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Battle bar en kayak dans les Côtes-d'Armor

Le temps d’une marée, trois amis et leurs montures se livrent un combat amical canne en main. Qui du kayak à pales ou à pagaie prendra l’avantage ? Qui du leurre ou de la mouche l’emportera ? Suspense…

C’ est au pied des côtes escarpées des Côtes-d’Armor que David, Ludo et Éric se sont donné rendez-vous par une belle matinée. Les bars sont à la côte à en juger par les résultats de leurs dernières sorties. De là à se tirer la bourre histoire de passer un bon moment entre amis… Le goût du challenge, ces gars-là en ont à revendre même s’ils ne perdent pas de vue l’amitié qui les lie depuis des années. Sur le papier, Éric a un petit avantage puisqu’il est guide de pêche dans le Trégor, mais cette fois la partie se joue sur le terrain de jeu de Ludo qui n’a rien d’un manchot ! David endossera donc le rôle d’outsider puisqu’il découvre ce secteur de pêche situé au large de Plestin. On n’en saura pas plus sur la géolocalisation du spot car ces Bretons sont des taiseux.

Éric Hamon, guide professionnel a choisi de pêcher à la mouche
Crédit photo : David Gauduchon

Le choix des armes

La préparation des kayaks n’est qu’une formalité et leur mise à l’eau se fait en deux temps trois mouvements. Il a été décidé que chacun n’emporterait qu’une seule canne à bord. Le choix des armes ! C’est à la mouche qu’Éric a décidé de livrer bataille, ces deux potes l’affronteront aux leurres. Côté monture, David joue de la pagaie, à bord de son Abaco 3.60 signé par RTM tandis que ses deux compagnons sont déjà en train de pédaler confortablement assis dans leur Kayak Hobie : Compact casaque jaune pour Éric, Mirage Outback camo pour Ludo. À vitesse de croisière, se faufilant entre les bateaux aux mouillages, le peloton reste groupé. Les échanges vont bon train et Éric n’en démord pas « Tu t’embêtes à pagayer. En action de pêche difficile pour toi d’être à la fois au contrôle de ta dérive et en action de pêche. À la mouche “t’oublies”, point de salut sans une propulsion à pales. » David ne bronche pas face aux allégations du guide breton qui, bavard comme pas deux, semble jouer la carte de l’intimidation. Il est vrai qu’une bataille peut aussi se gagner au mental ! Mais notre « marin d’eau douce » venu de loin – de sa verte Mayenne – a bien l’intention de faire parler la poudre en s’appuyant sur sa longue expérience de la pêche du bar.

Une « battle » amicale entre copains
Crédit photo : David Gauduchon

Premiers lancers

Après une dizaine de minutes, nos trois compères sont sortis de la petite baie abritée et contournent une balise pour se lancer à l’assaut d’une première pointe rocheuse qui se prolonge par un plateau sous 3,50 m d’eau comme l’atteste le sondeur embarqué sur l’unité de Ludo qui partage les informations ce qui est de bonne guerre. Les trois kayaks poussés par le courant s’écartent. Le vent est modéré et le flot engagé par un coefficient de 75. Les cannes sont dégainées et chacun de nos pilotes, lunettes polarisantes sur le nez, entrent dans une forme de mutisme gage de concentration. C’est au shad, dos vert foncé corps translucide pailleté de 4 pouces, monté sur une TP de 15 grammes, que David engage les hostilités, en peignant le cassant où quelques vagues déferlent. Son animation est des plus simples et s’inscrit dans un mode linéaire qui s’attache à varier la vitesse de récupération. Ludo se trouve plus au large et décide de prospecter pleine eau dans 5 mètres en se maintenant dans l’axe d’un courant qui se forme, quasi statique par effet de rétropédalage. Avec son Element rider MH Ligthning, il envoie son black minnow de 12 mm – monté sur un combo de 10 grammes – au diable vauvert afin de le laisser descendre en planant. L’animation est ensuite minimaliste, quelques coups de scion imprimés plus ou moins sèchement. « J’aime pêcher à la limite du décrochage de l’action mon leurre afin de lui conférer une nage la plus naturelle possible, ponctuée de relâchers portés par le courant du fond. J’ai fait ainsi une belle pêche, il y a deux jours, en passant juste au-dessus des laminaires qui recouvrent cette partie du plateau », explique Ludo qui ne s’embarrasse pas dans le choix du leurre. Il pêche quasiment toute la saison avec le même modèle, en variant simplement la taille et le coloris comme l’atteste sa boîte.

Eric Hamon avec un bar pris à la mouche
Crédit photo : David Gauduchon

Découvrez le kayak en mer

Si vous souhaitez découvrir le Kayak à propulsion en action de pêche (mouche et leurres), n’hésitez pas à contacter : Éric Hamon, guide de pêche mer et eau douce. Tél. : 0631116161 - http://erichamon.blogspot.com

Un magnifique dos noir de 3 livres

Et notre guide breton dans tout ça ? Personne ne l’a perdu de vue même s’il a navigué plus à tribord de la pointe rocheuse pour pêcher au pied de la falaise monumentale, dans moins de 2 mètres de profondeur, là où les fucus vésiculeux qui recouvrent les rochers immergés, suivent les mouvements du ressac. Sa mise en route semble avoir été un peu plus laborieuse mais c’est finalement en soie intermédiaire transparente, du fait de la clarté de l’eau, qu’il présente un clouser minnow blanc et chartreuse, monté sur 2/0. Sa canne de 9’ pour soie de 9, d’action rapide, lui permet en 3 faux lancers et deux double-tractions de sortie sa soie quasiment au backing. Un sacré lanceur qui ronchonne dans sa barbe poivre sel, mal rasé, dès qu’un débris d’algue ou une boucle mal résorbée vient contrarier ses plans.

