Comme tous les ans à cette saison, les sparidés reviennent en nombre le long des côtes. Ils contournent divers obstacles, afin de retrouver l’alimentation riche et constante dont ils ont besoin pour raviver leur métabolisme et regagner en vivacité. D’ailleurs, il est tout à fait possible de rencontrer sur les mêmes zones de pêche, des grisets, des daurades royales ou bien des pagres. Ce phénomène se produit durant cette période, où ces poissons guidés par cette hausse de température, se retrouvent sur les mêmes secteurs à cause du manque de nourriture. Dans votre approche, il faut simplement adapter votre technique à l’espèce recherchée. Le pagre, la daurade grise ou la royale ne s’aborderont pas de la même façon, la confection de vos montages et les appâts à utiliser doivent être en phase avec leur comportement alimentaire, afin de les tromper.
De bonnes conditions
Comme dans toutes les techniques de pêche, quelques règles sont à respecter pour réunir les bons paramètres, afin de sortir en mer dans de bonnes conditions, et ainsi de pêcher nos petits spécimens sans difficulté. Pour débuter cette analyse, prenez connaissance de l’environnement, de l’état de la mer et des vents favorables pour établir votre sortie pêche. Les coefficients de 65 à 75 maxi sont bénéfiques pour notre mode de pêche à soutenir, les marées produisent des eaux relativement vives, induisant des courants peu soutenus. L’intérêt majeur dans ces conditions est de pouvoir ancrer votre bateau, afin de pêcher à poste sans dériver, tout en restant positionné dans la veine d’eau dans laquelle passent les daurades. Il faut savoir que les forts coefficients ne sont pas favorables au bon maintien des montages sur le fond, étant donné qu’aux heures de courant les plus intenses, ils dérivent en glissant sur le fond. De plus, vous perdez toute l’efficacité d’une pêche fine, précise et discrète, puisqu’en plombant lourdement vos montages, vous ne visualiserez pas les touches furtives.
Secteurs de pêche
Les sparidés sont des poissons qui se déplacent systématiquement en banc, et qui s’adaptent à une multitude de milieux, tant que les postes qu’ils colonisent apportent une nourriture abondante. D’ailleurs, d’une année à l’autre, on retrouve les daurades et pagres sur les mêmes zones, il est donc intéressant pour ceux qui les pêchent, de se repositionner sur les mêmes bases en utilisant vos positions GPS de l’année précédente. L’important est de bien connaître l’heure de marée à laquelle ils s’alimentent. Les sparidés disposent d’une aisance d’acclimatation qui élargit grandement notre champ de prospection. Selon les secteurs où vous pêchez, ces poissons apprécient aussi bien les zones portuaires que les parcs ostréicoles, et résident également autour des vastes cuvettes sablo-rocheuses, dans de faibles profondeurs. Les secteurs plus profonds sont aussi productifs, tant que l’on retrouve des obstacles, et plus particulièrement les zones de roches immergées qui amènent de la nourriture et du courant au fond. Dans cette configuration, les longs plateaux côtiers sont des secteurs à privilégier, ces secteurs parsemés de roches, de sables, de plantes marines en tout genre, disposent de tous les éléments nutritifs, abondent de petites espèces, et sont une manne nourricière pour les sparidés. Le courant étant permanent grâce aux différences de profondeur, l’eau est plus trouble au fond et chargée en sédiments, rendant ainsi les poissons moins méfiants.
