La diversité des espèces semble être le maître mot, en effet, plus d’une centaine d’espèces fréquentent notre belle rade, personnellement, j’en ai coché une soixantaine depuis que je pêche en rade, ça fait maintenant longtemps ! La rade de Brest est une petite mer presque fermée, elle se vide et se remplit par son ouverture vers le large et la mer d’Iroise, le goulet de Brest large d’1,8 km environ. Six rivières ou fleuves côtiers se déversent dans la rade dont les plus importants sont, l’Elorn, fleuve côtier à forte population de salmonidés et l’Aulne, véritable pépinière pour nombre d’espèces. Les eaux de la rade sont plus chaudes, et la richesse alimentaire qui en découle attire toutes sortes de prédateurs et offre un formidable terrain nourricier pour plusieurs espèces.
Bar au petit jour
Le poisson emblématique, recherché par beaucoup car il est très photogénique, c’est bien sur le bar franc, on le trouve un peu partout en rade. L’été la meilleure façon de les trouver c’est bien sûr au petit matin, juste au lever du jour, il m’arrive souvent d’en piquer à la mise à l’eau, lorsque je me rends sur mes spots, sur la première heure de jour, quand la rade est encore calme et silencieuse. Les coins fétiches sont les abords des enrochements des ports, les abords des parcs, bien sûr, la baie de l’Auberlac’h, bien que les jolis poissons y soient plus rares, et mon coin préféré d’été, le cimetière de bateaux. J’aime m’y rendre là-bas lorsque les coefficients sont inférieurs à 70/80. La technique qui marche le mieux, à mes yeux, et à cette époque de l’année, ce sont les poissons nageurs. En effet, l’eau est la plupart de temps trouble, à cause du fond composé d’alluvions et au fort courant qui s’y forme dès la bascule de marée dans un sens ou dans l’autre. Il faut rechercher ces poissons à ras des berges, juste à l’aplomb de la zone de goémon, ils viennent y chercher crevettes et crabes qui s’y cachent.
L’émissole tachetée
Le second poisson à rechercher l’été, c’est l’émissole tachetée. C’est aussi sur le cimetière qu’il faudra venir les chercher, au crabe vert, sur un montage coulissant sur le fond. Comme je l’ai déjà expliqué, je pratique cette technique uniquement en dérive lente, pas d’ancrage avec le kayak, je ne trouve pas cela sécuritaire, je préfère m’adapter aux conditions de marées. J’aime bien les deux heures autour de l’étale de basse, c’est bien souvent le bon moment. Utilisez de gros crabes verts et des hameçons circle hook en 5/0, cela sélectionne les jolis individus. Les émissoles fréquentent ce coin de mai à septembre, vous n’êtes pas à l’abri d’y rencontrer également de jolies raies bouclées. J’aime bien y amener quelques copains de passage, surtout lorsqu’ils ne connaissent pas ce poisson, leur regard effrayé lorsque le poisson arrive en surface et qu’il replonge d’un seul coup, éclaboussant au passage le malheureux sur son frêle esquif, me laisse toujours de bons souvenirs. C’est encore plus vrai quand je leur dis que pour les sortir de l’eau, il faut les attraper par la queue et les hisser dans le flotteur… Si vous ne devez essayer qu’un poisson pour les pêches d’été, tentez l’émissole, vous vous en souviendrez toute votre vie.
Poisson du roi
Un autre poisson qui vous laissera un bon souvenir se trouve aussi sur ce spot, mais également ailleurs en rade, autour des parcs pour l’essentiel, c’est la daurade royale. Depuis quelques années elles sont bien présentes et font des ravages dans les parcs, c’est un poisson vorace et violent en défense mais tatillon la plupart de temps. C’est aussi une pêche d’attente qui découragera bon nombre de pêcheurs qui s’y essayent. Là aussi on la pêche au crabe vert en cette saison et sur ce spot. Un montage wishbone donne de bons résultats, sinon le même montage que pour l’émissole mais avec des hameçons plus petits… Il m’est arrivé d’en faire au leurre souple sous le pont de Plougastel, sans doute un banc qui se rendait sur les parcs, j’en ai piqué 6 coup sur coup, seules 2 arriveront à l’épuisette, mon 23/00 m’a semblé un peu juste ce jour-là, mais quel merveilleux souvenir.
Les autres sparidés
Sar, dorade grise et pagre : ces 3 poissons fréquentent à peu près les mêmes spots en rade. Ils se trouvent dans le goulet, c’est-à-dire qu’ils sont dans l’entonnoir de vidange et de remplissage de la rade. Pour nous, pêcheurs en kayaks, ces coins ne sont fréquentables, en sécurité, que sur des coefficients inférieurs à 60 maximum, sinon vous passerez plus de temps à remonter les dérives qu’à réellement pêcher. Les techniques employées et qui fonctionnent le mieux et surtout qui sélectionnent les plus jolis poissons, sont le tenya avec une gamba et les kabura avec des chipirons ou de la barbe de coquilles Saint-Jacques. Les fonds vont de 15 à 40 m, la zone des 20/30 mètres étant la plus propice pour les trouver. Ces poissons sont très présents l’été, alors restez raisonnables dans vos prélèvements, surtout qu’ils repartent très bien pour peu que l’on respecte le temps de dégazage avant la sortie de l’eau. Gardez votre prise sous le kayak, 2 m sous la surface, jusqu’à voir des chapelets de bulles remonter, vous pouvez alors la mettre à l'épuisette, et après la photo, il aura toutes ses chances de bien repartir.
Les bleus pour enfants
Si vous avez des enfants avec vous alors, sortez les petits jigs, et tentez les poissons bleus : chinchards, maquereaux, orphies, sont bien présents. La préférence va, bien sûr, au maquereau espagnol qui a une défense violente et puissante, sur ligne légère c’est amusant. On les trouve un peu partout, avec une préférence pour la proximité des ports, les maquereaux sont également bien présents au niveau du cimetière. Vers la fin de l’été, suivant les années, les bonites à dos rayées rentrent en rade et là on monte en gamme côté défense, de gros poissons nageurs avec bavette plongeante et une plume juste devant ne les laisseront pas indifférentes. Nous avons aussi croisé de belles chasses de bonites vers le cimetière de bateaux, décidément ce coin est vraiment magique, dans de telles chasses, les petits jigs font souvent la différence. Vous pourrez aussi trouver les poissons que l’on trouve tout le reste de l’année, vieilles, lieus, rougets, grondins… et bien sûr les céphalopodes en tous genres, seiches, calamars et pieuvres. Sans oublier quelques « exotiques » comme le baliste qui lui aussi vous en fera voir de toutes les couleurs, attention aux doigts pour le décrocher, utilisez une pince… La rade de Brest vaut vraiment d’y consacrer quelques journées d’été pour se faire plaisir. En kayak vous pourrez accéder partout, les mises à l’eau sont nombreuses, les cales sont gratuites avec bien souvent des parkings pour les remorques. Profitez également des pauses déjeuner sur les berges, il y a plein d’endroits plus magiques les uns que les autres, bref, vive l’été en Rade de Brest !