Le Ster Goz, « vielle rivière » en breton, est l’affluent principal de l’Aven, qu’il rejoint après avoir parcouru un peu plus de 20 kilomètres, à Pont-Torret, un parcours réputé pour la pêche du saumon. En amont de ce pont, la pêche du saumon est uniquement autorisée sur l’Aven (à gauche en montant), le Ster Goz ayant été classé en zone sanctuaire pour cette espèce emblématique de la Bretagne depuis 1998. Il prend sa source à Kerloaï sur la commune de Scaër, et compte 12 tributaires, dont le Véronique, son affluent principal, qui s’y jette à Pont Meya. Le Ster Goz est composé de quatre gros tronçons de rivière, où la pêche à la mouche peut être pratiquée, plutôt à l’aide d’une canne courte. Pour la pêche en wading, un ensemble de 6,6 à 7,6 pour soie de 3/4 est le mieux adapté en fonction de la technique et des secteurs de pêche. Bien entendu, il est également possible d’utiliser une canne plus longue pour la nymphe au fil, ou encore pour pêcher en roulé depuis les berges, mais ce ne sont pas les pêches majoritairement pratiquées.
En sèche avec précision
Ce gros ruisseau ou petite rivière est souvent intéressant pour la pêche en sèche, une pêche fine, souvent de bordure, qui demande des lancers précis et de la discrétion. Gare au dragage et microdragage, car les truites ne vous feront aucun cadeau ! Les éclosions sont parfois nombreuses et les truites pas toujours faciles à faire monter. L’environnement ambiant demande de la maîtrise au niveau des lancers. C’est une pêche que j’adore pratiquer, ne serait-ce que pour la technicité qu’elle demande ! Lancers courts et précis et bonne dérive sont souvent récompensés. Privilégiez les ORL, ORC, CDC roux, olive et gris, les sedges en CBD (cul de bécasse) en taille 14 et 16, les nymphes légères, et à la belle saison, les petites chenilles et mouches de mai. Attention à ne pas oublier la pêche avec des imitations de scarabées et autres terrestres divers et variés. Elle commence très tôt dans nos cours d’eau bien boisés. Il faut dans tous les cas être une fine gaule et savoir utiliser tous les lancers de notre belle discipline pour se faufiler dans la végétation rivulaire parfois exubérante, même si l’AAPPMA met un point d’honneur à entretenir ses parcours.
Forte mobilisation locale
Il y a une vingtaine d’années, lorsque j’étais salarié de la Fédération de pêche du Finistère, sous la houlette du président de l’AAPPMA locale d’ailleurs, Youenn Landrein, un technicien de rivière, et plusieurs salariés s’occupaient admirablement bien de ce joyau. Les subventions pour les CRE (contrat restauration et entretien) étaient bien supérieures à celles d’aujourd’hui et chaque parcours avait ses petits ponts aménagés, panneaux d’information, et Gilbert, technicien de rivière de l’AAPPMA, passait réguliè rement pour surveiller les pêcheurs et réaliser les enquêtes halieutiques qui permettaient d’avoir des données très fiables sur l’état des stocks de truites et de jeunes saumons (tacons). Depuis ces trois CRE entre 1998 et 2012, de nos jours, l’entretien est réalisé par une trentaine de bénévoles motivés, qui font tout ce qu’ils peuvent pour garder « vivante » cette rivière et son dense chevelu. Leur travail est souvent bien réalisé, mais le linéaire entretenu chaque année est restreint. De plus, après la tempête Ciaran, tout est à refaire, que ce soit sur le Ster Goz ou la plupart des cours d’eau armoricains. Embâcles, arbres en travers, branches dangereuses sont multiples un peu partout dans la région et un travail colossal devra être fourni dans les prochaines années. L’équipe du bureau actuel, composée d’amis de longue date, est toujours à pied d’œuvre, mais le bénévolat, comme partout, se meurt !
Soutien aux AAPPMA locales
Adhérez à votre AAPPMA locale ou soutenez celle qui vous semble la plus cohérente dans ses actions pour le loisir pêche mais aussi pour la gestion et l’entretien de ses cours d’eau. Le bénévolat se meurt, et les pêcheurs sont souvent les premiers à râler. Venez et participez aux actions de vos AAPPMA et aux chantiers d’entretien de la rivière pour soutenir le travail des bénévoles et garder les rivières « vivantes ».
Parcours amont, de Moulin Neuf Saint-Mathieu à Troganvel
Pour moi, le parcours le plus en amont se situe à Moulin Neuf Saint-Mathieu. La rivière y est vraiment toute petite, et bien que la pêche puisse être pratiquée, c’est surtout à l’aval du pont de Moulin Neuf Saint-Mathieu que la pêche à la mouche peut réellement prendre tout son sens. Personnellement, je pêche quasiment toujours la partie aval. L’amont, avec la prise d’eau de la pisciculture, est moins intéressant à mon goût. Il faut donc descendre plusieurs prairies pour pêcher en remontant. Dans les années 2000-2004, j’y allais fréquemment, car ce secteur offre de jolis trous profonds qui alternent avec de petits courants dans lesquels les belles truites sont bien présentes. On y prenait régulièrement des truites de plus de 30 cm très combatives, en sèche, ce qui représente de beaux poissons pour la taille de la rivière à cet endroit, oscillant entre 4 et 6 mètres de large. Les éclosions sont souvent nombreuses, et les truites attablées, mais malignes. Une oreille de lièvre en taille 16/18 y faisait des miracles et les coups du soir étaient incroyables ! De nos jours, il faut de plus en plus pêcher fin, sortir de petites nymphes et savoir être patient lorsque l’on fait face à des journées plus calmes. Le Ster Goz semble parfois vide, alors que les truites sont présentes mais pas du tout actives à certains moments. Privilégiez les jour nées nuageuses et, encore mieux, un petit crachin breton (qui devient rare), car il active les insectes et fait sortir les truites ! Il est possible de descendre sur un long linéaire, même jusqu’à Troganvel, si on le souhaite, pour arriver dans un bois avec de jolis coins un peu moins pêchés. La pression de pêche est somme toute relative, car en Bretagne, la diversité de cours d’eau et la démographie faible font qu’il est rare de croiser des pêcheurs, une fois les 15 jours à trois semaines de l’ouverture passés.
