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Trichoptères et eaux rapides

Les trichoptères sont devenus les incontournables de nos boîtes à mouches. Omniprésents dans la plupart de nos rivières, il existe une multitude d’imitations adaptées à tous les profils. Les larves se regroupent souvent en colonies formant de véritables « tapis » sur le substrat de nos cours d’eau. Les adultes, eux, émergent parfois en masse et créent de réels buffets de surface pour nos salmonidés qui n’ont que peu d’efforts à fournir pour s’en nourrir abondamment. Coup de projecteur sur deux imitations efficaces en eaux rapides…

Avec pas moins de 460 espèces et sous-espèces, les trichoptères jouent un rôle essentiel dans la dynamique des écosystèmes aquatiques français. Ils apprécient tout type de biotopes, des eaux lentes aux eaux rapides, et peuvent même être présents jusqu’à 2 500 mètres d’altitude environ. Une grande partie des larves sont de typs marcheuses ou rampantes. Elles évoluent grossièrement sur le fond ou sous les pierres et les végétaux immergés. La plupart sont omnivores mais certaines sont carnivores, détritivores ou encore phytophages. Sans rentrer dans les détails, on retiendra ici les espèces à fourreaux et celles sans fourreaux (type Rhyacophila par exemple). Au premier stade comme au stade imago, les trichoptères n’ont pas de cerque. Nous ferons donc abstraction de cette première étape de montage.

À quelles périodes de l’année ?

Les trichoptères sont présents toute l’année dans nos rivières mais c’est entre le ? printemps et l’automne que les émergences sont les plus nombreuses. Cette période colle parfaitement avec la saison de pêche de la truite d’où l’intérêt de posséder plusieurs imitations de toutes tailles dans ses boîtes… Chez nous, dans les Alpes, c’est plus précisément du mois d’août à la fin septembre que les vols sont les plus intenses, formant de véritables nuées d’insectes à certains moments.

De la nymphe au sedge. Un seul insecte, plusieurs pêches…
Crédit photo : Bernard Galliano

Comment les imiter ?

On démarrera donc par l’hameçon. Même s’il est tout à fait possible de monter ces artificielles sur hameçons droits, j’utilise le plus souvent des jigs sans ardillon qui m’autorisent une pêche tout près du substrat où se trouvent ces invertébrés. La nymphe détaillée dans ces lignes fait partie de celles que j’emploie le plus. Une bille fendue en tungstène noir métal figure donc la tête. Son cerclage imitera les annelures de l’abdomen et rallongera sa durée de vie en maintenant le dubbing sur la hampe. Ici, on optera pour une bande de tinsel fin argent fixée avec une soie de montage Nano silk noire 12/0. Ses discrets éclats pourront, par exemple, attirer le regard des poissons un lendemain de pluie. Pour matérialiser l’abdomen, nous fixerons de petites quantités de dubbing de lièvre long naturel que nous enroulerons en spires jointives. Nous stopperons les enroulements à environ 4 mm de la bille. Dans un second temps, le tinsel viendra se fixer en spires non jointives et en sens inverse par-dessus le dubbing. Un des avantages du poil de lièvre long est son aspect bourru qui va de pair avec l’irrégularité d’un fourreau de larve. L’essentiel étant de disposer d’un coloris clair « passe-partout » pour l’abdomen et d’un coloris plus foncé pour la tête et le thorax. Pour ce dernier, j’opte pour un Ice dub coloris black paon aux légers reflets bleutés qui, à mon sens, crée un lien intéressant entre la sobriété de l’abdomen et la bille noir métal de tête.

Sans fourreau, les couleurs de ces invertébrés correspondent plus ou moins à celles de notre nymphe.
Crédit photo : Bernard Galliano

Une petite collerette

Lorsque les poissons sont peu enclins à se déplacer pour se nourrir ou lorsqu’il faut « ancrer » un peu plus notre mouche dans la couche d’eau inférieure, une collerette en perdrix peut faire la différence. Dans ce cas, après les deux premiers tours du thorax, et après m’être assuré de leur bonne longueur (égale à celle de l’abdomen), j’introduis des fibres de plume de perdrix dans une boucle à dubbing formée au préalable. Pour cela, une pince prévue à cet effet (de type Magic tool Petitjean) est idéale et permet la suppression du rachis. Je twiste ensuite le tout et l’enroule sur deux tours en dirigeant les fibres vers l’arrière. Je termine enfin par un ou deux enroulements de dubbing avant de faire les nœuds finaux derrière la bille.