Le premier bar est pour David !
Crédit photo : David Gauduchon

Après 10 minutes d’action de pêche, c’est la canne de David qui ploie sous les coups de tête d’un premier bar. Conscient que sa tresse en 12/100 est un peu light malgré son fluorocarbone en 30 pour sortir en force son adversaire, il se laisse dériver d’une dizaine de mètres afin d’assurer un combat à l’écart des têtes de roche. La douceur du frein de son Stella 2500 et le nerf du blank font le job à merveille et bientôt c’est un magnifique dos noir de 3 livres qui vient crever la surface, dorsale dressée. Encore un rush ou deux mais le combat est gagné sous les yeux attentifs de ses deux autres adversaires qui rentrent la tête dans les épaules. 1/0 pour le pagayeur ! Éric semble avoir perdu de sa verve tandis que Ludo ne lâche rien, il relance, concentré.

Premier bar pour Éric à la mouche. Dommage que le plus gros se soit décroché
Crédit photo : David Gauduchon

Un beau poisson décroché pour Éric…

Cinq minutes après c’est au tour de Ludo d’envoyer un ferrage sur un poisson plus modeste qui n’en défend pas moins clairement ses écailles. La pression monte tandis que quelques sternes se rassemblent non loin d’Éric qui, des yeux dans le dos, enclenche sa marche arrière pour se décaler d’une trentaine de mètres. Ludo est dans le rythme et enchaîne coup sur coup deux autres bars calibrés. La compétition est bel et bien engagée alors que notre guide Breton à retrouver de la voix. « C’est un gros, je vous le dis, c’est un gros ! » lâche-t-il, tout en récupérant sa soie, canne bandée. David et Ludo ne perdent pas une miette du spectacle tout en restant fair-play. Le deal était clair dès le départ : un bar capturé à la mouche comptera pour deux, l’action de pêche étant par définition plus lente ! « C’est vrai qu’il n’a pas l’air vilain son poisson ! Ricou reste calme ! Prends ton temps. Fais gaffe qu’il ne te fasse pas, un sale coup ! » lâche Ludo qui connaît comme pas deux le caractère bouillonnant de son ami. Mais la soie se détend subitement et notre Trégorois n’en croit pas ses yeux avant de lâcher un juron digne du capitaine Haddock enivré. « Oh noooon » peste Éric qui n’a pourtant fait aucune erreur dans la gestion du combat. Le soleil a subitement disparu sous un gros nuage ajoutant à la dramaturgie de la scène.

Ludo enchaîne les prises sur animation lente
Crédit photo : David Gauduchon

Ludo enchaîne les prises

Mais la partie reprend de plus belle. Pas un instant à perdre avec le flot qui se renforce, les bars sont bien à table. La compétition amicale se jouera-t-elle au nombre ou à la taille ? Ludo qui connaît parfaitement le secteur creuse progressivement l’écart avec ses concurrents mais sans toucher un beau bar. Son animation est rythmée et il n’a pas son pareil pour alterner un mode linéaire saccadé avec de courtes tractions. Éric retrouve le sourire avec un bar d’un kilo tout en se faisant discret quant au fait qu’il l’a pris en surface, au popper, une de ses spécialités. Joli coup de ligne soit dit en passant. David, après un passage à vide, reprend du poil de la bête, après avoir changé de grammage de TP, plus légère, après s’être aperçu que les bars n’hésitaient pas à monter entre deux eaux. C’est avec un leurre de type slug, mais animé comme un jerkbait avec des tirées sèches pour le faire se décaler, qu’il enchaîne quelques bars mais rien de très gros. C’est donc bien au nombre que va se jouer ce challenge endiablé. Et à ce petit jeu-là Ludo semble imprenable. Fin de la montante. C’est l’heure de l’apéro sur la plage qui leur fait maintenant face. « Au fait Éric on n’avait pas dit que le 3e sur le podium paierait son tour ? J’espère que tu as prissuffisamment de Coreff ? » Bon joueur, notre guide breton ne part jamais sans sa bière locale préférée. « Trinquons à la descendante où je vais vous mettre une déculottée ! Yec’hed mat les amis ! » Foi de Trégorois !

Un kayak à pédales présente quelques avantages...
Crédit photo : David Gauduchon

Kayak : à pales ou à pagaies ?

Les deux écoles existent même si de nos jours on croise de plus en plus de kayaks à propulsion sur l’eau. La raison est évidente : ils combinent une propulsion à pales actionnée par les jambes et au besoin une pagaie auxiliaire, un « deux en un » en somme ! S’il existe aujourd’hui de nombreuses marques sur le marché qui proposent différents systèmes de propulsion notamment à hélice, le concept développé par la marque Hobie « le mirage Drive » est certainement le meilleur tant pour sa fiabilité que sa solidité. Son seul défaut, son prix, celui de la qualité ! Un kayak à pagaie traditionnel est en effet moins onéreux et peut offrir bien des services. Mais lorsqu’on a goûté au kayak à propulsion, il faut reconnaître que l’on est vite conquis : rapidité, facilité et fluidité du déplacement en navigation, contrôle permanent de la direction et de la dérive tout en conservant les mains libres pour optimiser l’action de pêche. Lorsqu’on opère à la mouche, la marche arrière est très appréciable car elle permet de retendre sa soie quasi instantanément.

 

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Magazine n°82 - juin-juillet-août 2021

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