. On peut également surélever le bas de ligne en utilisant des perles flottantes fluorescentes et phosphorescentes. L’effet sera double. Elles vont servir de teaser et assurer une flottabilité. Évidemment, plus l’esche est lourde, plus il faut ajouter de perles sur le montage. La vase et le sable ont plus de mal à se fixer sur l’esche décollée, ballottée au gré du courant. Rien de bien compliqué à mettre en application, mais tellement efficace.
Traînard et coulisseau
Maintenant que l’on sait comment escher les appâts pour une bonne efficience, encore faut-il employer le montage approprié. Avec sa cavité buccale sur la face ventrale, la raie va forcément chercher sa nourriture à même le fond. Donc, le bas de ligne le plus adapté est un traînard avec un coulisseau. Ce petit accessoire permet au bas de ligne d’être dans la lignée du corps de ligne, de pouvoir prospecter une étendue plus vaste en relâchant du fil tout en maintenant l’appât sur le fond. En étant en prise directe avec le bas de ligne, la moindre touche est perceptible. La raie, quant à elle, sentant moins de résistance lorsqu’elle engame l’appât, comme tout autre poisson d’ailleurs, est moins suspicieuse. Il suffit de lui laisser le temps de bien ingérer sa proie en donnant un peu de mou dans la ligne avant de ressentir une seconde touche pour ferrer. La longueur du traînant varie de 0,50 m à 2 m en fonction du courant. Plus le courant est fort, plus le bas de ligne va décoller du fond. Il est nécessaire d’adapter la longueur de son montage en fonction de la force du courant, à intensité variable selon les coefficients et la fluctuation de la marée. Un long traînard permet aussi de positionner une seconde empile à mi-longueur avec une esche différente. Les effluves sont plus forts, la sapidité amplifiée avec un choix différent en texture. De plus, si notre raie a fait preuve de grande ruse pour se sustenter sans mordre au premier hameçon, il est quasi certain qu’elle va s’orienter vers le second appât sans méfiance et engamer la bouche grande ouverte. De deux choses l’une : la touche est franche, la raie part rapidement avant de tenter de se coller sur le fond. Il est donc nécessaire de la contenir pour l’empêcher de se plaquer avec ses ailes. Ou bien la touche est peu perceptible, la raie se tapit et ne bouge pas. Est-elle prise ou non ? C’est en ferrant et en remontant la ligne que le pêcheur va s’en rendre compte. La raie se sert de ses ailes pour faire pression dans la masse d’eau. Il est rare qu’elle montre des rushes réguliers. Le pêcheur est plutôt aux prises à une masse lourde à ramener en surface. Il est souvent difficile de détecter à la touche si l’on a affaire à une raie. C’est lors de la remontée que l’on peut identifier le poisson et bien sûr à la surface. Et quelle belle surprise à absolument immortaliser avec votre Smartphone ou votre appareil photo avant la remise à l’eau après avoir enlevé l’hameçon avec douceur si celui-ci est piqué à la commissure des lèvres ou le couper le plus ras possible le bas de ligne pour redonner la liberté à la raie que vous verrez s’éloigner à tire-d’aile.
Législation
La raie brunette, comme la raie blanche et le pocheteau gris sont interdits de capture alors que la raie bouclée est autorisée. Le mieux est de s’informer auprès des affaires maritimes de votre secteur, car d’une région à une autre, il se peut qu’il y ait des divergences. Si ces raies peuvent blesser avec leur boucle acérée, il y en a aussi des plus dangereuses comme la torpille qui envoie des décharges électriques ou la pastenague appelée aussi terre qui a un dard extrêmement venimeux sur la queue, potentiellement mortel. Prudence donc.
Un peu de biologie
C’est un poisson au corps aplati, le plus souvent en forme de losange caractéristique de parfaite symétrie avec un museau à angle obtus. C’est un poisson cartilagineux dépourvu d’arêtes. Sa bouche et ses cinq orifices branchiaux sont situés sur la face ventrale. La raie a en arrière de chaque œil un évent bien utile lorsqu’elle est à l’affût. Dans ce cas, elle n’aspire l’eau que par ses évents, empêchant ses branchies de s’engorger. Ce poisson est aussi dépourvu d’écailles mais a de gros piquants dorsaux à plaque basale lisse ou cannelée plus ou moins éparpillés sur toute la surface du corps ainsi que sur la queue flagelliforme dotée de deux petites nageoires dorsales. Ses dents sont aplaties, disposées comme des pavés pour lui permettre d’écraser les coquillages, les mollusques comme un laminoir. C’est un poisson pas ordinaire dont l’origine remonterait à l’âge du Carbonifère. Sauriez-vous reconnaître une femelle d’un mâle ? Rien de plus facile. Les mâles possèdent deux pterygopodes, des organes externes utilisés pour la transmission du sperme jusqu’au cloaque de la femelle et ne peuvent en utiliser qu’un à la fois. Après la fécondation, les œufs sont expulsés de la femelle, enfermés dans une capsule très solide où ils se développent. Et il n’est pas rare de trouver sur la laisse de mer de nombreuses capsules de raie après éclosion. Ainsi, la boucle est bouclée