En ce début de saison, et en espérant que la ressource ait pu effectuer correctement son travail de reproduction sur des frayères de plus en plus visitées par les filets, il est possible de le rechercher en mettant toutes sortes de techniques en pratique. Suivant les spots sur lesquels il va être recherché, il faudra adapter la technique à l’environnement dans lequel nous sommes susceptibles de le trouver.
Recherche au petit large
Au petit large, sur des fonds de 15 à 30 m, le poisson va se positionner sur les zones près du fond. Personnellement, je le recherche dans la moitié basse de la profondeur inscrite sur le sondeur. Je privilégie les versants de chenaux, les têtes de roche au niveau de leur base, dans les premiers mètres, en remontant du fond. J’aime bien les marées aux coefficients compris entre 50 et 70, et la tête de roche sera explorée en fonction du sens de la marée. Les poissons viennent de passer plusieurs mois au large, ils ont dû effectuer un long trajet de retour pour certains. Les frayères connues se trouvent, pour la plupart, au large des côtes anglaises, pour le stock qui nous intéresse, sur la pointe Bretagne. Ils ont faim et ne chipotent pas dès qu’un leurre passe à leur portée, mais ils n’ont pas encore refait leur plein de force. Ils vont bien souvent se poster à l’abri des courants, derrière cette tête de roche et donner juste le coup de queue nécessaire pour s’emparer de la proie sans trop dépenser d’énergie. Sur ces types de spots, j’utilise des leurres souples en 2 tailles, du 8 cm au corps trapu et du 12 cm au corps allongé de type lançon. Un bas de ligne en 28/00 est suffisant et peut vous permettre de remonter un joli lieu, car ils sont aussi bien présents sur ces mêmes spots et, eux aussi, ont faim, voire un cabillaud qui, lui, reste collé au fond.
Une animation efficace
L’animation que je préfère mixe une nage erratique et la méthode de l’ascenseur propre au pêcheur de lieus. Après avoir touché le fond, je donne deux coups de manivelle pour éviter l’accroche au fond, tout en « twitchant » sur quelques mètres en profitant de la dérive du kayak, puis je recommence et ainsi de suite, jusqu’à arriver sur la moitié de la profondeur inscrite au sondeur et je recommence. De temps en temps, je laisse redescendre le leurre de quelques mètres et je recommence. Cette façon de faire donne au leurre une nage erratique, ressemblant à un poisson blessé. Ce sont les proies recherchées en priorité par des poissons qui ne veulent pas se fatiguer pour se nourrir. Cette nage peut également être obtenue par l’emploi de têtes plombées spécifiques avec une sorte de bavette devant qui va faire partir le leurre à droite ou à gauche lors des tirées sur le scion de canne.
En ce début de saison, et si l’eau est trouble, j’utilise aussi des « chatterbaits », sur lesquels je monte un corps de leurre souple, j’ai eu l’occasion de parler de cette méthode, qui vient de l’eau douce, dans un précédent article. La palette envoyant un signal visible par eaux troubles. Recherche sur parcs Après être rentrés dans les abers, la zone de nourrissage suivante se situe au niveau des parcs. Pas la peine de les rechercher spécifiquement en surface, même s’il est possible d’en faire monter un sur un leurre de surface de petite taille type mini-spook. Là aussi, ils se tiennent plus au fond, sous les tables. Pour les décider, j’utilise sur ces spots des poissons nageurs de 5 à 7 cm, à bavette, qui vont évoluer dans la zone des 2 à 3 mètres sous la surface. Je ne pêche pas sur les tables, c’est le meilleur moyen de laisser ses leurres dans les poches d’huîtres si un joli poisson s’en saisit. Je fais évoluer mon poisson nageur en bordure des dernières rangées de tables. En fait, bien souvent, je prospecte tout autour des dernières rangées de tables, en insistant sur celles qui sont situées le plus au large. Sur la marée montante, il est bien rare que cela n’intéresse pas un poisson qui vient du large et qui rentre dans le parc. Mes poissons nageurs sont de type sonore car l’eau sur les tables des abers, à cette période de l’année est rarement claire et un leurre avec la bonne sonorité fait souvent la différence. Les couleurs mulet ou sardine sont mes préférées pour ce type de spot, avec un revêtement holographique envoyant, en plus du signal sonore, un teaser visuel fort. J’ai de très bons résultats avec la gamme des 3DR Minnow de Yozuri en 70 mm. Pour le moment, mon record de bar a été fait avec celui-ci, avec un poisson de 82 cm pris dans 3 mètres d’eau en bord d’enrochement de port, suivis par trois poissons de 75+ et une ouverture d’agrafe sur un poisson plus gros. Des matinées comme on aimerait en avoir plus souvent !
