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Pêche du thon rouge à la traîne au large de Monaco

Mythique, légendaire, objet de nombreux fantasmes halieutiques, le thon rouge s’est fait un nom à travers les époques. Sa quête au large de Monaco, à la traîne, offre des sensations fortes aux pêcheurs locaux et permet de mieux connaître l’espèce.

À la fois nourricier et poisson de pêche sportive par excellence, le thon a fait l’objet de convoitises au vingtième siècle. Adepte des combats virils face aux poissons les plus puissants de la planète, le nom du célèbre Ernest Hemingway est associé aux premières expériences et histoires de pêche de ce géant des mers en baie de Lannion dans le nord de la France. En août 1947, l’écrivain, sur invitation de Charles Ritz, ne put se déplacer et nomma un ami, Michael Lerner, pour le suppléer. Ce milliardaire américain captura plusieurs thons à la canne. Et cette prise fit grand bruit dans la presse, ce qui contribua à offir ses lettres de noblesse à ce poisson majestueux dans l’opinion publique. De nos jours, en Méditerranée, ce poisson suscite toujours autant d’intérêt auprès des pêcheurs de plaisance. À Monaco, un équipage le cherche à la traîne au large, à l’aide d’un superbe bateau, un Ars Mare RS 38. La pêche hauturière du thon est très pratiquée dans la principauté par les membres de la Fédération monégasque de pêches sportives (FMPS). Cette technique peut paraître simple à première vue, mais demande une bonne expérience. Il faut utiliser les bons leurres aux bons endroits, connaître les zones de pêche et savoir localiser les poissons au large à plusieurs dizaines de milles nautiques de la côte.

Partis au petit matin du port de Monaco, les pêcheurs se dirigent vers le large et vers de belles aventures !
Crédit photo : Lilian Haristoy

Cap au large

Chafik, le capitaine du bateau, lève les amarres très tôt le matin pour arriver de bonne heure sur zone, à plus d’une heure de navigation du port de Monaco. La principauté se réveille doucement dans la lueur du matin. Son équipage, composé d’amis, Victor, Faouzi et Marco, s’affaire et prépare le matériel sur le pont afin d’être prêt une fois arrivé sur zone. Chafik a enclenché le pilote automatique après avoir défini un cap et la zone dans laquelle il veut pêcher. Cela lui donne le temps de faire un point sur les leurres qu’ils vont utiliser et de changer les hameçons si ces derniers ne piquent pas assez. Rien n’est laissé au hasard.

Le matériel utilisé, cannes et moulinets, est haut de gamme. Le thon rouge ne permet pas l’approximation et la négligence. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

De drôles de leurres

Les lignes sont préparées et certaines comportent de drôles de montages, une guirlande de leurres souples ressemblant à des calamars. Ils font office de teaser, l’effet de masse dans l’eau donne l’illusion d’un banc de proies, ce qui pousse le thon à attaquer. Les leurres factices ne sont pas armés d’hameçons. Seul celui situé à l’arrière du faux banc en est muni, c’est souvent celui-là que le thon attaque. La barre métallique qui tient tous les calamars est surmontée d’un flappeur, un leurre qui surfe en surface et crée des projections d’eau afin d’attirer les prédateurs de plus loin. Les ensembles canne et moulinets, des Shimano Tiagra, sont placés dans les portecannes.

Le superbe bateau Ars Mare RS 38 comporte le matériel sophistiqué permettant de naviguer loin des côtes en toute sécurité. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

Huit lignes sont mises à l’eau, ce qui demande une certaine organisation. Chaque membre d’équipage a un rôle et lorsqu’un poisson est pris, chacun sait ce qu’il doit faire pour être le plus efficace possible et ne pas emmêler toutes les lignes. Deux d’entre elles sont placées sur des tangons, de très grandes perches situées de part et d’autre du bateau, qui se déploient comme des ailes de chaque côté. Elles éloignent des lignes qui sont clipsées à l’extrémité afin qu’elles ne se croisent pas avec les autres.

