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Pêche du brochet aux streamers sur la Dordogne

La Dordogne est une rivière réputée et attractive pour les pêcheurs à la mouche qui profitent tout au long de la saison des grands plats et des nombreux courants, pour présenter aux truites et aux ombres leurs imitations de sèches, de noyées et de nymphes. Il est pourtant une technique moins pratiquée et pleine de sensations qui permet de prolonger notre loisir même après la fermeture des salmonidés : la pêche du brochet aux streamers.

C'est en revenant dans ma Dordogne lotoise natale, près de Souillac, que la passion de la pêche à la mouche ressurgit comme une évidence. C’est au travers de cette vallée magnifique faite de falaises calcaires et de patrimoines exceptionnels que la rivière Espérance, comme on la surnomme, coule sur un lit de galets entre les renoncules. Du mois de mars sur les march brown jusqu’en arrière-saison sur les fourmis et les petits éphémères, je sors la canne en sèche et en nymphe pour tenter les truites et les ombres de Meyronne à Cazoulès. Mes allers-retours incessants me font rencontrer quelques habitués de cette rivière, Matthias en fait partie.

Gros plan sur un bec de la Dordogne qui a englouti un streamer blanc argenté.
Crédit photo : Anthony Desplat

Il est temps de sortir les streamers !

Matthias m’explique qu’en arrière-saison, il navigue la Dordogne lotoise avec quelques amis à la rencontre de deux poissons très actifs à l’automne : l’ombre et le brochet. « Sur ces secteurs, on retrouve pas mal de grands calmes mais aussi de jolis couasnes (bras morts) propices à la présence des brochets, ce sont des postes bien marqués. Mais on va profiter d’être en bateau pour pêcher également les bordures de falaises et les petits remous formés par les souches et les racines des arbres. La cerise sur le gâteau serait d’assister dans l’après-midi à une belle éclosion d’ignitas, ça nous permettrait de sortir la canne en sèche sur les ombres. » Si la pêche des ombres en arrière-saison m’est familière, le brochet à la mouche me laisse plus perplexe, surtout en bateau… Le rendez-vous est pris ! Descente en bateau entre Belcastel et le château de Lanzac (environ 7/8 km). La Dordogne est une grande rivière aux accès parfois difficiles et, avec certains spots, totalement inaccessibles en wading. En arrière-saison commence généralement la période des lâchers de barrages et des grandes averses après l’été qui peuvent faire bouger la rivière. Il suffit d’avoir un peu plus de 100 m3 d’eau à Souillac pour ne plus avoir d’accès en wading à la rivière, ou alors très dangereusement. Outre le fait que l’embarcation permet de pratiquer avec des niveaux plus conséquents (attention, c’est une rivière qui peut devenir dangereuse), le canoë est une embarcation de choix pour pratiquer la pêche à la mouche sur la Dordogne.

Les deux cannes sont prêtes sur l’embarcation tout comme la boîte de streamers.
Crédit photo : Anthony Desplat

Streamers et bas de ligne

Il existe un large choix de streamers sur le marché, avec des couleurs et des caractéristiques différentes, certains flottants comme les poppers, d’autres coulants mais non plombés et autres plombés ou équipés d’une virgule en plastique souple. Mais dans tous ces choix, on a toujours une préférence à laquelle on croit plus qu’en d’autres, suivant les postes attaqués. Matthias utilise beaucoup de streamers sur des bases de blanc avec des compléments d’orange, de jaune ou de rose. L’intention d’imiter une vandoise, un chevesne ou une ablette bien présente sur le secteur sera l’idée de base. Les grands streamers de 20/27 cm de long sont fabriqués à base de yak, de bucktail et de fibres holographiques montées pour la plupart sur des hameçons sans ardillon JMC special brochet Bro 10. Ces hameçons sont parfaits sur la tenue du poisson et favorisent sa remise à l’eau dans de bonnes conditions. De plus, ils sont également plus faciles à décrocher du fond ou d’une souche, ce qui n’est pas négligeable vu le temps que l’on passe devant l’étau. Il monte également des streamers plus petits de 12/18 cm imitant « une ablette » avec seulement des fibres synthétiques qui absorbent beaucoup moins l’eau et qui plongent plus rapidement, comme le Diabolic Flash de chez JMC, qui est simple d’utilisation et très réaliste. Un brochet peut venir sur le streamer pour se nourrir tout simplement mais aussi, et souvent, par agressivité pour protéger son territoire… donc il ne suffit pas d’être réaliste sur ces imitations pour être sûr de bien pêcher ! Pour le bas de ligne : un mono-filament en 35/40/100 d’une longueur de 2 ou 2,5 m fera l’affaire. Un avançon est obligatoire et se traduit par trois possibilités : le fluorocarbone en gros diamètre (80/100 ou +), l’acier multibrins (7 kg et +) et les bas de ligne en titane. Peu importe le choix, le principal est d’être bien armé! Il suffira de rajouter une agrafe spéciale leurre pour accrocher et changer de streamer dès que cela est nécessaire.

