Au cœur d’un vaste espace de verdure, au bord d’un plan d’eau de 200 hectares et au pied des premiers contreforts du Jura sillonne ce contre-canal passionnant pour les pêcheurs à la mouche. Six kilomètres d’eau transparente où les truites arc en-ciel, mais aussi les farios autochtones se nourrissent de façon naturelle. Ce contre-canal classé en seconde catégorie se dessine sous la forme de différentes portions de rivières limitées par endroits par un passage sous terre à la sortie duquel le courant devient plus puissant. Lors de notre passage, j’ai tout de suite été bluffé par la clarté des eaux où la pêche à vue en sèche et en nymphe est parfaitement adaptée. L’autre avantage indéniable c’est que même au cœur de l’été, la température de l’eau reste constante et fraîche, ce qui en fait un petit paradis pour les salmonidés.
Un parcours riche
Ce parcours no-kill n’est pas uniquement destiné aux pêcheurs à la mouche, mais en action de pêche nous n’avons pas été importunés par les pratiquants aux leurres qui sont vraisemblablement peu nombreux, car ce contre-canal est plutôt technique à pêcher et plus adapté aux moucheurs qu’aux autres pratiquants. Ici, ce sont la précision et la finesse qui comptent, car le parcours est très riche en herbiers qui alternent avec des fonds de sable. Ce qui est aussi trompeur, c’est la profondeur des lieux et la force du courant. Vu de la berge, la clarté pourra vous tromper. Comme j’ai dû rentrer dans l’eau à plusieurs reprises pour mettre de belles truites à l’épuisette, j’ai vite compris que le courant poussait fort et que l’on avait facilement de l’eau à la taille sur certaines portions. Si vous pêchez en nymphe, c’est un élément sérieux à prendre en compte. Ce contre-canal est un milieu riche, avec beaucoup de poissons fourrages, comme des vairons, des vandoises et des chevesnes (dont certains gros spécimens valent le coup de ligne), mais aussi une forte présence d’invertébrés, comme les trichoptères (par endroits le fond est tapi de porte-bois), les éphémères, les chironomes et une belle quantité de gammares dont les truites raffolent. Du côté des salmonidés, des truites arc-en-ciel d’un à trois kg ont été introduites et de grosses farios de souche hantent les lieux, il y a donc de quoi s’amuser.
Rudes bagarres
Une fois notre voiture garée au « Point vert » qui permet l’accès à tout le parcours, nous prenons nos marques avec l’ami Grégoire Juglaret qui connaît déjà un peu les lieux. Je suis épaté par la vue de poissons qui évoluent naturellement dans ce biotope au caractère sauvage. Nous empruntons le petit sentier qui longe le canal. J’attaque une première truite sous les branches tombantes face à moi. Vu la taille du poisson et l’encombrement des lieux, j’opte pour une pheasant tail et une pointe en 16 centièmes. La belle ne bronche pas d’une nageoire et au second lancer, elle file se planquer sous la berge. Je me dis que les choses ne vont pas être simples. Nous faisons quelques pas en remontant le courant pour ne pas effrayer les poissons. Plusieurs truites sont installées sur un fond de sable plus clair. Je change ma pointe pour une 13 centièmes fluorocarbone avec une imitation de gammare plus lestée, car le courant est trompeur. Je pose 3 mètres en amont des truites et décolle légèrement ma nymphe 50 cm devant les poissons. L’une d’entre elles fonce sur ma mouche et l’aspire dans une fuite effrénée ! J’ai juste besoin de tendre ma soie pour assurer le ferrage et la truite file droit dans un herbier avant de ressortir et de partir vers l’aval. Je rentre rapidement dans l’eau et s’ensuit une bagarre intense faite de chandelles et de demi-tours ! Je crains que ma pointe cède sous ce déluge de coups de tête. Finalement, la truite se calme et se laisse glisser dans mon épuisette où elle se décrochera toute seule. Coup de chance ! Après quelques clichés, elle regagnera à toutes nageoires les herbiers du secteur. Une belle « arc » qui doit faire 5 livres, boostée aux protéines de gammares qu’elle a recrachées en grande quantité lorsqu’elle a retrouvé son élément ! C’est au tour de l’ami Greg de piquer un poisson semblable, toujours au gammare. La bagarre est terrible dans ce milieu plutôt modeste en taille et il faut une bonne dextérité pour ne pas être cassé par ces truites très puissantes dans un courant soutenu.
