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Le Jet, rivière typique de Bretagne

Le Jet est l’une des trois rivières se rejoignant à Quimper (Kemper veut dire confluent en breton) en Finistère sud. Elle roule ses eaux d’est en ouest pour ensuite rejoindre l’Odet, quelques kilomètres en amont du centre-ville. Bien peuplée en truite fario sauvage, et également colonisée par le saumon atlantique et un petit contingent de truites de mer, c’est une rivière de choix pour les pêcheurs à la mouche. Cours d’eau de petite taille, c’est une pêche souvent technique, de précision, demandant beaucoup de polyvalence et d’adaptation. Le Jet ravira les pêcheurs chevronnés qui affectionnent le maniement de petites cannes. Venez la découvrir !

Le Jet prend sa source au sud de la petite ville de Coray, au niveau de Kerjet, à 257 m d’altitude. Il s’écoule sur 26 km jusqu’à la confluence avec l’Odet en rive gauche juste en amont de Quimper et la zone de l’hippodrome. Son profil est tantôt rapide notamment sur sa partie amont aux alentours d’Elliant, mais serpente surtout lentement dans les prairies typiques bretonnes, entre les communes de Saint-Yvi et d’Ergué-Gabéric.

Par eau basse, les lancers précis et les posés délicats seront de rigueur
Crédit photo : Jean

Une rivière sauvage pleine de charme

La partie amont, au-dessus d’Elliant, constitue l’un des premiers parcours pour la pêche à la mouche. C’est un très joli secteur, particulièrement technique du fait de sa taille, configuration, et densité en végétation. À cet endroit, c’est plutôt un gros ruisseau, et le profil est principalement rapide. Une portion parfaite pour la nymphe au fil grâce à la succession de courants plus ou moins profonds et variés, constitués d’une multitude de postes parfaits pour dame fario. La pêche à deux mouches (sèche-nymphe) est également une technique de choix, assez prolifique. Les truites en raffolent. J’y ai réalisé des pêches extraordinaires où l’on perd rapidement le compte tant les truites défilent dans l’épuisette ! La densité de truite est importante même si les beaux sujets ne sont pas légion. Cependant, parfois on se fait de belles frayeurs lorsque l’on pique une 30 + sur un tel secteur. Les obstacles sont nombreux et on ne sort pas toujours vainqueur avec ces truites vivaces et combatives qui tentent constamment de vous fausser compagnie en sautant ou en réalisant de petits rushs. Cette situation m’est arrivée à maintes reprises ! Ce parcours est d’une technicité qui plaira aux pêcheurs confirmés qui aiment manier les petits fouets de 6 à 7,6 pieds maximum. Les nymphes casquées de type ORL ou pheasant tail, notamment avec un col orangé derrière la bille, ainsi que les imitations de larves de sedges sont des valeurs sûres. Vous me direz comme partout, mais il faut parfois savoir rester simple et surtout bien lire les postes pour pêcher efficacement et déjouer la méfiance des truites. Le lancer arbalète vous permettra bien souvent de vous en sortir dans cette ripisylve dense, et de déposer votre mouche avec précision pour surprendre un poisson posté. La pêche en sèche peut y être pratiquée très tôt dans la saison, car les eaux se réchauffent vite. Petits sedges et « plécos », ainsi que différents éphémères commencent à sortir au moindre rayon de soleil. La pêche en noyée amont y est également productive. Il est en effet très compliqué de pêcher aval tant la rivière, peu large, ne permet pas de faire descendre ses mouches et de prospecter les postes correctement.