Pour les spots... Quel choix ?

C’est toujours le problème sur la Dordogne : le choix du poste ! Il y en a tant à faire… Pour pêcher les brochets à la mouche, ce sont surtout les niveaux qui vont déterminer la descente ou la portion à pratiquer. Pour faire simple, si les niveaux sont hauts on favorisera les couasnes (les bras morts) et les grands calmes comme les anciennes gravières et grands remous. Si la rivière est assez basse, on pratiquera plutôt une pêche de bordures en se laissant dériver gentiment par le courant, il faudra également insister sur les plages aux pentes abruptes. Mais c’est avant tout le choix du lieu où l’on aime pratiquer et qui fait plaisir à voir et à revoir. Matthias utilise généralement deux cannes montées sur le canoë : une Orvis Recon 9’#9 et la même en 9’#8. Elles sont puissantes et assez courtes, pour plus de réactivité et de confort en bateau. Il n’est pas nécessaire d’utiliser des grandes cannes en 10’ qui n’ont pas d’intérêt et deviendraient vite pesantes en fin de journée. La canne en soie de 9, la plus puissante, est privilégiée pour la pêche avec de gros streamers, équipés ou pas de Wiggle Tails ou de Dragon Tails avec une soie WF à tête plongeante S5 qui me permet de pêcher entre deux eaux sans difficultés un peu partout. La Recon 9’#8 est montée avec une WF à tête plongeante S8 pour une plongée plus rapide dans les couches d’eau. Matthias utilise généralement des streamers plus petits et moins « spongieux ». Ce genre de soie très plongeante facilite aussi les pêches de bordures en bateau, où le courant peut devenir un vrai bouclier à la pénétration du streamer. Côté moulinet, rien d’extraordinaire… même si le brochet peut être un poisson très puissant à la touche et pendant le combat, sa résistance est assez modérée, voire courte. N’importe quel bon moulinet Large Arbor fera l’affaire, privilégiez peut-être une version à cassette ou un pack avec des bobines supplémentaires pour changer de soie plus rapidement, surtout si l’on démarre avec une seule canne.

Sur cette grande rivière, une embarcation est indispensable pour réussir.
Crédit photo : Anthony Desplat

Touche, ferrage et premier combat

Les conditions semblent idéales avec un temps couvert et sans vent. Les niveaux, quant à eux, sont parfaits, Vigicrue annonce 165 m3 à Souillac. C’est en fin de matinée que nous partons de la mise à l’eau de Belcastel. Matthias m’explique qu’il n’est pas forcément nécessaire de commencer la pêche du brochet trop tôt à cette saison. Selon lui, les brochets seraient beaucoup plus actifs dès la fin de matinée et dans l’après-midi. Un premier poste intéressant se présente à nous, deux bordures calmes et assez profondes. Le courant central est assez puissant, formant des remous qui nous imposent de bien nous placer. Ce qui est avant tout primordial, c’est l’approche du poste et le positionnement du bateau. Après quelques lancers, Matthias m’interpelle : « Je viens d’en faire suivre un au bateau, ce n’est pas un monstre, mais son attaque a été impressionnante ! »

Un magnifique spécimen capturé par Matthias sur une bordure.
Crédit photo : Anthony Desplat

Tout en le regardant dans l’attente d’un ferrage en direct, je prends soin d’animer doucement mon streamer pour pêcher en profondeur, comme il me l’a conseillé. Je sens un arrêt brusque sur ma soie, je ferre… ça se débat, c’en est un ! Le combat est puissant, mais le poisson monte assez vite en surface, c’est un brochet modeste mais en pleine forme. À peine remis à l’eau, me voilà tout excité et je me remets en action de pêche en quête du prochain sujet.

