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Bien construire un bas de ligne avec des potences

Notre expert et champion du monde Grégoire Juglaret s’est penché méticuleusement sur la manière de procéder pour réaliser un bas de ligne bien construit qui porte une ou plusieurs potences. En effet, dans de nombreuses techniques, il est utile de présenter plusieurs mouches aux salmonidés. Diamètre, longueur, espacement, nœuds… une belle revue en détail. Il vous propose ici une approche théorique et schématique qui sera bien évidemment à moduler en fonction des rivières et des poissons rencontrés. C’est parti !

Chapitre 1 : les fils

Comme pour toutes les pointes, vous avez trois choix.

Le Nylon

Il vous offrira principalement de la souplesse et de l’élasticité. D’une densité d’1,14, il est le moins dense des matériaux disponibles, on s’en servira donc pour toutes les pêches légères afin d’avoir une présentation souple, en surface ou proche de la surface. À réserver pour les pêches en sèche, en washing line et tandem.

Le fluorocoating

Schématiquement, c’est un Nylon recouvert d’un revêtement en fluorocarbone. Il reste relativement souple et est plus résistant à l’abrasion qu’un simple Nylon. Il sera à privilégier dans les rivières abrasives ou encombrées. Attention, il est un peu plus sec que le Nylon, il faudra donc soigner les nœuds pour éviter les casses intempestives. Cela sera le matériau polyvalent pour les potences.

Le fluorocarbone

Deux caractéristiques de ce fils seront intéressantes pour les montages en potence : sa densité (1,77) et sa rigidité. Sa densité lui permettra de fendre rapidement la surface de l’eau afin de gagner rapidement les couches désirées. Sa rigidité, dans certains montages, permettra de bien espacer la mouche en potence du corps de ligne. Le fluoro sera donc à réserver aux pêches en nymphe, en noyée et au streamer.

Sur les truites difficiles, veillez à la souplesse de la potence pour la pêche en nymphe
Crédit photo : Herlé Hamon

Chapitre 2 : les noeuds 

Là aussi, tout est histoire de confiance et d'habitudes. Le meilleur nœud du monde ne sera efficace que s’il est parfaitement maîtrisé. Ici, je vais vous proposer deux formules, plus ou moins classiques, qui vous permettront de couvrir toutes les situations.

Le noeud du chirurgien classique

Ce nœud est à réserver aux fils de diamètres supérieurs au 16, et/ou aux potences partant vers le bas, conditions pour lesquelles il reste résistant et ne risquera pas de s’ouvrir.

Apposer vos deux brins.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Former une boucle. 
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Passer les deux éléments de la pointe dans la boucle à deux ou trois reprises.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Serrer et conserver l’élément du bas
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Le noeud du chirurgien renforcé

Si vous souhaitez utiliser l’élément du haut, une étape supplémentaire sera à réaliser. C’est Pascal Cognard (triple champion du monde et fantastique guide spécialisé des pêches fines et techniques) qui m’a présenté ce nœud, il y a maintenant plus de vingt ans. Élaboré avec le sage Jean Goudard, ce nœud a permis à Pascal de régler le problème du chirurgien quand on s’en sert en gardant la potence vers le haut, il y a un risque qu’il s’ouvre !

Éliminer l’élément du bas. 
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Former une boucle entre la potence et le corps de ligne et passer votre brin deux fois à l’intérieur.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Serrer et orienter votre potence.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Le noeud de 8

J’utilise ce nœud depuis qu’un copain d’école, fan d’escalade me l’a présenté. En théorie, s’il accroche sa vie à ce nœud, on pourra bien y accrocher une mouche ! Il est, à mon sens, idéal pour les diamètres inférieurs au 16. Comme il vient en blocage et non en serrage, il n’échauffera que très peu votre fil et ne perdra donc pas en résistance. Le fait qu’il soit croisé maintiendra les différents brins sur le même plan, il ne risquera pas de s’ouvrir, que vous utilisiez le brin du bas ou celui du haut pour la potence

Apposer vos deux brins.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Former une boucle. 
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Vriller cette boucle pour en former une seconde dans le même sens que la première. 
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Passer les deux éléments de la pointe dans la boucle du haut. 
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Serrer et conserver l’élément souhaité
Crédit photo : Grégoire Juglaret
.

