Le croisement des saisons est toujours une transition plus ou moins délicate pour la pêche, et sur de nombreuses espèces. Ce changement de climat engendre parfois des difficultés sur certains mois de l’année, en revanche, il peut être bénéfique comme à cette période, où l’on chevauche de la fin de l’automne vers un début de saison hivernale. Les eaux se refroidissent progressivement à cause des températures qui chutent, ce qui modifie peu à peu le comportement des poissons. Cette phase transitoire est propice pour la pêche et notamment sur les lieus jaunes. Ils se rassemblent en banc et colonisent de nombreux secteurs non loin des côtes. Ces prédateurs évoluent principalement entre deux eaux pour chasser les boules de fourrage qui évoluent au gré des courants. Quand les lieus jaunes sont actifs, il est judicieux de prospecter toutes les hauteurs d’eaux. Sur les bonnes heures de marée, ces gadidés chassent en banc et évoluent parfois dans les couches inférieures, précisément entre deux eaux et le fond, et à d’autres moments, ils se trouvent dans les couches supérieures, entre la mi-hauteur d’eau et la surface.
Zones de pêche
Les lieus jaunes occupent les bases côtières sur de nombreux secteurs en cette saison. Idéalement, et pour être certain de localiser d’importantes concentrations de lieus jaunes, vous devez prospecter de longs et larges plateaux, mais également les chaussées d’îles côtières, pour ceux qui ont la chance d’y résider non loin, où l’on retrouve une profondeur suffisante et régulière. Ces prédateurs occupent des bases moyennes où la hauteur d’eau varie de 30 à 45 m, ce qui maintient leur activité croissante en cette saison, puisqu’ils y trouvent encore le poisson fourrage, même si celui se raréfie au fur et à mesure que l’hiver va avancer. L’alimentation est généralement composée de sprats, de lisettes et de lançons, qui surplombent ces zones propices parsemées de roches et de végétations marines, sur des fonds plutôt uniformes au substrat sablo-vaseux. En pratiquant une pêche fine, les captures sont fructueuses avec des sujets de belles tailles que l’on pique bien souvent à la remontée et entre deux eaux. Lors de vos dérives, insistez bien sur les variations de profondeurs générées par des accords de roches, et également les têtes de roches immergées qui peuvent remonter d’une vingtaine de mètres. Le fourrage se place bien souvent au-dessus de ces points précis et se positionne dans la colonne d’eau sur plusieurs mètres de hauteur. Au sondeur, on aperçoit nettement les boules de fourrage et les prédateurs qui chassent abondamment dans les différentes couches d’eaux.
En observant de plus près l’écran, les lieus jaunes se caractérisent par de longs traits qui fusent un peu partout entre deux eaux. Vous n’avez qu’à descendre votre leurre et le remonter de façon linéaire. La touche est instantanée dès que votre ligne traverse les bancs de lieus jaunes. Bien souvent, les gros sujets sont au rendez-vous, ils vous donnent du fil à retordre avant que vous puissiez enfin les remonter au bateau sur un matériel fin et léger. Il faut profiter de cette période où les gros lieus sont actifs et les pêcher de cette manière, ensuite ils regagnent le fond et demandent alors l’emploi d’un matériel plus conséquent, avec des leurres beaucoup plus lourds, afin de les débusquer sur des fonds importants.
Conditions et marées
Il est nécessaire de réunir toutes les conditions favorables pour la pratique du lieu jaune en pêche fine. Dans un premier temps, visualisez le sens et la force des vents quelques jours avant votre sortie. Le vent doit être faible, avec des rafales de 10 à 12 nœuds maximum, afin d’avoir une mer quasi sans clapot sur la zone de pêche. Prévoyez vos sorties sur des marées de coefficients de 50 à 60. Le courant reste faible, et votre dérive reste lente ne dépassant pas le 1,5 nœud, ce qui vous permet de pêcher confortablement en verticale, tout en conservant l’usage de leurres peu plombés, favorisant l’utilisation d’un matériel léger. Il est judicieux de réunir tous ces paramètres sur zone, afin d’établir parfaitement vos phases de prospections, sans que la ligne ne dérive trop, ou bien que le leurre n’arrive pas à descendre à cause du courant et de la profondeur importante. Pour établir un bon nombre de touches entre deux eaux, il est judicieux de débuter la remontée du leurre en partant le plus près possible du fond, de façon à traverser correctement la couche de fourrage et les bancs de prédateurs lors de la récupération de votre ligne. Soyez attentif à ce moment-là, la touche est franche et le rush est puissant. Veillez à ce que votre frein soit bien réglé, afin d’éviter la casse.
Canne fine et leurres légers
La pêche en finesse est pour ma part la technique la plus appropriée pour prendre de beaux lieus jaunes au leurre entre deux eaux. Cette technique prend toute son importance dans l’usage de montages fins, équipés de leurres de petites tailles, correspondant parfaitement à l’alimentation du poisson recherché. J’utilise des leurres souples effilés et fins ou de types worm pour imiter des lançons, et des petits shads à flagelle souple reproduisant des sprats et lisettes. Grâce à leur souplesse, vous pouvez récupérer ces leurres en linéaire en effectuant de très faibles amplitudes avec la canne. En y ajoutant un rattle, vous amplifiez la prédation des poissons. Les castings jigs sont aussi performants dans ce mode de pêche, ils sont légers, scintillent davantage et sont extrêmement efficaces sur les lieus jaunes. L’animation diffère un peu de l’approche au leurre souple, pour le rendre plus attrayant, vous l’animez par des tirées assez amples tout en récupérant votre ligne.
Les touches se font au relâchement du casting jig, qui papillonne en descendant lentement. Côté grammage, utilisez des têtes plombées de 20 à 40 g et des castings jig de 25 à 30 g. Le but étant de conserver cette pêche dite « fine » pour leurrer nos chers gadidés. Pour conclure, l’usage de canne de 2,10 m à 2,25 m de 10 à 30 g est idéal pour cette pratique. Ces cannes sont fines en pointe et résonnantes, vous permettant de mieux sentir les vibrations des leurres en animation. Même si vous dépassez le grammage préconisé, la canne ne sature pas puisque l’approche se fait en verticale. Côté moulinet, il faut rester sur des gabarits 3000/3500 pour coordonner l’ensemble canne et moulinet. Ajoutez une tresse de 12/100 suivi d’un bas de ligne de 30/100 à 35/100, afin de bénéficier d’une présentation de ligne à la fois discrète et résistante. D’ailleurs, cela déjoue la méfiance des quelques gros lieus jaunes moins mordeurs.