Avant de partir découvrir l’estran il faut préparer soigneusement sa sortie, un bon bulletin météo est la condition sine qua none à la sortie, force du vent sur la zone convoitée, prévisions de pluie, visibilité, prenez tout en compte encore plus soigneusement que pour une sortie classique. Choisissez des coins que vous connaissez, à la bascule de marée, avec de tels coefficients, les courants sont forts, voire très forts, une bonne connaissance de la zone est primordiale. Côté habillement, une bonne paire de waders ou de cuissardes que l’on garde en soute pendant la navigation sera très appréciée une fois sur les rochers.
Respect de l’estran et sécurité
Prenez en compte ces quelques règles d’usage du bon pratiquant cueilleur. L’heure de la basse mer est le meilleur repère, il est sage de regagner progressivement le rivage dès lors que la mer remonte mais en cela le kayak à côté de vous vous permettra de prolonger un peu le plaisir. Se renseigner sur les interdictions de cueillette sur votre zone, bien souvent, au moment de l’été, quelques espèces sont interdites de ramassage, les coquillages, pour la plupart, sont des filtreurs (coques, palourdes, praires, etc.) leur bonne qualité sanitaire dépend de la qualité de l’eau… Utilisez les outils autorisés par la réglementation, ne saccagez pas l’estran. Prenez connaissance des mailles et quotas locaux, (n’oubliez pas votre règle à marées), cela peut varier selon le spot. En cas de contrôle et de non-respect de ces limites, les amendes peuvent être salées… Ne ramassez pas de crustacés grainés, c’est l’avenir de nos futures cueillettes, ne prélevez que ce que vous allez consommer. Remettez les pierres en place. Ne laissez pas de déchets de casse-croûte derrière vous, vous pouvez aussi ramasser quelques trucs indésirables qui traînent sur la grève avant de rentrer… Prévenez un proche resté à la maison en lui indiquant où vous pêchez et vers quelle heure vous sortez de l’eau, appelez-le à ce moment-là… Ayez toujours votre téléphone portable chargé avec vous et votre VHF. Voilà pour les quelques conseils incontournables, c’est une évidence mais il est bon de les rappeler de temps en temps.
En mode cueillette : passons sur l'estran
• Jour 1 : les coefficients de cette première journée restent sous les 100, alors j’en profite pour aller faire une pêche à pied à la recherche d’appâts pour les prochaines sorties kayak dans le goulet, au madaï, tenya et kabura. Les appâts recherchés seront les bucardes et les couteaux, je ramasserai ce jour-là une trentaine de bucardes et une soixantaine de couteaux. Cela me permet de faire trois sacs d’appâts pour ces futures sorties. La bucarde est une espèce de grosse voir très grosse coque, il en existe 2 espèces en rade, la bucarde tuberculée Acanthocardia tuberculata et la bucarde épineuse Acanthocardia aculeata. Elle est également connue sous le nom de langue rouge, c’est un excellent appât pour les gros sparidés. Le couteau, ou solen, très facile à cueillir, un peu de sel sur le trou en forme de serrure qui indique sa présence et il sort rapidement croyant au retour de l’eau. Sa taille de ramassage est de 10 cm et le quota par jour et par pêcheur est d’une soixantaine. Certains les mangent, mais je ne m’en sers qu’en appâts, également pour les sparidés mais toutes les espèces s’y intéressent.