Pêches à gratter et itinérante
Sur les spots de pleine eau, comme dans les rades, où les fonds varient de 10 à 25 m, là aussi, les poissons sont bien souvent dans les couches inférieures. Pour les décider, j’utilise, dans la plupart des cas, de petits leurres souples à caudale assez large, pour envoyer un fort signal vibratoire. Je choisis les YUM montés sur de petites têtes type balle, les easy shinner ou des shakers de Lunker City, des modèles de leurres qui n’ont plus rien à prouver. En combo prêts à pêcher, les Astushad 85, voire des Black Minnow en 70 mm sur les spots où il n’y a pas de mérous bretons (nos fameuses vieilles) sont très efficaces… C’est bien souvent une animation qui part du fond et le leurre évolue dans la couche basse, reprenant souvent contact avec le substrat. En fonction de la forme de tête utilisée, cela déterminera la nage et la récupération, linéaire ou saccadée. D’un spot à l’autre, lorsque je me déplace entre deux différents spots, et là, le kayak propulsé a toute son importance, j’aime pratiquer la pêche à la traîne, avec la canne tenue en main. Pour le coup, je renforce un peu mon bas de ligne, un 30/00 est la norme. Le frein doit être correctement réglé pour que la ligne dispose d’assez de tension pour ferrer le poisson à la touche et permettre le déroulement de celle-ci sur un joli bar, sans risquer la casse à chaque départ.
Pensez aux leurres suspending
Les leurres employés sont, ce coup-ci, un peu plus longs, de 90 à 110 mm, hameçons simples ou triples, à vous de voir. J’utilise des leurres plongeants entre 2 et 4 mètres. La pêche de cette manière se pratique sur des fonds de 6 à 8 mètres en moyenne. Là, les poissons montent facilement s’ils ne sont pas obligés d’aller jusqu’à la surface. La saison dernière, j’ai eu d’excellents résultats, du début de saison jusqu’à la fin, avec un 3 dB Jerkbait Yozuri en couleur ventre blanc et dos violet, un leurre suspending qui reste dans sa hauteur d’eau dès que l’on s’arrête, bien souvent, la touche survient lors de l’arrêt. Les zones à prospecter sont les bords de remblai, les entrées et sorties de ports, les zones de mouillage, très propices à ce type de technique, les plateaux où les fonds remontent et, bien sûr, les bords de chenaux d’accès.
Les bordures aussi
Cette approche de début de saison ne serait pas complète si on ne parlait pas de cette zone peu profonde, voire pas profonde du tout que sont les bordures. Ces zones sont à prospecter, surtout à marée basse. Les poissons viennent y débusquer crevettes, crabes et petits poissons cachés dans le goémon de bordure. Là, c’est le domaine des petits leurres souples, petits shad, eel ou créatures de 5 à 7 cm, monté en texan sur des hameçons plombés ou sur de petites têtes de 3 à 10 g. C’est bien souvent également une pêche à vue. Là encore, le kayak est un avantage avec son déplacement silencieux. Dans ce contexte, les kayaks à propulsion pales sont recommandés. Il ne faut pas hésiter à pratiquer le plus de techniques possible au cours d’une même session de début de saison. Le poisson est à la recherche de nourriture, et il peut être présent un peu partout. Utiliser le maximum de ces techniques est le meilleur moyen de réussite et cela rend la pêche en kayak encore plus séduisante !