Voici le streamer préféré de Matthias. Notez l’avançon en titane sur le bas de ligne pour plus de sécurité.
Crédit photo : Anthony Desplat

La dérive continue, nous abordons un poste plus profond, je vois Matthias changer de canne afin d’aller débusquer quelques poissons dans les fosses. En le regardant faire, je me rends compte qu’il pratique une pêche de proximité. Des lancers pas très longs, une longue attente pour laisser le streamer pénétrer les couches d’eau. Il reprend le contact avec des animations très lentes, marque quelques pauses. C’est une pêche qui lui permet de sonder, d’être constamment en contact avec le fond et de déclencher l’attaque d’un sujet qui s’alimente sans s’épuiser. D’un coup, il prend un stop de dingue ! Sa canne se plie en deux, son canoë se met de travers, ne suivant plus le rythme normal de la rivière. Nul doute il n’est pas accroché, il vient d’atteler un beau sujet. Un gros combat démarre, je vois le regard de Matthias, très déterminé, ce n’est pas le poisson qui le fera plier. Pas de place à l’improvisation, il n’y a pas d’erreur possible, c’est très clair dans sa tête, il bride le poisson au maximum, le fait monter très vite, un passage devant l’épuisette et c’est gagné. Me voilà enfin face à ce beau sujet de la rivière, un poisson trophée et un pêcheur bien récompensé. Grâce aux précieux conseils de Matthias, ma pêche s’affine et me permet petit à petit de commettre moins d’erreurs, de faire des sorties plus productives avec quelques beaux spécimens.

Sur la Dordogne, pour pêcher les brochets à la mouche, ce sont surtout les niveaux qui vont déterminer la descente ou la portion à pratiquer.
Crédit photo : Anthony Desplat

Arrivé en fin de saison, je me rends compte que je suis piqué, que j’ai trouvé là une véritable passion. Même si nous n’avons pas besoin de prétextes pour passer plus de temps sur notre rivière, il est toujours bon de prolonger les saisons pour ce beau poisson. La pêche du brochet à la mouche procure de très belles sensations, avec des combats intenses et des attaques musclées qui font de ce grand carnassier des eaux douces un poisson extraordinaire. Cette arrière-saison a été grandiose, ce poisson ne nous a laissé aucune chance, pas de place au hasard. À tour de rôle, nous nous sommes respectés, affrontés, et chacun a pu gagner. Nul doute, quelle que soit sa taille, ce poisson reste un véritable trophée. Le soleil commence à disparaître de la vallée, dévoilant les dernières lueurs d’espoir d’une passion. On porte un dernier regard sur notre compagnon de pêche, nous le voyons repartir, disparaître dans les profondeurs de la rivière. Le bout des doigts paralysé, nous essayons de garder une trace, une mémoire des marques qu’il nous a laissées. Cette immersion sauvage ne nous semble plus qu’un vaste souvenir, une pensée. Mais nous l’imaginons enfin se reposer, car, de notre côté, nous préparons la rentrée en mars avec nos beaux salmonidés.

Infos, règlementation et contact

Infos pratiques

Cette rivière peut parfois être capricieuse. Il est donc important, dans notre approche, de nous servir des outils mis à disposition permettant de vérifier le débit et les niveaux de la rivière. Les applications Niv’eau ainsi que Vigicrue sont de très bons accessoires de surveillance, tant sur l’approche technique du parcours de pêche mais aussi en matière de sécurité.

Réglementation

Rappel de l’évolution réglementaire, sur la Dordogne en partie lotoise. La fédération de pêche du Lot a mis en place dès le 1er janvier 2020 une fenêtre de capture sur le brochet. La taille de capture possible se concentre entre 60 et 80 cm. L’étude scientifique est en cours, et la fédération sera en possibilité de nous transmettre des données réelles à partir de 2023. Afin de récolter un maximum d’informations, la fédération de pêche du Lot a distribué des carnets de capture dans chaque AAPPMA. L’application « fish friender » permet également à tous les pêcheurs de remonter des données grâce à son Smartphone. D’après les connaissances actuelles sur la vie biologique de ce poisson, il faut savoir qu’un spécimen relâché mesurant minimum 80 cm aura normalement une croissance de 10 à 15 cm par an jusqu’à atteindre la taille de 95 à 100 cm.

Contact

www.pechelot.com
133, quai Cappus - 46000 Cahors
Tél. : 05 65 35 50 22
E-mail : info@pechelot.com

 

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