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Pêche du mérou à la mouche : la puissance d'une brute !

Voici le mérou marbré de Polynésie, une espèce très présente sur les atolls et aussi très agressive ! Il vit souvent en petit groupe autour des grosses patates coralliennes et, malgré sa taille modeste, une soie de 10 est un minimum pour le sortir des obstacles !

Crédit photo Herlé Hamon
Il est clair que les mérous ne sont pas des poissons que l’on recherche spécifiquement à la mouche. Pourtant, sur certaines destinations tropicales, comme dans l’océan Indien ou le Pacifique, leur capture n’est pas exceptionnelle, loin de là!

Il s’agit certainement d’une des espèces les plus puissantes dans les quelques secondes qui suivent la touche. Le mérou piqué va tenter de regagner sa cache dans le corail ou les rochers alentour et un spécimen, même de taille modeste, va mettre nos cannes à rude épreuve… Le terme de mérou est un nom vernaculaire qui désigne, en français, plusieurs espèces de poissons de la famille des Serranidae, voire de celle des Polyprionidae. Le plus connu chez nous est le mérou brun (Epinephelus marginatus) que l’on rencontre surtout en Méditerranée. Les mérous ont été victimes de la surpêche et leur population s’est effondrée de plus de 80 %, notamment sur les côtes africaines. Certaines espèces ont été élevées en pisciculture dès 1975, particulièrement en Asie. En 2020, la moitié des besoins mondiaux étaient ainsi couverts par l’élevage. L’importante famille des Serranidae est très diverse, avec environ 150 espèces, et elle rassemble des poissons d’aspect assez différent, comme les Anthias, les loches ou les barbiers communs.

Le mérou est un vaillant combattant !
Crédit photo : Herlé Hamon

De nombreuses espèces

Le principal groupe de mérous se trouve dans la sous-famille des Epinephelinae, qui regroupe 22 genres et 87 espèces. On les rencontre surtout dans les eaux tropicales mais aussi tempérées, de 1 à 300 mètres de profondeur. Ils sont tous carnivores et chassent des poissons, des crustacés ou des mollusques, ce qui fait qu’ils sont donc presque tous prenables à la mouche ! Je dis bien presque tous, car certains mérous atteignent des tailles colossales et il est utopique de penser les sortir avec une canne au fouet, même solide… La loche ou mérou géant qui habite une vaste zone tropicale peut peser jusqu’à 400 kilogrammes et mesurer 3 mètres de longueur. J’ai déjà eu l’occasion, notamment en Australie, d’en avoir à portée de mouche mais je n’ai jamais lancé, car j’étais certain de me faire casser et donc de laisser un hameçon dans la gueule de ces fantastiques géants. Une autre particularité des mérous est que la plupart des espèces sont hermaphrodites successifs, ce qui signifie que tous les individus naissent femelles et que certains deviendront mâles lorsque la situation l’exigera. Encore un miracle de la nature ! On ne capture pas des mérous à la mouche sur toutes les destinations. L’océan Indien et surtout le Pacifique offrent les meilleures opportunités. Les atolls sont les biotopes parfaits pour ces espèces dépendantes, le plus souvent, des récifs coralliens qui leur apportent le gîte et le couvert. Les mérous ne craignent pas l’homme et sont même curieux de nature. Il n’est pas rare d’en voir un ou plusieurs sortir d’une grosse patate corallienne, attirés par le bruit de vos pas en bordure d’un flat.

Les failles dans la barrière de corail entourant les atolls sont des postes de choix pour les mérous mais, encore une fois, le matériel doit être très puissant pour contrer les démarrages de ces poissons.
Crédit photo : Herlé Hamon

Des mérouis oui, mais pas trop gros...

Voici une petite anecdote qui date d’il y a un an environ, lors d’un séjour en Polynésie française. J’avais trouvé un beau chenal dans une barrière de corail que je pouvais approcher facilement, à marée basse, pour le pêcher du bord en wading. J’avais alors devant moi un magnifique tombant avec de l’eau cristalline et une dizaine de mètres de profondeur. J’étais donc parti avec deux cannes en soie de 12, une flottante et une pointe intermédiaire, toutes deux équipées de grands streamers montés sur des hameçons renforcés en 4/0 et de solides bas de ligne en 100 lb. Mes cibles étaient les carangues, les lutjans et les mérous en tout genre… Je n’allais pas être déçu ! Dès le premier lancer, je prends une modeste carangue bleue d’environ 3 kg qui ne fait pas la maline vu mon matériel. Le combat avec ce poisson met en alerte les autres prédateurs de la faille et notamment plusieurs beaux mérous que je vois monter du fond. Parfait, me dis-je, j’expédie mon streamer à une dizaine de mètres et le laisse couler un peu avant de stripper énergiquement. À 2 mètres du tombant, une masse sombre monte d’un coup et avale ma mouche. Je tends la soie, qui est une Scientific Angler Sonar Titan résistant à 100 lb et, de ma main gantée, tire comme un beau diable. Le problème est que ce poisson, qui fait entre 10 et 15 kg, décide de rentrer sous la patate sur laquelle je suis installé. Je n’ai pas le temps de réagir avant d’entendre ma canne se briser en 5 ou 6 morceaux… Je ne vous parle pas de la soie que j’ai dû extirper du corail pour finir par perdre la moitié du fuseau. Bref, ce genre de désagrément arrive lors des pêches dites « extrêmes » et c’est pour cela que j’avais une seconde canne. Je range donc les morceaux de la première et relance au milieu du chenal. J’ai le temps de ramener deux fois avant de me faire atteler par un autre mérou mais pas très gros. Je l’empêche sans trop de problèmes de regagner le corail et le ramène jusqu’à l’aplomb de mon perchoir. Alors qu’il est gentiment en surface et que je me baisse pour le décrocher, un de ses congénères, mais d’une trentaine de kilogrammes, l’avale tout rond et replonge dans une énorme éclaboussure. Je ne peux que constater que mon scion a disparu, ma canne n’a pas supporté l’attaque et, quand je reprends contact il est déjà trop tard, le gros poisson a retrouvé les profondeurs de cet enchevêtrement corallien…