Les lignes sont mises à l’eau une à une afin de ne pas les emmêler. Cela demande une bonne maîtrise de cette technique de pêche. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

Les lignes sont tendues

L’équipage utilise bien sûr différents leurres pour maximiser les chances de prendre un thon et de voir sur quel modèle les touches seront les plus fréquentes ce jour-là. Les poissons nageurs à bavette sont utilisés pour pêcher plus profondément que les leurres souples imitant des calamars. Les vibrations diffusées par ces leurres durs à bavette peuvent attirer les poissons de loin. Toutes les lignes sont mises à l’eau et sont en pêche. Les freins sont réglés, il n’y a plus qu’à adapter la vitesse du bateau et à sillonner la grande zone que Chafik a décidé de pêcher. L’attente commence pour l’équipage, qui prend son petit-déjeuner à bord en surveillant constamment les cannes du coin de l’œil. Au large, tous les signes sont bons à prendre et l’observation est importante lorsque l’on pêche à la traîne. Il faut scruter l’horizon à la recherche d’un indice trahissant la présence d’un banc de thons : des oiseaux qui chassent en surface ou un rorqual commun faisant surface. La deuxième plus grande baleine des océans avec ses vingt mètres de long se nourrit d’anchois et d’autres petits poissons. Sa présence peut indiquer un banc de proies et des thons rouges à proximité.

Branle-bas de combat ! Un thon a attrapé le leurre, il faut remonter toutes les autres lignes avant de débuter le combat avec ce poisson de sport. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

Premier départ

Le moulinet chante soudain, le fil se déroule à toute allure ! Chafik aux commandes stoppe le bateau, tous les membres d’équipage relèvent les lignes et l’un d’entre eux s’équipe du baudrier pour entamer le combat avec le thon. Il n’est pas très gros, mais offre tout de même une belle défense  c’est l’un des poissons les plus puissants de la planète !

La prise arrive au bateau, il n’est pas gros, mais sera hissé à bord pour le marquer. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

Une fois le combat terminé, le poisson d’une vingtaine de kilos est hissé à l’arrière du bateau pour une étrange manipulation. Chafik pose un linge mouillé sur son œil. Un tuyau alimenté en eau de mer est glissé dans la gueule du beau carnassier et Victor fixe une tige de plastique souple, un tag, dans le gras de son dos. Il porte un numéro d’identification unique qui permettra de le reconnaître s’il est capturé à nouveau dans quelques années. L’opération est très rapide, moins d’une minute, et le thon est relâché en pleine forme.

Mesuré et pesé le poisson sera ensuite identifié avec un tag donnant aux scientifiques de précieuses informations s’il est repris dans les années futures.
Crédit photo : Lilian Haristoy

La pêche à la traîne est une technique passionnante, qui donne l’occasion d’aller prospecter les zones au grand large et de découvrir la vie sauvage. Il est possible d’observer des animaux marins extraordinaires, comme le rorqual commun, les dauphins ou les tortues. La Méditerranée possède une très belle population de thons rouges pour le plus grand bonheur des pêcheurs. Comme pour toutes les techniques, il faut rester raisonnable dans les prélèvements et être actif pour préserver la bonne santé de ces écosystèmes marins.

Parfaire les connaissances scientifiques

La Fédération monégasque de pêches sportives (FMPS), en partenariat avec l’Institut océanographique de Monaco, travaille depuis de nombreuses années sur la pose de tags conventionnels et de balises GPS sur les thons rouges, afin de comprendre leurs déplacements et de mieux connaître leur population. De façon totalement indépendante et travaillant avec les scientifiques italiens sur la Méditerranée et dans le sanctuaire pelagos, la FMPS accompli un très gros travail pour préserver l’espèce. La fédération organise depuis 2018 un grand concours sur un week-end, en juin, permettant de capturer, d’étudier et de taguer des poissons, dont les thons rouges. Depuis cette date, 211 thons ont été capturés et 72 taggés. Plus d’informations : www.fmps.mc/page/2262775-accueil.

 

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Magazine n°939 - Août 2023

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