Sèche en bordure
En remontant le parcours, si personne n’est passé devant vous, il y a de fortes chances que vous puissiez pêcher les bordures en sèche. Il faudra vous montrer très discrets et parfois lancer en revers pour éviter la végétation rivulaire si vous être droitier, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Nous avons rencontré plusieurs poissons attablés sur de petits insectes émergents. Curieusement, les truites se postent ici tout contre les berges et il faut être très précis au poser pour les faire monter. Le type de mouches qui nous a valu le plus de prises est une imitation en taille 18 de chironome en quill de paon ébarbé avec une aile en CDC. À la saison chaude, tentez aussi les imitations de scarabée en foam, car ils sont légion dans la ripisylve. Les gobages sont plutôt discrets, mais dans cette eau limpide, c’est un vrai régal de voir les truites monter en surface. Si vous connaissez bien votre matériel, je ne saurais trop vous conseiller de brider tout de suite les truites, car les pertes sont nombreuses quand le combat s’éternise. Certaines berges sont creuses et la végétation dense ainsi que les branches offrent de belles opportunités aux truites de vous fausser compagnie.
Revue de matériel
Il sera inutile de trop vous encombrer de matériel pour pratiquer ce parcours. Nous avons choisi de l’aborder avec des ensembles pour la pêche en rivière. Une canne de 9 pieds pour soie de 5 conviendra parfaitement avec cependant un moulinet au frein parfaitement réglé, car les truites du contre-canal sont surprenantes de puissance. C’est sans doute dû à la qualité de l’eau et au biotope singulier de l’endroit. Préférez un bas de ligne dégressif plutôt long qui mesure une fois et demie, voire deux fois la canne. La limpidité de l’eau impose une relative finesse de pointe, mais il faut trouver le bon compromis, car les truites sont grosses et combatives. Disons qu’entre 13 et 16 centièmes en fonction de la luminosité, vous devriez pouvoir tromper les truites. Du côté des mouches, tous les grands classiques peuvent fonctionner. Pour les sèches, il faudra prévoir des sedges émergents en canne, des oreilles de lièvre, des imitations de chironomes et des terrestres de type scarabée. Pour les nymphes, nous avons bien réussi avec imitations de gammares lestées en taille 12, des pheasants tails, des oreilles de lièvre sans casque en taille 14 et des nymphes d’olive en quill, mais tout est possible. Les poissons récemment introduits vous pardonneront quelques maladresses, les plus anciens seront plus sélectifs…
Règlement du parcours
Le règlement de ce parcours est simple, c’est un parcours no-kill (tous les poissons doivent être remis à l’eau vivants et sans distinction de tailles) et toutes techniques de pêche en utilisant des hameçons simples sans ardillon. Lors de notre passage nous n’avons rencontré qu’un seul pêcheur au leurre, les deux autres pêcheurs étaient des moucheurs. Plus d’infos : Fédération de pêche de l'Ain www.federation-peche-ain.com, le site Carte de pêche www.cartedepeche.fr et l'Office du tourisme de l’Ain www.ain-tourisme.com.
Accès
Le «Point vert», espace de loisirs au bord du Rhône propose des activités nautiques (voile, SUP, canoë, etc.) ainsi qu’un service de restauration et un hébergement de plein-air. C’est un lieu de baignade et de pique-nique apprécié. Plus d’infos sur leur page Facebook.