Un beau marbré de l’océan Indien qui avait regagné sa cache et a dû être sorti en force, comme le montrent les marques sur ses flancs. Un bas de ligne de minimum 100 livres est indispensable dans ce genre de pêche…
Crédit photo : Herlé Hamon

Deux cannes de 12 explosées en deux lancers, qui dit mieu ?

J’étais dégoûté mais, en même temps, pas encore prêt à abandonner mon super spot. Je suis donc revenu au bateau et reparti avec ma dernière canne de fort tonnage, du très costaud : une 13/14. Là, je ne rigolais plus ! Soie plongeante de 100lb, 140 lb en bas de ligne en direct et un tube fly de 30 cm avec deux Gamakatsu en 6/0 en guise d’hameçons, une pêche fine en somme ! Trois lancers plus tard, il ne me restait plus que la poignée de la canne dans la main. Cette fois, le poisson qui a englouti mon grand streamer faisait sans problème plus de 50 kg, pas vraiment possible à arrêter en équilibre précaire sur ma patate de corail. Heureusement, le séjour était presque fini… Sans tenter ce genre de défis un peu extrême, la pêche des mérous dans peu d’eau offre de belles opportunités. Je dirais surtout dans les atolls du Pacifique où ce prédateur des récifs coralliens est très touché par des microalgues toxiques venant du corail et se stockant dans la chair du poisson, provoquant chez l’homme la ciguatera, le rendant impropre à la consommation. Cela fait que tous les mérous dépassant 2 ou 3 kg sont systématiquement relâchés ! Pour avoir déjà contracté deux fois la ciguatera en mangeant cette espèce, je vous avoue qu’aujourd’hui, je ne consomme plus aucun mérou même d’une demi-livre… La population dans le Pacifique est donc en très bonne santé et plutôt en augmentation maintenant. Car les ciguatoxines ne tuent pas les poissons qui la contractent, ils atteignent donc des tailles importantes sans être malades. En soie de 10, il est vraiment amusant de voir les mérous marbrés ou les truites de corail sortir de leur cache pour avaler vos mouches. Il faut les brider immédiatement pour les éloigner des obstacles. Passé la violence de ces premières secondes de combat, les mérous se rendent bien vite. Il est souvent possible d’en prendre plusieurs sur un même secteur, car les petits spécimens de quelques kilogrammes sont le plus souvent grégaires. Les mérous sont, en plus, de très beaux poissons avec des robes incroyables, arborant des marbrures, rayures ou points de toutes les couleurs. Ils sont de bons partenaires de jeu, toujours prêts à avaler une mouche, ce qui parfois est intéressant lorsque les autres espèces sont difficiles à trouver. Vivement ma prochaine rencontre avec ces sacrées bestioles ! D’ici peu de temps à l’heure où j’écris ces lignes…

Les mérous sont souvent curieux et viennent traîner le long des bateaux. Ils n’ont en général pas peur de l’homme et il m’arrive donc parfois d’en capturer en soie de 12 depuis les catamarans qui me servent de base sur certains voyages.
Crédit photo : Herlé Hamon

Le matériel pour le mérou

Pour les gros mérous de plus d’une dizaine de kilogrammes, je vous conseille du matériel très costaud, c’est-à-dire des cannes de puissance 12 et plus, et notamment des cannes composées tout ou partie de fibres de verre pour pouvoir contrer le premier rush surpuissant de ce poisson. Au niveau du moulinet, vous devez de toute façon tout bloquer à la main pour éviter que votre adversaire vous emmène dans le corail ou les rochers alentour, donc vous n’utiliserez pas beaucoup le frein normalement… mais plutôt un bon gant pour stripper ! Au niveau des soies, les Scientific Angler Sonar Titan en 100 lb sont les plus solides du marché aujourd’hui, donc à privilégier dans ce genre de pêches quelque peu brutales ! Le bas de ligne doit être très costaud pour résister à l’abrasion, notamment si le poisson arrive tout de même à se frotter au corail. Du 100 lb monobrin est un minimum également. De toute façon, un gros mérou pourrait avaler votre streamer même s’il était directement noué sur la soie. Les mouches doivent être grandes, entre 15 et 25 cm idéalement, et surtout montées sur des hameçons très forts de fer Tiemco 600SP, Gamakatsu SL 12S Big Game, TOF SS 1920. Maintenant, à vous de jouer !

Du bord, les combats avec les mérous ne sont jamais gagnés d’avance. Il faut du matériel solide pour les empêcher de regagner leurs caches dans les rochers ou le corail !
Crédit photo : Herlé Hamon

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