Guillaume, ta réputation grandit dans le monde de la pêche à la mouche, parle-nous de tes origines et celles de ta passion pour la pêche ?
Guillaume Macé : Je suis né à Grenoble, mais pour des raisons professionnelles mon père a emmené sa famille en Afrique quand j’avais un an. Au retour, j’avais 6 ans, nous habitions à Sisteron, au bord du Jabron où j’ai fait mes premières fritures ! Je suis issu d’une famille de pêcheurs. Mon frère aîné partait avec mon père et mes oncles pêcher au leurre et ma sœur et moi allions faire la friture avec ma mère. Vers 12 ou 13 ans, j’ai appris à pêcher à la mouche. Je me suis entraîné à cette pêche sur le Buech. À 15 ans, j’ai fait plusieurs périples, seul, en scooter, pour camper plusieurs jours dans le Verdon ! Tout le matériel de pêche et de camping à l’arrière du scooter, c’était une longue équipée. Ça a été mes premières aventures en solo, puis à 16 ans je suis parti seul dans les Pyrénées dans le gîte d’un guide local, pour pêcher les lacs du Carlit. Je pense que c’est à l’occasion de ces premières expéditions d’adolescent que j’ai cultivé ce besoin d’aventure en solo.
Tu es un jeune chef d’entreprise, étais-tu destiné à exercer ce métier du tourisme ?
G. M. : J’ai fait un préapprentissage en vente sur les marchés, avec l’objectif d’ouvrir un magasin de vêtements ou de pêche. Mais l’occasion s’est présentée de reprendre un domaine à l’abandon, en friche depuis sept ans, à Corps avec ma compagne Anne. C’était un pari fou, mais nous avons relevé le défi. Nous avons défriché, rénové les bâtiments et ça continue depuis dix ans, car nous travaillons dur chaque année pour améliorer le centre ! Outre l’entretien de la piscine et les réparations, il faut parfois remplacer le personnel absent et cuisiner puis faire le DJ. Le centre de vacances de La Tuile aux Loups s’étend sur environ 3 hectares, il a une capacité de 240 couchages, répartis en 40 chambres pour l’accueil des groupes (ski, raquettes, balades découverte de la nature…) et de 23 gîtes disponibles pour l’accueil des familles et des pêcheurs. Tous nos gîtes sont labellisés « pêche ». Nous accueillons aussi des manifestations dans une grande salle pour des mariages, des cousinades et anniversaires… Nous avons une ferme pédagogique, et nous assurons aussi des balades à cheval ainsi qu’à poneys.
La vie est donc un long fleuve tranquille.
G. M. : Il peut y avoir des surprises ! Un jour, je recevais un groupe de pêcheurs à la retraite, en même temps qu’une fête étudiante. Un étudiant est allé en fin de soirée se coucher dans le dortoir des pêcheurs, complètement nu ! Au petit matin quand les pêcheurs se sont réveillés, ils ne s’attendaient pas à le voir dans leur chambre, et cela nous a beaucoup fait rire !
Tu as besoin d’aventures pêche en solo, as-tu réalisé tes souhaits ?
G. M. : Au moins certains, j’ai fait trois voyages en Nouvelle-Zélande dans l’île du sud ! L’aventure a été récompensée par de très beaux poissons, elle peut cependant révéler quelques surprises ! Lors de mon dernier séjour là-bas, j’ai été attaqué à trois reprises par un faucon, pendant que je remontais la rivière. Je suppose qu’il voulait protéger son nid que je n’avais pas remarqué ! Sur les conseils d’un ami, qui avait fait un film sur la pêche de l’aïmara, je suis parti en Amazonie vivre une expérience de pêche, mais aussi une aventure humaine, extraordinaire, avec des Indiens dans un village amérindien, où j’ai pu pêcher l’aïmara. Je ne connaissais personne mais ce fut une merveilleuse épopée, en pirogue, au milieu des méandres de rivières d’une eau sombre et des insectes et autres reptiles. Une nuit, j’ai accompagné mon guide à la chasse au caïman, c’était impressionnant ! Nous en avons attrapé un que le guide a cuisiné dans de l’eau bouillie, ce n’était pas mauvais mais il manquait une petite sauce d’accompagnement ! Cette aventure en Guyane a nécessité une préparation importante, pour laquelle je me suis inspiré des techniques de survie que j’ai glanées sur Internet ! Tous ces voyages en solitaire, que ce soit en Guyane amazonienne, en Guadeloupe ou en Nouvelle-Zélande, m’ont permis de satisfaire le besoin de me retrouver seul, car toute l’année je suis au milieu des autres et à leur service. Malgré tout, il y a quelques années, je suis parti avec un groupe, sur un voilier, aux Seychelles, pour traquer les carangues GT et bleues, mais j’ai aussi capturé une orphie géante que j’ai voulu photographier en la laissant dans l’eau, elle s’est retournée et m’a attaqué à la cuisse, en serrant très fort, tout en se débattant. J’ai eu beaucoup de mal à la faire lâcher, et je porte encore les stigmates de cette blessure.