Une imitation indispensable sur les fougueux poissons des torrents de montagne
Crédit photo : Bernard Galliano

La pupe

Afin de passer de la larve à l’imago, les trichoptères se métamorphosent en pupe. Celle-ci remontera à la surface de l’eau et formera l’insecte parfait destiné à prendre son envol. Certaines imitations peu lestées peuvent montrer leur efficacité en eaux rapides, notamment pour des pêches à distance dans la couche d’eau, à vue ou en surplomb d’une nymphe plus lestée. Personnellement, je ne dispose que de peu d’artificielles de ce genre dans mes boîtes, appréciant tout autant le modèle de nymphe cité précédemment monté sur hameçon droit.

Les trichoptères à fourreaux se rencontrent sur un grand nombre de milieux et sont très présents en eaux rapides !
Crédit photo : Bernard Galliano

L'imago

Les trichoptères adultes restent facilement identifiables grâce à leurs ailes repliées en forme de toit sur l’abdomen. Lors du montage, l’hameçon utilisé devra être fin de fer, pour un logique gain de poids, et parfaitement piquant pour assurer les prises de poissons petits à moyens (les gros sujets prenant généralement plus de temps pour prendre la mouche en surface). Après avoir fixé notre soie de montage derrière l’œillet, nous l’emmènerons jusqu’à la courbure avant d’y faire adhérer une fine mèche de dubbing. Ne cherchant pas à imiter un genre précis de ces insectes, les coloris varieront du crème jusqu’au brun en passant par le gris clair. L’un des points importants étant de garder une flottaison accrue, j’apprécie l’utilisation d’un dubbing synthétique hydrophobe ou d’un simple dubbing de lièvre à poils courts. Ce dernier sera fixé au doigt en petites doses sur la soie de montage avec un peu de poix pour ensuite être enroulé en spires jointives sur les deux tiers de la hampe. Attention de bien respecter ces proportions sans quoi il n’y aura plus assez de place pour finaliser proprement le reste de la mouche. La seconde étape du montage est la mise en place des ailes. Pour cela nous superposerons deux plumes de cul de canard grises et nous en supprimerons un gros tiers supérieur. En plus d’apporter un degré de flottaison supplémentaire, ce matériau ajoutera un « brin de vie » sur l’eau à l’imitation. Les fibres seront ensuite dirigées vers l’avant et fixées pointes vers la courbure de l’hameçon. Une fois réglées à la bonne longueur, on éliminera le rachis. Les extrémités des fibres devront légèrement dépasser la courbure tout comme les poils de chevreuil qui seront fixés au-dessus.

L’auteur, avec l’un de ses clients, qui nous prouve l’efficacité des montages présentés.
Crédit photo : Bernard Galliano

Utilisation du brûle-fibre

À la fixation, n’hésitez pas à passer devant et derrière les ailes avec le fil de montage. Ce système fait l’effet « étau » en emprisonnant et en serrant les fibres les unes contre les autres. Celles-ci se retrouvent alors parfaitement attachées à la hampe de l’hameçon. Avant le montage de la collerette, l‘emploi d’un brûle-fibre est conseillé afin d’éviter une surépaisseur. Avec cet outil, on fera disparaître d’une manière très propre la base des poils de chevreuil. Attention cependant à ne pas brûler le fil de montage. Ensuite, nous formerons une boucle à dubbing dans laquelle nous introduirons une petite touffe de poils d’oreille de chevreuil. Pensez à vérifier la longueur des poils avant de les déposer dans la boucle. Trop longs ou trop courts leurs effets de mobilité, de réalisme et de discrétion sur l’eau ne seront pas optimaux et la silhouette globale de la mouche en sera altérée. Après l’avoir twisté, nous enroulerons le tout en spires jointives en rabattant les poils vers l’arrière sur deux tours. De plus, nous veillerons à ne pas repasser sur le tour précédent. Enfin, nous symboliserons la tête avec le fil de montage verni à l’aiguille pour plus de régularité et de précisions.

Les techniques appropriées

L’hameçon jig de notre nymphe laisse évidemment présager un usage au fil seule ou surmontée d’une seconde artificielle. Les cannes supérieures à 10 pieds seront alors les mieux adaptées pour des gestions de dérives optimales. La sèche, quant à elle, sera efficace pour une pêche de postes comme en présence d’émergences sur les lisses et les zones semi-rapides. Au coup du soir, cette mouche pourra provoquer de puissants gobages sur la technique du « sedge à draguer » en rivières lorsque les trichoptères se déplacent maladroitement à la surface de l’eau.

 

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