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Comment aborder les truites difficiles à la mouche ? Les conseils de Grégoire Juglaret !

La saison chaude s’installe, l’étiage est proche et les poissons en pleine activité. Cependant, les conditions d’eau et la pression de pêche des derniers mois ont rendu les poissons difficiles tant à approcher qu’à attaquer. Grégoire Juglaret se penche sur cet aspect afin d’affiner une stratégie pour essayer de tromper la vigilance des poissons furtifs.

Une zone de courant rendra forcément plus discrète notre approche que les zones plus calmes. Cependant, et notamment par étiage, il faudra respecter quelques règles élémentaires. On pêchera systématiquement en remontant le courant pour que le flux de l’eau amortisse les ondes que l’on va créer en se déplaçant. Dans les zones avec très peu de profondeur, on essayera de sortir le pied de l’eau pour le rentrer par la pointe. On créera beaucoup moins de vagues qu’en poussant la couche d’eau avec la jambe.

Il est parfois bon de changer son angle d’attaque pour surprendre une truite.
Crédit photo : Thomas Woelfle

Compliqué sur les secteurs calmes

Sur ce type de faciès, quand les poissons sont actifs, ils feront des circuits pour chasser leurs proies principalement par opportunisme. L’approche des plats est très complexe. Deux recettes sortent du lot : la première sera d’arpenter les bordures très discrètement en contrôlant chacun de ses pas. La seconde sera de faire le héron. On rentrera dans l’eau au plus près du « hot spot » et on laissera ensuite les poissons se repositionner, et reprendre un rythme alimentaire normal. On les surprendra ensuite, avec beaucoup de patience, en s’étant fait oublier. Quand on va traquer les truites difficiles, il y a plusieurs facteurs à prendre en considération avant d’attaquer les poissons, que ce soit dans le cas de la pêche à vue ou celui de la pêche de l’eau. La profondeur du poste ou celle à laquelle se trouve le poisson que vous traquez : en fonction de ce paramètre, votre angle d’attaque ne sera pas le même. Plus la profondeur sera faible, plus on pêchera amont. En cas de difficulté, moins bien on sera placé (de côté, ou à proximité du poste) plus on devra se positionner bas sur l’eau. L’angle de vue de la truite forme un cône orienté vers l’avant. Il faudra en permanence rester dans ses angles morts, sous peine de l’effrayer.

Avec la saison qui avance, les truites deviennent méfiantes et farouches.
Crédit photo : Thomas Woelfle

En sèche, la mouche doit arriver avant le bas de ligne

Que ce soit sur les plats ou dans les courants, il y a un point commun en sèche pour attaquer des poissons méfiants, la mouche doit arriver sur le poisson avant le bas de ligne. Il ne faudra surtout pas que ce dernier « couvre » le poisson ! Étant donné que la pêche amont est à privilégier, il faudra absolument maîtriser les posés courbes. Le plus simple est d’exécuter un lancer revers. Dans le cas typique d’un courant central et d’un positionnement du pêcheur à proximité des rives, un droitier en rive gauche lancera en revers quand un gaucher lancera en coup droit. Inversement, si l’on pêche en rive droite, le droitier lancera en coup droit et le gaucher en revers. En ralentissant le mouvement de canne au moment du posé, la boucle se formera toute seule. Il faudra que votre bas de ligne soit capable d’envoyer des mouches de toutes tailles, car à cette saison, le menu des truites peut être très varié. Cependant, pour la discrétion, il devra être relativement long et pas trop rapide pour éviter qu’il ne tape l’eau et mette en alerte la truite. L’avantage de la queue-de-rat est sa polyvalence et son adaptabilité. En jouant sur la contre-pointe et sur la pointe, on pourra propulser tous types de mouches, et obtenir tous les posés souhaités. Une queue-de-rat type JMC Kamoufil répondra parfaitement à ces conditions :

Type de fil Queue de rat Nylon Nylon bicolore Nylon
Longueur en cm 380 70 100 à 150
Diamètre 16/100 14 ou 12/100 12 à 8/100

Attention au wading qui doit se faire à pas de loup.
Crédit photo : Thomas Woelfle

La nymphe au fil

La pêche au fil pourra rester très efficace, même en conditions d’étiage. Le fait que dans cette approche la soie soit optionnelle, on gagnera énormément en discrétion au posé. Mais le fait que la distance de lancer soit liée directement au poids des mouches, et qu’en temps d’étiage, l’emploi de mouches légères devra s’imposer et donc les distances de pêches seront vraiment limitées. Pour les optimiser, le matériel devra être parfaitement adapté. La canne sera d’une puissance de 2/3. La soie, si vous en utilisez une, sera un 0,55 stricte et devra être relativement souple (la ou une soie plus rigide sera plus efficace sur les pêches lourdes). Préférez un corps de bas de ligne en Nylon de 14 centièmes. Plus gros, il freinera trop le lancer. La pointe, quant à elle, dépendra de la profondeur à laquelle vous souhaitez faire pêcher les nymphes. Plus vous pêcherez avec de forts diamètres, plus vous ralentirez la descente des mouches. L’inverse vous permettra de pêcher proprement dans la couche d’eau.

