Mes spots de sorties en cette période sont limités. Pour espérer faire quelques poissons, c’est obligatoirement la côte nord, donc sur les abers, et je suis plutôt exigeant côté conditions, pas de vent, petits coefficients, horaires de marées et cerise sur le kayak, un peu de soleil à midi pour la pause casse-croûte. Oui, je sais, cela fait beaucoup, mais je préfère sortir seulement lorsque toutes les conditions pré-citées sont réunies. Et ce jeudi me tend les bras et j’en ai la pagaie qui frétille d’avance…
Une bonne préparation
Trois à quatre nœuds de vent au plus fort de la journée, un coefficient de 56 avec une marée haute vers midi, idéal pour la pause casse-croûte avant la bascule de marée, et un temps prévu découvert, avec soleil, entre 9 heures et 16 heures. Côté habillement, comme les conditions sont encore assez froides, je porte une longjohn en 3 mm d’épaisseur, avec vêtements techniques dessous, chaussettes et chaussons spéciaux, gants et bien sûr une tenue étanche par-dessus tout cela type dry-suit. Côté leurres, j’ai préparé des nouveautés en leurres souples, des combos de la maison AstuFish, petite boîte bretonne qui monte. Des combos dans différentes couleurs montées sur des têtes plombées de 20 à 45 g. Les fonds explorés iront de 15 à 45 m. Les poissons visés sont le cabillaud, le lieu et la vieille.
Pour décider les cabillauds j’ai pris des couleurs chaudes comme le rose, le rouge, le jaune en shad de 85 mm. Pour les lieus j’ai pris les nouvelles formes lançons qui arrivent sur le marché en ce moment avec des couleurs plus passe-partout en a[u ou blanc, plus quelques couleurs flashy. Les vieilles sont moins exigeantes, à cette époque de l’année elles sautent sur tout ce qui bouge… La batterie de l’électronique embarquée est pleinement chargée, attention à ce point de détail lorsque la température est basse, elles se déchargent plus vite. Les connexions vérifiées, la VHF rechargée ainsi que la caméra, on n’oublie pas la pagaie, même si le kayak choisi pour cette première sortie est un kayak propulsé, on ne sait jamais et en plus c’est obligatoire, le gilet, bien sûr, et le petit matériel. J’ai remplacé les bas de ligne, j’ai mis un fluoro carbone Topknot leader en 28/00, j’aime pêcher assez fin et je fais confiance au frein du moulinet et à l’action de canne pour combattre un joli lieu, s’il en vient un à passer. J’ai pris également quelques jigs, des Meiji et des Jig Dai de chez Explorer tackle de 20 à 50 g au cas où… La voiture est chargée la veille. Après une nuit agitée à penser à ce que j’ai pu oublier ou à ce que j’aurai pu ou dû emmener, le café pain beurre est avalé, le casse-croûte est préparé et je prends la direction de la côte nord.
Retrouver les bonnes sensations sur l’eau
Le spot choisi est celui décrit dans l’un des derniers articles publiés. Sur la route je croise le serpent des phares de véhicules dont les occupants se pressent d’aller au travail, je mesure ma chance d’être dans l’autre sens… Une petite demi-heure de trajet, la préparation du kayak, il est 9 heures et je suis paré. Quelques photos de la mise à l’eau et c’est parti, on va y aller doucement pour les premiers coups de pédales, cela fait plusieurs semaines que je ne suis pas sorti et la machine est un peu rouillée, la machine humaine, pas la mécanique, entretenue avec sérieux au cours des dernières semaines… Les premières dérives se font en entrée d’aber, dans 15 à 20 m d’eau, rien d’extraordinaire si ce n’est deux petits lieus d’une quarantaine de centimètres. Pas grave, j’en profite pour faire tourner les jambes et retrouver de bonnes sensations sur l’eau. J’en profite aussi pour mettre à l’eau les nouveaux combos et j’essaye différentes combinaisons possibles, des grammages de 20 à 45 g, avec des têtes aux profilés différents et des corps de toutes les couleurs. La bascule de marée a lieu dans une heure et c’est à ce moment que les poissons se décident enfin à être actifs. J’ai environ 25 m d’eau sous le kayak au plus profond et les poissons sont tapis au fond, l’animation est simple, on touche le fond puis on fait nager le combo dans les 2 m au-dessus du fond. Le sondeur est utile pour éviter de trop gratter le fond et de laisser mes nouveautés dans les obstacles qui sortent du sable. Le ou plutôt les bons combos sont des corps de forme lançons à queue de shad, montés sur des têtes 30 g avec les yeux verts. Les couleurs de corps sont des couleurs neutres de type ayu clair et melon clair. L’eau est assez claire et la règle de base semble la bonne, eau foncée leurres foncés, eau claire leurres clairs…
De jolis lieus
Les poissons ont enfin ouvert la bouche et je ferai quatre jolis lieus entre 60 et 70 cm sur la même dérive et selon la même méthode, si je ramène le leurre plus haut dans la couche d’eau ils ne semblent pas avoir envie de le suivre. Selon ce que m’indique le sondeur, l’eau est froide, entre 9 et 11 °C et ils restent au fond. Je ferai même un petit poulpe au souple, reparti grandir après le selfie, ce n’est pas souvent qu’on en pique dans le coin. Après ces quatre poissons, pas besoin d’insister, il y a assez pour se faire plaisir et puis il y aura d’autres sorties. Je n’ai pas trouvé les cabillauds encore ni les vieilles. Le surlendemain j’enchaîne avec une sortie de groupe, ce qui est bien plus agréable et bien plus sécurisant. Six kayaks de pêche sont prévus pour cette sortie et nous rencontrerons d’autres kayakistes en balade. Les conditions sont les mêmes que deux jours avant, il fait juste un peu plus froid. On tape un peu la discute et tout le monde étant prêt il est temps d’aller sur l’eau. Une grosse demi-heure de transit avant d’arriver sur les spots nous permettra de nous réchauffer, la plupart d’entre nous font confiance aux leurres souples. Les premiers poissons piqués remontent dans les flotteurs, coquette, petites vieilles, merlans, il y a quelques espèces en activité mais rien de bien gros.
Cabillaud au jig
Loïc, le seul qui pêche au jig, enregistre la première belle prise avec un cabillaud bien maillé, la marée est en fin de montante, le courant n’est pas très fort, c’est le moment où les poissons vont se décider à mordre. De belles vieilles vont prendre nos leurres et je ferai enfin quelques lieus corrects comme avant-hier, toujours sur les leurres souples et sur les mêmes dérives enregistrées. Les lieus aiment bien bouger mais ils bougent souvent sur les mêmes spots, et, en fonction du moment de la marée, ils se nourrissent aux mêmes endroits. C’est valable pour la majorité des espèces. En effet, la chasse des proies demande aux prédateurs un gros effort, consommateur d’énergie, et le poisson préfère se nourrir là où il est sûr de trouver sa pitance sans efforts inutiles. Revenez donc toujours sur les endroits qui vous ont réussi lorsque les conditions sont sensiblement les mêmes.
Il est 13 h 30, le vent commence à forcir, amplifiant la sensation de froid. Nous décidons de revenir à la mise à l’eau tant que le soleil est bien présent, nous avons prévu un pique-nique commun pour fêter à notre façon ce lancement de saison. La pêche en kayak, c’est aussi ces moments de partage, au bord d’une grève, à refaire la sortie ou à discuter des derniers leurres à la mode ou du dernier kayak sorti. Nous verrons ce que la saison nous réserve de ce côté de la côte nord Bretagne, nous essaierons d’en profiter un maximum. Portez-vous bien.