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La Sorgue à la mouche... elle coule de source

Rares sont les lieux où la pêche à la mouche semble prendre tout son sens, devenant même la technique reine et propulsant le moucheur comme un protagoniste indissociable des berges de la rivière… Dans le Sud-Est coule la Sorgue avec ses eaux si claires et son ambiance si particulière, qu’elles se sont forgé au fil des décennies une vraie réputation. Nous vous invitons dans ce pèlerinage à venir fouler les berges de cette rivière mythique, à la recherche des truites et des ombres vauclusiens… Découverte !

C’est une véritable bizarrerie : été comme hiver, des eaux jaillissent inexorablement d’un grand gouffre au pied d’une falaise calcaire du petit village de Fontaine-du-Vaucluse. En réalité, c’est une source géante, l’une des plus grandes au monde, où plusieurs centaines de millions de mètres cubes d’eaux souterraines jaillissent chaque année. Et pour cause, l’eau est issue d’un vaste bassin de récupération qui regroupe les écoulements du mont Ventoux, des monts de Vaucluse, du plateau d’Albion et de la montagne de Lure. Cette source, seule et unique exutoire, fait ainsi naître la Sorgue, une rivière chimiquement très riche et disposant d’une température d’une rare stabilité d’environ 12°C. Quelques kilomètres en aval, on retrouve la pittoresque ville de L’Isle-sur-la-Sorgue, réputée pour ses antiquaires, mais surtout un grand bastion de la pêche à la mouche en France. Fait marquant ici, il ne coule plus une, mais des Sorgues ! Ces séparations successives donnant naissance à ce réseau dense et parfois « incompréhensible », commence quelques kilomètres en amont, sur un véritable lieu de rencontre des pêcheurs à la mouche : le Partage des eaux. C’est la première et grande séparation avec la dissociation de la Sorgue d’Entraigues et de la Sorgue de Velleron. Nous devons ces bizarreries hydrographiques non pas à la nature, mais aux Romains qui ont, au fil des siècles, modelé le cours pour exploiter cette énorme source intarissable.

Paradis de la pêche à vue, le moindre déplacement se fait à pas de loup.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Des herbiers offrant refuge aux salmonidés

Le milieu aquatique presque exempt de pollution marque l’œil du visiteur par sa richesse et sa clarté. La qualité des eaux dynamise la production du milieu. La rivière arbore ainsi de superbes zones d’herbiers, offrant refuge et nourriture à ses nombreux habitants. Parmi eux, la truite fario et l’ombre commun, nos deux espèces phares que l’on observe déjà sur les quais de l’Isle. La stabilité thermique est un facteur important à la qualité des populations salmonicoles des lieux. Ici, les truites et ombres grandissent et grossissent toute l’année. Les eaux cristallines des Sorgues abritent de très gros spécimens qui savent parfaitement se faire très discrets ! Ce n’est pas une légende, des trophées méditerranéens de plus de soixante-dix centimètres sont vus mais très rarement pêchés. Pour l’anecdote, durant longtemps le record de France de truite fario de rivière était détenu par un certain Robert Crespt, avec la prise exceptionnelle d’un poisson de 10,3 kg, dans l’un des bras de la Sorgue ! Ça laisse rêveur… Plusieurs pêcheurs continuent toujours de confirmer l’existence d’au moins un poisson dépassant le mètre. Les ombres en no-kill total offrent un véritable exotisme aux pêcheurs du sud de la France, qui finalement n’ont que très peu la possibilité de pratiquer une pêche spécifique de ce salmonidé. Leur population est tout simplement incroyable, avec des poissons installés tout autour de Isles. De toute façon, il suffit de se balader sur les quais pour rapidement apercevoir de nombreux sujets plein courant, toutes nageoires déployées se délectant de proies en tout genre.

Manu nous présente un bel ombre des eaux claires !
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Le paradis de la pêche à vue

Dans les rivières provençales et préalpines des alentours, mis à part certains parcours très localisés, les pêcheurs sont plus habitués à des cours d’eau au profil puissant, disposant d’eaux chargées tantôt par la neige tantôt par les alluvions… La Sorgue est une véritable exception à la règle ! Elle s’est forgé une véritable réputation dans la pêche à vue. À mon humble avis, entre des conditions de pêche souvent parfaites et la quantité des poissons, elle est aujourd’hui la plus belle rivière française où l’on pratique cette technique. Les seuls véritables facteurs limitants demeurent le tourisme estival de masse, mais surtout le vent… Ici, il souffle énormément. Ces épisodes météorologiques typiques et récurrents de la région sont le plus souvent représentés par le mistral qui souffle fort et parfois longtemps. Si ce phénomène n’a pas forcément d’impact sur les poissons, il en a un sur la qualité générale de la pêche. Cependant, hormis lorsque le mistral souffle à décorner les bœufs, le réseau nervuré des Sorgues est tel qu’il existe toujours des parcours de repli moins exposés. Seul le vent du sud est un véritable enfer ici.