En nymphe au fil, il faudra privilégier la qualité des dérives plutôt que la distance de pêche.
Crédit photo : Thomas Woelfle

Quand on voit les poissons

Dès lors que l’on a la chance de pouvoir la pratiquer, la pêche à vue apporte son lot de sensations fortes ! Ces sensations peuvent être décuplées quand les conditions sont difficiles, et les poissons farouches. Si l’approche est primordiale, la technique n’en est pas moins. Le lancer, le posé et la l’anticipation de l’immersion de la mouche seront les trois facteurs à respecter. Le lancer devra être rapide et limité en faux jets. Le posé sera discret, et devra permettre à la nymphe de couler à la profondeur souhaitée. Plus la pointe sera courte, plus le posé sera tendu et l’immersion limité. Au contraire, une pointe longue perdra en précision, mais sera souple pour accompagner la descente de la nymphe. Plus le diamètre de pointe sera fort plus la descente de la mouche sera ralentie. Une pointe fine, permettra de fendre plus facilement la couche d’eau. Comme pour la pêche en sèche, on fera tout pour ne jamais couvrir le poisson avec le bas de ligne. L’ensemble de ces paramètres peuvent rendre cette approche difficile, mais quand on arrive à les aligner et que le résultat est au bout, les sensations sont fantastiques ! En dessous du 20 centièmes, en fonction de votre diamètre de pointe, vous mettrez soit directement votre pointe d’un minimum de 2 mètres (en 14 ou en 16), soit vous mettrez un porte pointe de 40 à 70 cm de 16 centièmes, et votre pointe (jusqu’à 2 mètres). Un bas de ligne progressif sera très doux et très lent ce qui garantira un posé extrêmement discret. Il est idéal pour envoyer des nymphes pas trop lourdes, et donc parfait pour pêcher les poissons d’étiage. Un exemple de bas de ligne pour les pêches à vue :

Diamètre 45/100 40/100 35/100 30/100 25/100 20/100
Longueur en cm 40 50 60 70 80 90

Avec des eaux plus basses, même des truites de taille modestes peuvent devenir vraiment difficiles.
Crédit photo : Thomas Woelfle

Une question de finesse

La finesse de la pêche sur les poissons difficiles s’exerce davantage sur l’approche que sur le matériel. Même s’il faudra être discret, le matériel sera le plus équilibré possible pour qu’il soit efficace. Quand on parle de finesse du fil, c’est un faux problème. Il faudra surtout qu’il soit parfaitement adapté à la taille de la mouche que vous utiliserez. Si dans des conditions plus « simples » on peut se permettre de pêcher « un peu gros » (toujours en rapport au volume de votre imitation), il n’en est pas de même lorsqu’on s’attaque à des poissons craintifs. On essayera de respecter le ratio indiqué dans ce tableau :

Taille de l'hameçon 10 12 14 16 18 20
Diamètre du fil de pointe 13 au 18/100 11 au 14/100 10 au 12/100 9 au 11/100 8 au 10/100 7 au 9/100

Il est cependant à nuancer en fonction du volume global de votre mouche, la seule taille de l’hameçon étant pas le seul facteur à prendre en compte. En termes de finesse de mouches on entendra plus la précision dans le choix de l’imitation que la taille de celle-ci. Plus les poissons seront difficiles, plus il faudra être en face du menu du moment. Inutile de pêcher en 8 centièmes avec une fourmi sur hameçon de 24 si le poisson se nourrit de mouche de mai type Danica. On a beau affiner, rien n’y fait. Les poissons sont sur « off » et inapprochables. C’est le moment de faire l’opposé total de ce qu’il faut faire en théorie. On monte du matériel un peu plus puissant que ce que la saison nous impose en temps normal, et c’est le moment ou jamais de sortir la boîte de streamer ! L’action d’une mouche « leurre » permettra de déclencher des poissons complètement apathiques par simple reflex, et peut offrir de vraies belles surprises ! Il n’est pas nécessaire d’avoir de pleines boîtes de streamers, seuls deux ou trois modèles déclinés en différents poids suffiront à sauver une journée de pêche paraissant difficile. Deux sparklers, or et argent, un streamer avec des couleurs naturelles et un autre avec des couleurs agressives, et vous aurez fait le tour. On les déclinera cependant en différents poids afin de pouvoir les utiliser à la soie, mais également au fil. Cette saison est passionnante car les poissons sont normalement très actifs, mais il faut être suffisamment malin et précis pour tromper leur méfiance acquise depuis plusieurs mois du fait de la pression de pêche. Mais si c’était toujours simple, est-ce que cette pêche serait si passionnante ?

Les eaux transparentes nécessitent une approche soignée.
Crédit photo : Thomas Woelfle

Camouflage

Les marques spécialisées offrent une large diversité de produits camo, peut-être, en général plus pour le style que pour la nécessité, mais les spécialistes de la traque des gros poissons, les utilisent vraiment pour avoir une meilleure discrétion, et les résultats sont sans appel, le camo fait vraiment la différence sur les parcours très pêchés ! Le camo n’est pas tant fait pour que la truite nous prenne pour un arbre que pour casser les formes unies qui tranchent énormément dans le paysage et peuvent mettre en alerte les poissons habitués par leur environnement.

Un poste favorable pour tenter sa chance au streamer.
Crédit photo : Thomas Woelfle

Des clous ou pas ?

On entend souvent dire qu’il faut absolument bannir le cloutage des chaussures lorsque l’on pêche des poissons difficiles. Oui, mais… il vaut vraiment mieux que les chaussures accrochent dès les pieds au sol avec des clous, plutôt que de glisser à chaque pas, que l’on soit équipé de semelles feutre ou gomme. Les cailloux roulant sous les pieds sont une alarme bien plus efficace pour les poissons qu’un pas sûr, même équipé de clous.

 

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