Les petites cannes et soies légères sont un must pour se faufiler entre la végétation rivulaire et aquatique et tirer parti de la richesse des eaux du Jet.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Quand les truites sont boulimiques

Juste en aval d’Elliant, le second parcours dit de Cosquéric est de toute beauté. Un havre de paix où j’adore venir défier les truites nombreuses et parfois de taille plus importante mais toujours technique où la discrétion est primordiale dans ces eaux plus lentes. Les émergentes et sedges en poils de lièvre sont de véritables aimants à poisson, à tel point que je n’utilise guère d’autre modèle, en variant la couleur des corps et la taille, sauf si la saison est avancée et que les mouches de mai commencent déjà à sortir. Les truites seront sur le qui-vive et sauteront sur tout ce qui contient du jaune, et parfois peu importe la précision de votre posé ! Les premières éclosions importantes les rendent boulimiques. Les fario profitent de cette aubaine de courte durée pour faire leur plein de réserves, et peuvent rapidement être rondes, voire obèses ! D’ailleurs, une période de vache maigre après cette orgie a souvent lieu les années où Ephemera danica et vulgata ont éclos en grand nombre. Elles sont repues, et il faudra savoir profiter des moments plus rares, quand elles s’alimentent, pour refaire quelques jolis poissons. En cas d’activité réduite, la pêche au fil posé est toujours intéressante, car assez peu pratiquée sur nos cours d’eau et peut déclencher quelques poissons de sorti. Que ce soit à l’aide de perdigones incitatives ou nymphes casquées olives ou brunes, les truites répondent bien pour peu que l’on adapte à chaque coulée le poids de sa nymphe et que l’on sache lire l’eau. Ces secteurs riches en végétation aquatique, principalement de callitriches et renoncules, sont très bien peuplés en insectes aquatiques et offrent le gîte et le couvert à nos dames. Les éclosions d’olives sont fréquentes, et il est indispensable d’avoir quelques modèles en cul de canard en taille 18 et 16, voire en 14 qui offrent une belle bouchée.

Le Jet, malgré sa petite taille, offre de jolis trous profonds où truites et saumons cohabitent.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Une belle rivière à mouche de mai

Plus en aval, j’apprécie beaucoup le secteur autour de Saint-Yvi où la rivière s’élargit. Anciennement classé en parcours mouche, ce joli secteur détient de jolis trous où de beaux poissons s’épanouissent, et qui à cette époque pouvaient atteindre de belle taille car souvent remises à l’eau. Sur la partie aval, dans les prairies longées par la voie ferrée, ce tronçon alterne courants et plats. Ce secteur avec de nombreux spots sablonneux est productif pour la pêche à la mouche de mai. Les années se suivent et ne se ressemblent plus, mais très souvent à partir de mi-mai, les truites sont déjà dans l’attente de ces grands éphémères. Si les éclosions n’ont pas encore lieu, il faut pêcher les postes avec de petites mouches d’ensemble, ou en nymphe. Les modèles sur hameçon de dix coloris jaunâtre fonctionnent très bien à cette période, car imitant les nymphes de mai. Les imitations de larves de sedge, verdâtres sont également très prenantes dans cette rivière et peuvent ressembler à la chenille du saule, une des friandises préférées des truites.

La nymphe à vue permet de prendre quelques jolis poissons sur les secteurs sablonneux du Jet. Ici avec une pheasant tail casquée et au col orange.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Un parcours multi-espèces

Sur la partie aval entre la voie express et le ruisseau de Pont ar Marc Hat, la rivière serpente en formant de nombreux méandres. Les trous profonds se succèdent et offrent de belles opportunités pour prendre de jolies truites sauvages de plus de 35 cm, plus abondantes. Les coups du soir à partir de fin mai, mais surtout juin et début juillet, sont souvent un moment privilégié pour les séduire encore une fois sur un petit sedge émergent ou sub-sedge, où à l’aide d’imitations de Sterella ignita ou BWO encore bien présentes entre juin et septembre. Les retombées de spents sont fréquentes et à ne pas négliger. Il faut absolument avoir en sa possession différents modèles dans sa boîte. Les truites en fin de journée deviennent parfois très sélectives et peuvent refuser toute autre imitation.