Combat avec une belle fario, débusquée le long d’une berge encombrée
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Période bénite de la mouche de mai

La reproduction salmonicole plus tardive induite par la stabilité thermique de la Sorgue décale systématiquement l’ouverture de la pêche de la truite à début avril. Si les poissons sont déjà très réceptifs, l’interdiction du wading ne facilite pas vraiment la tâche suivant les parcours que l’on a à pêcher. Pour beaucoup de pêcheurs, le véritable démarrage correspond à la date d’ouverture de la pêche de l’ombre courant mai ! Cet événement s’accompagne d’un phénomène très attendu dans le coin : la mouche de mai. La Sorgue est encore le théâtre d’émergences massives du grand éphéméroptère qui, durant quelques semaines, vole et dérive au gré de ses courants. C’est un spectacle à ne pas rater, ni pour les yeux ni pour les poissons qui, pendant cette période, vont totalement modifier leur comportement. C’est en général à ce moment que l’on retrouve les gros poissons d’ordinaire si discrets. Les émergences ne préviennent pas : alors qu’elles sont parfois présentes dès la fin de matinée, d’autres fois il sera bon de patienter jusqu’en fin d’après-midi pour profiter de l’effervescence du cours d’eau. Si les poissons deviennent d’humeur gobeuse, les grands sujets plus discrets jettent leur dévolu sur les nymphes et les émergentes dans la pellicule. Il demeure donc toujours important de ne pas se laisser distraire par le folklore des poissons plus petits et très remuants. À la mouche de mai, il est toujours bon de ne pas se précipiter en prenant soin de sélectionner !

Les coups du matin sont excellents pour la pêche de truites, surtout l’été.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Truites en maraude

L’euphorie de la mouche de mai retombée, la Sorgue et ses salmonidés retrouvent un rythme alimentaire plus normal. S’il est possible de partir sur une pêche opportuniste, en remontant pas à pas les bordures, il reste préférable de se focaliser sur une espèce précise. Les comportements de chacune d’elles ne permettent pas une recherche optimale, surtout celle des beaux poissons. Les truites qui apprécient les secteurs encombrés et bien végétalisés ont souvent un comportement de maraude. L’observation, l’attente et la temporisation, propres à cette quête spécifique, sont incompatibles avec une pêche à vue de l’ombre, qui apprécie les secteurs plus ouverts et dont l’approche est bien différente. La clarté extrême des eaux provoque de véritables effets d’optique, dégageant en permanence une difficulté d’évaluation de la profondeur. Si ce trompe-l’œil est de temps à autre à l’origine de quelques remplissages de waders, l’incommodité est surtout préjudiciable en action de pêche dans la qualité de dérive. La maîtrise nécessite une petite acclimatation au démarrage afin d’éviter de survoler totalement les poissons (surtout les ombres). Il ne faut pas hésiter à commencer les dérives largement en amont. L’approche se fait en toute discrétion avec une pointe au minimum d’environ 3 mètres. Ici, le diamètre compte ! L’utilisation d’un fil de 10/100, voire un 8/100, est presque une normalité en été. Les petites imitations denses au corps lisse, type « plomb-peint », permettent d’aller pêcher creux très rapidement. Elles font souvent fureur sur les ombres difficiles de la Sorgue.

Durant longtemps, le record de France de truite fario de rivière était détenu par un certain Robert Crespt, avec la prise exceptionnelle d’un poisson de 10,3 kg (ici naturalisé), dans l’un des bras de la Sorgue
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

De bonne heure en sèche

Si la pêche en nymphe demeure la technique reine des lieux, les Sorgues réservent tout de même de belles parties de pêche en sèche. Les coups du matin sont pour cela excellents sur la pêche de truites, surtout l’été. Les fortes chaleurs estivales ont assez souvent tendance à compromettre les traditionnels coups du soir, en décalant les pics d’émergences au-delà des heures légales. La réussite appartient alors à ceux qui se lèvent tôt avec, dès les premières lueurs, des poissons toujours attablés et souvent focalisés sur les retombées de spents… Les locaux adorent les pêches de fin de saison sur les Sorgues qui, après l’afflux touristique massif, retrouvent leur calme et leur paisibilité. La pêche y est assez technique, à cause des eaux basses et des poissons sollicités qui connaissent parfaitement la musique… Cependant, la densité du réseau et des populations en place est telle qu’il y aura toujours quelques poissons joueurs à débusquer. Si, par chance, un temps lourd ou orageux provoque une retombée de fourmis, c’est la cerise de plus sur le gâteau qui rendra le périple inoubliable !

Éric du Sorguett vous accueille dans son magasin de pêche de L’Isle, véritable lieu de rencontre
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Le Sorguett

C’est une institution ici et le passage y est obligatoire ! On ne peut pas venir pêcher sur la Sorgue sans faire un petit crochet au magasin du « Sorguett », pour y rencontrer Éric Arnaud, Nicolas et Julien ! Les trois passionnés vous aiguilleront parfaitement sur les mouches, les parcours et la réglementation. C’est aussi le seul endroit où il est possible de retrouver les fameux gilets Sorguett, inventés et réalisés à la main par le regretté Gilbert Arnaud, père d’Éric. 

Sur les bancs de graviers, chaque centimètre de rivière doit être minutieusement scruté. L’eau y est claire, mais les poissons sont invisibles
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg
 

Adresses utiles

  • FÉDÉRATION DE PÊCHE DU VAUCLUSE - 575 Chemin des Fontanelles - 84800 L’Isle-sur-la-Sorgue - 04 90 86 62 68 - www.peche-vaucluse.com
  • LE SORGUETT - 3 ZA les Théologiens - route de Caumont - 84800 L’Isle-sur-la-Sorgue - 04 90 38 23 01 - www.sorguett.com
  • GUIDE NICOLAS DI LUCA - www.nicolasfishing.com - nicolas.diluca@gmail.com - 06 70 05 37 26

 

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