Tu viens d’évoquer tes voyages à l’étranger, mais qu’en est-il des rivières environnantes ?
G. M. : Je suis un passionné des rivières alpines, des rivières du Jura ainsi que de Normandie pour pêcher les truites de mer. Bien sûr, je pêche beaucoup le Drac qui se situe à proximité et les rivières environnantes, d’autant que je suis aussi président de l’Aappma La Gaule de la Sézia, gestionnaire de la Souloise pour sa partie Isère, du lac du Sautet et du ruisseau de la Sézia.
Quelles sont tes techniques de pêche préférées ?
G. M. : Dans mes rivières alpines, c’est la pêche au fil avec un long bas de ligne, style espagnol, que je pratique le plus compte tenu de la configuration des rivières, bien que je pratique un peu la pêche en sèche. Mais ce sont souvent les petits poissons qui sont les plus opportunistes avec ce type de pêche. Mes deux techniques préférées restent la pêche à vue et la pêche en mouche sèche que je pratique sur des rivières plus lentes comme la rivière d’Ain, la Bienne et les rivières de Nouvelle-Zélande.
Ton emploi du temps professionnel te laisse-t-il du temps pour pêcher comme tu le souhaites ?
G. M. : Certes, je souhaiterais aller plus souvent à la pêche, mais je suis proche des rivières que j’aime, aussi il m’arrive de trouver deux heures pour m’échapper, mais en restant toujours joignable au cas où ! Ce qui est difficile, c’est que les dates d’ouvertures de la pêche correspondent aux dates de la forte fréquentation touristique du centre. Jusqu’à peu, les périodes d’avril, septembre et octobre me laissaient un peu plus de liberté pour pêcher, mais le dérèglement climatique décale aussi la saison propice aux touristes.
J’ai vu sur les réseaux sociaux quelques-uns de tes dessins, trouves-tu toujours le temps de dessiner ?
G. M. : En fait, je suis caricaturiste, portraitiste, peintre et je commercialise mes œuvres sur les marchés nocturnes l’été, où je fais en plus des caricatures et des portraits en direct. Je vends aussi des lithographies de poissons. Je loue mes services à la journée pour des manifestations au cours desquelles je dessine des caricatures ou des portraits, les gens aiment beaucoup.
Je crois savoir que tu représentes aussi une marque ?
G. M. : Je suis devenu ambassadeur pour la marque JMC Mouches de Charette de façon fortuite. Au Salon de L’Isle-sur-la-Sorgue, Grégoire Juglaret, que je connaissais, m’a invité à venir faire une démonstration de casting avec du matériel qu’il présentait. En effet, je pratique le lancer longue distance sur le stade de Corps où je m’entraîne. Je lance avec une canne de 9 pieds et soie de 5, assez souvent à 37 mètres et mon record est de 38,92 mètres ! Les dirigeants de la société ont remarqué mes performances et, au fil de la discussion, comme je voyage et que je me débrouille bien en photographie, nous avons eu un bon feeling et ils m’ont proposé d’être un de leur ambassadeur.
Quels sont tes objectifs pour l’avenir ?
G. M. : J’aimerais continuer à explorer le monde, pêcher de nouvelles espèces. Je rêve d’aller en Patagonie ! L’an prochain je retourne en Nouvelle-Zélande