Jolie truite bretonne ayant succombé à une mouche bien présentée par l’auteur
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Jolies truites et migrateurs

Au cours de l’été, sur cette partie aval, lorsque l’on évolue en douceur en wading, il n’est pas rare de déranger un castillon ou d’en voir sauter à la tombée de la nuit. Ces poissons aiment rester sur les pools du bas de la rivière en attendant un coup d’eau salvateur pour monter. Malheureusement les précipitations estivales sont de plus en plus rares et c’est souvent en fin d’été, début d’automne que nos saumons pourront profiter d’une montée des eaux pour rejoindre les secteurs amonts. Il est possible de les rechercher en mouche noyée tôt le matin ou en fin de journée, mais surtout lorsque les eaux se teintent et que les poissons s’activent. Au début des années 2000, lorsque je m’essayais au saumon d’été pour mes premières fois, j’ai raté un nombre incalculable de ces jolis castillons tout frais en leur enlevant la mouche de la gueule. Je ne savais pas qu’il ne fallait surtout pas ferrer. J’ai appris cela depuis, et en ai capturé un certain nombre, sur nos belles rivières bretonnes. Les truites de mer remontent également sur les rivières de Quimper, mais en quantité assez faible. Il est difficile de les rechercher spécifiquement. Cependant, je me rappelle certains coups du soir de fin juin, avoir piqué et m’être fait casser à plusieurs reprises par des poissons vifs et puissants. À l’époque, je n’avais pas compris ce qu’il m’arrivait. Elles prenaient mes sèches comme des farios, sauf qu’elles remontaient et redescendaient la rivière à toute vitesse. Ce sont des poissons très combatifs pour leur taille. Le soir suivant, muni d’une pointe plus forte, à la tombée de la nuit, je piquais un de ces poissons batailleurs qui finalement s’avéraient être de jolis finnocks tout frais, ou « blanches » comme on les appelle en Bretagne. De magnifiques poissons. Certains spécimens de plus de 50 cm se font prendre de temps à autre, notamment par les pêcheurs de saumon, ou en pêche électrique lors de campagne de suivi, réalisée par l’AFB et la fédération de pêche.

Sous couvert végétal, la rivière garde toute sa fraîcheur même à la saison chaude
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Ne pas oublier les terrestres

L’été, le Jet comme toutes les rivières boisées et sauvages, offre une pêche intéressante à l’aide de terrestres. C’est une pêche toujours aussi agréable et explosive, même si parfois elles prennent tout en douceur. Les truites répondent très bien aux imitations de petits scarabées, fourmis, punaises, et sauterelles. J’adore pratiquer cette pêche sur la partie amont de la rivière, car une fois l’ouverture passée et lorsque les eaux ont bien baissé, cette portion est peu fréquentée. Les truites perdent leur méfiance et sautent sur tout ce qui bouge. Un régal !

Pêche et réglementation

•Les rivières de Quimper sont gérées par l’Aappma de Quimper : https://kemper-peche.com/
•Pour la réglementation, se référer à l’arrêté préfectoral de la pêche que vous pouvez trouver notamment sur le site de la fédération de pêche du Finistère : https://peche-en-finistere.fr.

Quelques mouches que l’auteur utilise avec succès sur les eaux bretonnes et notamment du Jet
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Matériel

MATÉRIEL

Truite : canne de 6 à 7,6 pieds d’action moyenne rapide pour la partie amont et médiane. Une 8 à 8,6 pieds pour la partie aval. Soie WF afin de charger rapidement la canne et lancer à courte distance. Bas de ligne d’une longueur à une longueur et demie. Pointe en 12 et 14 en général.

Saumon : canne à une main de 9 pieds soie de 6 (castillon) à 8 (saumon de printemps) équipé de polyleaders de différentes densités en fonction de la saison/température et couleur de l’eau.

MOUCHES

Truite : noyées rousses, grises, corps olive, jaune et brun pour le début de saison. Oreilles de lièvres et de chevreuil, taille 18/16 et 14. Petits sedges roux, bruns et noirs avec hackle en ORL ou ORC. Mouches de mai en taille 10 et 12, jaunes et blanchâtres olive en CDC, S. Ignita émergent, et spent. Scarabées en foam ou poil de cervidés. Fourmis, sauterelles jaunes/vertes, moucherons en taille 18 et 20.

Saumon : mouches bretonnes couleur naturelle, noire ou orangée en taille 4 à 12 selon la saison.

 

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