Chapitre 3 : les potences

Le nombre 

Le nombre de potences sera à moduler pour répondre à trois besoins.
• Une prospection de surface : c’est une application à la pêche en noyée avale. Plus il y aura de surface à couvrir, plus on mettra de potences (dans la limite de trois mouches en France), et plus on les écartera. Dans le cas des postes plus marqués ou des petites rivières, deux noyées peuvent suffire. On espacera généralement les mouches de 80 cm sur les postes marqués à 120 cm, s’il faut couvrir rapidement de grandes étendues d’eau.
• Une prospection de hauteur : dans le cas d’une couche d’eau importante, il se peut que les poissons soient répartis à plusieurs niveaux. Il est alors intéressant de pêcher à plusieurs nymphes de densités différentes, afin de prospecter en une seule dérive, deux à trois couches différentes, et ce en variant l’espacement entre les mouches, généralement entre 30 et 80 cm (minimum 50 cm en compétition).
• Multiplier le choix des mouches

En pêche au fil amont, on utilisera le fil du bas du nœud pour faire la potence, le poids de la nymphe suffisant à écarter la mouche du corps de ligne. Une potence de 10 centimètres sera parfaite
Crédit photo : Herlé Hamon

Les longueurs

Plus la potence sera longue, plus la mouche aura de liberté et donc ne sera pas bridée, mais attention il y a des limites. Dans les techniques « tandem sèche/nymphe », si l’on souhaite avoir une sèche pêchante, il faudra la monter en potence. Plus la potence sera longue, plus la sèche pêchera, mais moins on détectera les touches sur la nymphe. Il faudra donc varier la longueur de la potence en fonction de l’activité des poissons. Extrêmement courte s’ils ont plutôt la tête en bas (2 cm max), plus longue s’ils sont actifs et enclins à gober (jusqu’à 7 ou 8 cm). Pour les pêches sous l’eau, une potence de 10 cm n’est pas à craindre. D’ailleurs, dans le cas de l’utilisation de deux potences, le top dropper pourra mesurer 15 bons cm et l’intermédiaire en fera 10.

Les meilleures nymphes seront inefficaces si leurs dérives ne sont pas naturelles.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Les orientations

Il y a plusieurs facteurs à respecter pour choisir l’orientation de sa potence. D’une part, la résistance. Une potence dirigée vers le bas du montage sera plus solide du fait de son angle qu’une potence dirigée vers le haut. Si l’on pêche fin, cette caractéristique sera à prendre en compte, notamment à la touche. Si l’on voit la touche, comme en nymphe au fil ou en tandem, pas de soucis, on dosera le ferrage pour ne pas claquer le nœud au moment de ta tension. Au contraire, si on sent la touche, comme en noyée, parfois violente, on augmentera le diamètre si l’on garde la potence du haut ou on utilisera celle du bas si on doit pêcher fin. D’autre part, la souplesse du fil. En conservant la potence du bas, il sera plus efficace de pêcher avec un fil souple (type Nylon) qui se décollera facilement du corps de ligne. Au contraire, si l’on utilise la potence du haut, un fil rigide (type fluorocarbone) sera plus efficace.

1. Pêche en tandem sèche/nymphe amont

Pour ce montage, l’idéal est de garder la potence du bas et de privilégier le Nylon. La potence sera généralement courte, entre 2 et 5 cm, pour être très réactive à la touche. On espacera les mouches, de 80 cm à 150 cm, la sèche ne servant pas uniquement de bouchon, en veillant à ce que les deux mouches soient bien dans la même veine.

2. Pêche à deux nymphes verticales

Dans ce cadre, on plébiscitera le fluorocarbone et on gardera la potence vers le haut. La potence fera 10 cm, ce qui lui laissera de la liberté, mais aussi facilitera le changement de mouche. En pointe un jig sera l’idéal alors qu’en potence on gardera un hameçon droit.

3. Pêche à deux nymphes, amont

Si les deux nymphes pêchent dans la couche d’eau, un Nylon pourra faire parfaitement le travail! On utilisera le fil du bas du nœud pour faire la potence, le poids de la nymphe suffisant à écarter la mouche du corps de ligne. Une potence de 10/100 sera parfaite.

4. Pêche à deux nymphes, aval

Dans le cadre de cette pêche, souvent destinée à l’ombre, on gardera la potence du haut pour écarter naturellement la mouche du corps de ligne. On privilégiera donc l’emploi du fluoro. Une potence de moins de 10/100 sera efficace, car elle maintiendra la mouche écartée.

5. Pêche en noyées et au streamer, aval

Ici, on gardera la potence du haut, et on utilisera le fluorocarbone. L’espacement des mouches sera plus important entre la mouche de pointe et la potence intermédiaire qu’entre les deux potences. Le top dropper sera plus long que l’intermédiaire, généralement 15 et 10 cm. Attention, la touche peut être vraiment violente, un 14/100 sera un vrai minimum, notamment en début de saison !

En sèche nymphe, la qualité d’une potence est de tout premier ordre pour piquer le poisson qui a pris la mouche de surface.
Crédit photo : Herlé Hamon

Astuce

Pour bien adapter votre pêche à plusieurs mouches sans perdre trop de temps à la bricole au bord de l’eau, pensez à préparer à la maison quelques montages enroulés sur des petits plioirs en mousse. Vous gagnerez en temps de pêche, mais également en sérénité.

 

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