Parcours de Troganvel à Pont Bras
J’avais découvert ce parcours grâce aux suivis de frayères à saumon réalisés par Gilbert, technicien de rivière de l’AAPPMA, salarié de la Communauté de communes du pays de Quimperlé. J’avais pu voir la beauté de ce secteur. On peut y accéder soit par l’amont et arriver à l’aval de la station de pompage de Troganvel, en passant par la ferme éponyme, soit par Moulin Rozhuel, où se trouve le local de l’AAPPMA, soit depuis l’aire de parking de Pont Bras toute proche et remonter jusqu’au trou de la belle-mère voire la station. Sur la partie aval, en remontant de Pont Bras, j’y avais rencontré Jean-Yves, actif pêcheur et défenseur de l’environnement, qui donnait de son temps pour l’association locale et régionale Eau et rivières de Bretagne, au sein de laquelle j’avais fait mon service civil entre 2000 et 2001. Il m’avait montré son imitation de grillon, qui prenait de très belles truites. Elle permettait de laisser de côté les nombreuses petites truites sauvages gourmandes, qui avaient du mal à l’engloutir, montée sur un hameçon de 10 ! Il m’en avait offert une pour que je l’essaye et l’imite et, avec grande sur prise, j’avais pu faire monter de très beaux poissons, qui venaient happer cette mouche tantôt en douceur tantôt avec une violence inouïe. Je m’en sers encore régulièrement, dès que leur chant berce les journées de fin avril puis mai, lorsqu’ils sortent pour s’accoupler. J’avais d’ailleurs présenté ce modèle dans les colonnes de votre magazine préféré. C’est un secteur plus courant, mais comme toujours, qui alterne avec quelques trous plus profonds. Les pêches en nymphe au fil et tandem peuvent y être très productives également, lorsque les truites boudent la surface à cause d’un vent d’est ou, pire, de nord, qui vient anéantir toute possibilité d’éclosion. Un vent que nous subissons beaucoup plus souvent de nos jours et qui remplace régulièrement les vents d’ouest, bien plus favorables à la sortie d’éphémères en tout genre !
Parcours de Pont Bras à Moulin Blanc
Il y a deux ans, je partais à la découverte de ce parcours sur lequel je n’avais jamais mis les pieds auparavant. La diversité des coins en Finistère est immense. Dans le département, nous avons plus de 6 000 kilomètres de rivières de première catégorie, et sur mon secteur, à moins de 50 km de mon domicile, j’ai sept rivières poissonneuses à disposition ! Lors d’une journée de mi-mai, alors que j’étais en train de prendre quelques truites tantôt en sèche, tantôt en nymphe sur un montage tandem, tout en découvrant ce parcours, j’ai assisté à un spectacle unique. Une loutre et son loutron étaient de sortie. La mère enseignait la pêche à son petit, qui l’imitait tant bien que mal. Caché derrière une souche, sans bouger d’un millimètre, j’ai pu observer leur activité de chasse pendant plusieurs minutes. Ce sont de superbes prédateurs, agiles et rapides et d’une efficacité redoutable. Chabots et loches en ont fait le tribut ! Les loutres reviennent de plus en plus en Bretagne. Bien que l’on puisse croire que leur prédation peut être néfaste aux populations de truites, elles font partie de cet écosystème qui s’équilibre naturellement. Une fois repéré, elles ont disparu. J’ai pu continuer à remonter la rivière et prendre encore d’autres jolies truites, plus rapides et malignes que ces loutres qui venaient juste de passer ! Ce secteur est globalement plus dégagé, ce qui est plaisant de temps en temps ! Il est également moins profond, mais pour autant très poissonneux.
Parcurs de Moulin Blanc à Pont Torret
On se trouve ici sur la partie la plus aval, là où la rivière « s’élargit » pour atteindre par endroit 7-8 mètres. Ce parcours est le plus pêché, car plus facile d’accès et proche d’agglomérations (Bannalec et Pont Aven). Ce pendant, il est agréable et peut offrir son lot de surprises. Entre Pont Meya et Pont Torret, le parcours est intéressant. Quelques jolis trous succèdent à des parties plus rapides et boisées, qui demandent une bonne technique, comme sur l’ensemble de cette petite rivière de charme. Les truites du Ster Goz se méritent, et y pratiquer la pêche à la mouche nécessite un bon bagage technique. Mais il est tellement plaisant de s’y balader et d’y pêcher, que je vous invite à venir le découvrir si vous ne l’avez encore jamais fait.
Réglementation
- Pêche du saumon interdite.
- Toutes techniques autorisées pour la truite.
- Taille légale de capture à 23 cm.
- 5 prises maximum par pêcheur et par jour.
- Pêche en marchant dans l’eau à partir du 1er mai.
- Possibilité de participer à une étude sur la pêche sur la rivière en remplissant, de manière bénévole, une enquête halieutique par le biais d’un carnet de capture accessible en ligne sur le site peche-stergoz.com.