L'automne et l’hiver sont les saisons reines de la pêche en réservoir, ces plans d’eau empoissonnés en belles truites où l’on peut se régaler à la mouche lorsque la première catégorie est fermée. On peut bien entendu y pratiquer avec son matériel rivière, mais à l’usage, on se rend compte rapidement qu’un équipement spécifique est plus adapté. En effet, les contraintes de pêche sont très différentes de celles de la rivière, avec notam ment l’utilisation fréquente de grosses mouches, la nécessité de lancer loin et le besoin d’aller chercher les truites sous plusieurs mètres d’eau.
Une canne puissante
C’est surtout au niveau de la canne et de la soie que se situent les plus grosses différences avec le matériel rivière. Les cannes utilisées sont globalement plus puissantes afin de lancer loin des mouches fréquemment un peu lestées ou parfois très volumineuses. Le poids de la soie doit évidemment être adapté à la taille et au poids des mouches utilisées. Plus on pêche avec de grosses mouches et plus on doit utiliser des soies lourdes pour bien les lancer et donc posséder une canne adaptée. Pour les pêches fines, comme celles en sèche ou en nymphe qui se pratiquent avec de petites mouches, on peut utiliser une soie n°5, classiquement utilisée en rivière. Mais une soie plus lourde est indispensable dès qu’il faut lancer loin des mouches assez grosses.
Différentes densités
Si une soie n°7 est très polyvalente, une n°8 facilite le lancer de gros streamer ou la pêche avec plusieurs mouches volumineuses. Outre la taille des artificielles, la distance de lancer rentre également en ligne de compte, tout comme la facilité à lancer contre le vent, souvent présent en hiver. La question de la densité mériterait un article à part entière, mais peut être synthétisée dans les grandes lignes. Une des spécificités de la pêche en réservoir est en effet la nécessité d’aller régulièrement chercher les truites en profondeur. L’utilisation de mouches lestées avec une soie flottante le permet dans une certaine mesure, mais atteint rapidement ses limites lorsqu’il faut descendre profondément ou encore animer rapidement un streamer près du fond. C’est pour cette raison que des soies plongeantes sont absolument nécessaires. Mais cela se complique lorsqu’il faut choisir, car il en existe plusieurs densités, depuis les coulantes lentes jusqu’aux coulantes très rapides, nécessaires pour pêcher très profondément ou pour animer rapidement en profondeur.
Quelle vitesse de plongée ?
Les soies plongeantes coulent plus ou moins rapidement selon leur densité. Elles sont classées par des codes généralement composés de la lettre S (sinking) suivi d’un chiffre indiquant la vitesse de descente allant de S1 (peu plongeante) à S7 ou 8 (très plongeante). Une soie S3 coule à environ 8 cm/s, une S7 à près de 18 cm/s.
Faire des choix
On peut choisir d’avoir toute la palette de densité avec soi. Mais cela implique une certaine logistique, avec autant de moulinets ou de bobines que de soies, qu’il faut en outre transporter. Il faut savoir laquelle utiliser, dans quelles conditions, ce qui peut parfois conduire à passer plus de temps à douter et changer de soie qu’à véritablement pêcher. Vous pouvez simplifier les choses avec une coulante lente ou une intermédiaire pour pêcher les couches supérieures et une coulante rapide pour les pêches en profondeur et les animations vives. C’est un bon compromis !
Le bon profil
Concernant le profil, les soies à fuseau décentré (WF pour Weigth Forward) sont la règle en réservoir, pour leur aptitude à charger rapidement la canne et faciliter les lancers à distance et contre le vent. Il n’y a donc pas de questions à se poser, à moins que l’on souhaite rentrer un peu plus dans le détail et optimiser son profil en fonction de la pêche pratiquée. Comme toutes les autres composantes du matériel, tout est affaire de choix et d’objectif : pêcher assez bien avec un matériel léger et peu encombrant favorisant la mobilité ou au contraire optimiser la performance de son matériel pour chaque type de pêche, avec un sac plus conséquent à trimbaler. Il n’y a pas ici de bon ou de mauvais choix, simplement des questions de point de vue et d’objectif.
Quel profil de soie décentré ?
Il existe différents profils de soies décentrées, avec des têtes (ou fuseau) plus ou moins longues. Les soies décentrées à fuseau court (Lee Wulf TT, Airflo Forty Plus extrem, JMC perfection par exemple) permettent de lancer plus facilement en chargeant très rapidement la canne. Elles s’accompagnent en outre souvent d’un running line (la partie fine qui suit le fuseau) très fin. Une fois la tête sortie, on peut atteindre de belles distances de lancer. Mais chaque médaille a son revers. L’inconvénient de ces soies à profil court est leur manque de discrétion. Comme elles concentrent le poids sur une longueur assez courte, leur arrivée sur l’eau est plus bruyante ! Elles ne sont pas recommandées pour les pêches fines et les truites méfiantes. Leur gros fuseau offre en outre une certaine inertie une fois dans l’eau. Elles ont donc du mal à retransmettre les touches subtiles et discrètes. En revanche, cette inertie facilite l’autoferrage. On privilégiera donc ces soies pour les pêches avec des mouches lourdes ou volumineuses (streamer ou grosses incitatives de surface en mousse par exemple). Elles conviennent également bien aux pêches en sèche nymphe, dans lesquelles on utilise une nymphe suspendue sous une grosse sèche bien flottante. Les soies décentrées à profil long (comme les Lee Wulf TT Long Belly, JMC Symbole R2T ou Cortland 444 Sylk par exemple) ont d’autres qualités. Leur profil plus progressif leur procure évidemment plus de discrétion à leur arrivée sur l’eau. Ils sont à privilégier pour les pêches fines, avec de petites mouches sèches ou des nymphes pas trop grosses. Couplées à des bas de ligne assez longs et fins, elles assurent une présentation très discrète, idéale pour les conditions difficiles (surface lisse en l’absence de vent) et les truites éduquées. En outre, elles offrent moins d’inertie dans l’eau du fait d’un profil plus fin. Elles retransmettent donc mieux les touches fines et discrètes. Elles sont indiquées pour les animations lentes de petites mouches (nymphes ou noyées), avec lesquelles la truite ne doit pas ressentir trop rapidement l’inertie de la soie sous peine de nombreux manqués. Enfin, leur moindre inertie favorise une meilleure transmission du ferrage, qui est plus rapide, ce qui peut avoir son importance dans les pêches à vue ou avec de petites sèches par exemple. Vous pouvez enfin vous faciliter la vie en optant pour une soie décentrée de profil moyen. Plus passe-partout, elle évitera de se surcharger en matériel, de se poser trop de questions tout en étant relativement polyvalente.