Le choix des appâts
Compte tenu de l’alimentation variée des sparidés, vous pouvez élargir le choix des appâts à escher sur l’hameçon, en fonction de l’espèce que vous ciblez. Cet avantage permet de changer vos esches selon les résultats, et selon les touches que vous obtenez lors de votre sortie. Certains appâts fonctionnent mieux que d’autres en fonction des jours, en modifiant simplement la présentation de l’esche, ou encore la taille. Il n’y a pas vraiment de règle dans la compréhension du comportement des poissons sur leur régime alimentaire. C’est pour cela qu’il est judicieux de présenter un assortiment de différents appâts, afin de trouver celui qui rendra les poissons mordeurs. Pour optimiser vos chances de capture, il est nécessaire de vous procurer des appâts exclusivement frais, afin qu’ils tiennent fermement à l’hameçon sans se désagréger, et qu’ils augmentent aussi l’appétence de nos sparidés. Concernant le choix des appâts pour la recherche des daurades grises, elles réagissent parfaitement bien aux lamelles de seiches et d’encornets, aux coques, moules, crevettes, bouts de sardines et de maquereaux. Bien d’autres appâts fonctionnent aussi, néanmoins, ceux que je vous ai cités sont des valeurs sûres. Pour les daurades royales, le menu diffère un peu, et il faudra être méticuleux sur la présentation de l’appât sur l’hameçon. Elles apprécient les coquillages bivalves tels que les couteaux et palourdes, les petits crabes verts apportent également de très bons résultats, ainsi que les crevettes fraîchement pêchées. Les vers néréides roses et bibis sont des appâts de qualité, les royales en sont très friandes. Pour les pagres, même s’ils se prennent bien au leurre, la crevette cuite de belle taille et les petits encornets sont excellents pour capturer des spécimens.
Matériel et montages
La technique à soutenir est évidemment la meilleure approche de pêche pour la daurade. Ce mode de pêche ludique demande l’utilisation de cannes courtes, afin de réduire l’encombrement sur le bateau. Les cannes à « buscles » sont excellentes pour ce mode de pêche, elles sont légères, résonantes, et apportent une détection de touche très précise, grâce au scion fin et très sensible en pointe. Le montage approprié pour la daurade grise est un bas de ligne d’1,50 m en 40/100, munie de 2 empiles de 15 à 20 cm en 30/100. Espacez les 2 empiles de 50 cm, afin qu’elles ne s’emmêlent pas lors de la descente de la ligne. Pour la daurade royale, le traînard en guise de bas de ligne sera le plus adapté, compte tenu de sa méfiance. Ce montage présente l’appât sur le fond d’une façon plus naturelle, il est beaucoup plus mobile grâce à sa longueur et rend l’appât plus attrayant. L’emploi d’un fluorocarbone est un plus dans cette approche, une longueur en 35 à 40/100, d’1,50 m à 1,80 m est adaptée pour la pêche de la daurade royale. Pensez aussi à la taille de l’hameçon pour favoriser la discrétion du montage, un modèle fort de fer n°4 à hampe courte est idéal. Concernant le poids des montages, adaptez vos plombs selon le courant et la profondeur, afin d’être pertinent une fois en pêche sur la zone. Pour la recherche des pagres, vous n’ancrerez pas le bateau, le but étant de laisser traîner l’appât sur le fond, en s’aidant de la dérive du bateau dans la veine d’eau. L’usage de crevette cuite montée sur un tenya est préconisé pour cette approche. Vous pouvez vous équiper d’une canne spécifique pour ce mode de pêche subtile.
La strouille
Amorcer à la strouille est une bonne méthode pour attirer les sparidés près du bateau, à l’aide de sardines broyées. Pour ce faire, et une fois le mouillage effectué sur le poste, vous descendez la strouille à l’aide d’un filet à petite maille, le tout lesté par un poids, afin qu’il se tienne parfaitement sous le bateau. Raccordée par un boot et fixée au davier, la strouille au cœur du filet est suspendue un mètre au-dessus du fond, afin qu’elle diffuse les effluves. C’est à ce moment-là que les petits morceaux de sardines suivent le courant, et attirent les premières daurades, qui, à leur tour, remontent la filière jusqu’au bateau. Pour que la pêche dure une bonne demi-journée, prévoyez une quinzaine de kilos de strouille. Aussi, lorsque les touches se raréfient, remplissez de nouveau votre filet de strouillle, afin que le mécanisme d’amorçage occasionne une nouvelle frénésie chez les daurades. Lorsque vous arrivez sur le poste, ancrez votre bateau le nez face au courant. Cette stratégie vous permet de pêcher à l’arrière du pont, en ayant le plus de place possible. Effectuez le mouillage sur une zone dégagée pour éviter les accrocs, mais tout en restant près de la zone de passage des sparidés. Pour ne pas perdre votre ancre, utilisez un grappin avec des tiges assez souples qui se plient et se décrochent en tirant fortement dessus. Cela évite de tout laisser au fond de l’eau, lorsqu’elle se bloque dans un obstacle.