• Jour 2 : le coefficient est juste au-dessus de 100, il va faire ciel bleu et soleil mais un fort vent d’est est prévu pour le retour, à prendre en compte. Les espèces visées pour cette sortie seront coquillages et crustacés, ormeaux, coquilles Saint-Jacques, crabes, praires, palourdes et quelques amandes. Chez nous la taille de cueillette de l’ormeau est de 9 cm et le quota de 20 par pêcheur et par jour. C’est bien suffisant pour se faire plaisir (cueillette interdite les mois d’été). Mesurez-le sur son caillou et évitez de le blesser en le décollant, en effet, ce coquillage est hémophile, et en cas de blessure et de relâche il ne survivra pas. La coquille Saint-Jacques : 11 cm pour la taille et un quota de 30 par pêcheur à pied et par jour, c’est la cible principale de ces sorties à cette époque. Pour les trouver, je parcours les flaques en traînant mon flotteur derrière moi et je les cueille, le terme prend alors tout son sens. On en fera quelques-unes ce jour-là mais le vent soutenu a rendu la surface de l’eau ridée et il est difficile de bien les voir. Une autre façon de faire est de se poser sur un caillou et de les écouter claquer quand elles sont échouées, c’est une façon efficace de les repérer… Étrilles ou crabe sardine : la taille est à 6,5 cm, sans doute un des crabes les plus goûteux personnellement. Je ne ramasse que des mâles au-delà de 7 cm, plus de chair dans les pinces. Avec de l’avocat écrasé et de la pulpe de pamplemousse rose, relevé d’une vinaigrette balsamique, c’est un régal. Tourteau ou dormeur : on en trouve quelques-uns de belle taille de temps en temps, taille à 14 cm, on ne le présente plus. Sur cette journée passée avec un de mes fils et un copain avec le sien, nous ferons coquilles, ormeaux, dont un joli à plus de 12 cm, les autres entre 9,5 et 12 cm. Les étrilles, dormeurs, praires, palourdes et amandes, ont répondu présentes. Après un casse-croûte pris sur la grève, il est temps de rentrer et nous aurons un peu de mal à quitter la grève à la pagaie, nos pédalos ont besoin d’un peu d’eau sous la coque et ne sont pas très maniables avec un fort vent de face avec une propulsion classique, une fois retrouvé l’eau sous la coque et les pédaliers remis, ce sera beaucoup plus facile…
• Jour 3 : encore une belle journée et un beau soleil et cette fois-ci sans vent. J’y vais seul aujourd’hui et ma cible sera les coquilles dans les flaques en traînant mon flotteur derrière moi. Avant je fais une petite séance pêche kabura (astupag) avec les barbes de coquilles que j’ai gardées. C’est un excellent appât également pour cette pêche, solide et qui attire toutes sortes de poissons. Ce coup-ci ce sera uniquement des vieilles, seul poisson en activité actuellement sur ce coin. Une petite séance pêche à la turlutte de chez Yo Zuri me vaudra quelques belles seiches, très présentes aussi. La mer commence à se retirer et il est temps de rejoindre le spot convoité. Le temps d’enlever les vêtements kayak et d’enfiler les waders et c’est parti pour une séance de « longe côte » dans les flaques. Quand je dis flaques, ce sont de grandes étendues d’eau au-dessus du sable avec 30 à 50 cm d’eau. Marcher ainsi pendant 2 heures en tirant le kayak, c’est une bonne séance de sport et ce jour-là je serai récompensé par une bonne dizaine de coquilles dont la plus grosse au-delà des 14 cm. Avec quelques coquillages pour l’apéro du soir, la sortie est réussie. Le retour sera plus aisé que la veille faute de vent.
• Jour 4 : comme la météo annoncée est encore bonne, ce coup-ci j’y retourne avec un petit kayak à pagaie qui sera moins lourd à traîner dans les flaques. Encore la même cible, la coquille. Le coefficient est un peu moins fort et j’en ferai moins que la veille mais je ramasserai aussi quelques jolies praires, une douzaine, et des huîtres plates, l’entrée de ce soir est trouvée.
Un moment privilégié
Ces grandes marées sont toujours un moment privilégié à vivre, seul ou à plusieurs. L’estran est très généreux en espèces et vous n’êtes pas à l’abri d’une belle surprise comme ce homard trouvé à côté d’un trou à congre aux marées précédentes, les deux cohabitent souvent ensemble. Respectez les mailles et quotas, ceux autorisés suffisent largement à la consommation familiale, les contrôles sont fréquents pendant ces journées et surtout prenez du plaisir sur l’estran avant d’en prendre autour de la table, et prenez soin de vous.