C'est avec elle qu’est née la pêche à la mouche, il y a bien longtemps. Pourtant, elle est aujourd’hui de moins en moins pratiquée au détriment de la nymphe. La faute à des gobages plus rares, mais aussi à des pêcheurs moins enclins à les attendre, préférant pêcher sous l’eau plutôt que de scruter patiemment la surface, assis sur la berge. Comment les en blâmer quand on connaît l’efficacité de ces nouvelles techniques. Et pourtant…
De belles semaines
Oui, pourtant, quoi de plus beau qu’une mouche sèche dérivant avant d’être délicatement aspirée par un poisson ? Comment rester insensible à ce spectacle, sommet de grâce et d’émotion ayant largement contribué à rendre cette technique prestigieuse et pratiquée dans le monde entier? Les quelques semaines de transition entre la fin du printemps et le début de l’été sont les meilleures pour pêcher en sèche. Les eaux désormais bien réchauffées favorisent l’activité des insectes aquatiques. Les terrestres sont également abondants et nombreux à se retrouver sur l’eau après une « fausse manœuvre ». Autant de raisons qui poussent les truites à lever les yeux vers la surface car les proies n’ont jamais été aussi nombreuses depuis le début de l’année.
L'équipement ad hoc
En résumant à grands traits, pour pêcher en sèche, la canne idéale est une 9’ pour soie n° 5 ou 4/5. Il en existe de nombreuses références et aucune de vraiment mauvaises aujourd’hui. On trouve désormais de très bonnes cannes à moins de 300 € (Passion G2 de JMC, Elevation de Guideline ou T36 de Devaux pour ne citer qu’elles) et d’excellentes à moins de 500 € (Rivermaniac de Vision, LPX de Guideline, T50 de Devaux ou Arcane de JMC). On peut bien sûr réduire sa longueur (8’6 voire 8’) si on pêche en petite rivière, ou l’augmenter un peu pour les plus grandes (9’6) ou en eau rapide (10’ à 10’6). Mais la 9’ est polyvalente et très agréable à utiliser. Vous pouvez descendre en numéro de soie dans certaines conditions, pour pêcher en petite rivière ou en eau rapide, ou pour utiliser une ligne plus légère et plus discrète ou plus facile à gérer dans les courants.
Les bons créneaux
La fin de journée et l’incontournable coup du soir constituent un moment clé pour l’activité des insectes aquatiques et donc la pêche en surface en été. C’est aussi un moment magique, pendant lequel le soleil déclinant illumine la rivière de nuances changeantes et offre une ambiance de fraîcheur retrouvée après les journées chaudes. Cela permet de pêcher jusqu’au bout du jour en profitant de ces dernières minutes de clarté qu’attendent souvent les belles truites pour se mettre à table en surface. Mais attention à l’heure légale, que la passion peut vite nous faire oublier! Et si le coup du soir est un moment très favorable, c’est loin d’être le seul possible. Selon les types de parcours, il existe des options favorables à tous les moments de la journée, dès les premières lueurs du jour ou durant l’après-midi.
Des parcours adaptés
Les rivières assez larges et ouvertes constituent les parcours les plus réputés pour pêcher en sèche. Leurs grands plats et leurs longs courants laminaires constituent des postes privilégiés pour que les truites s’attablent en surface. Pour profiter du coup du soir, privilégiez une zone proche d’abris marqués ou d’un profond, abritant assurément de belles truites qui se posteront en quête d’insectes le moment venu. Ces parcours peuvent aussi se pêcher dès le lever du jour, particulièrement les lendemains de belles éclosions, dans l’espoir de repérer des truites profitant des premières lueurs pour gober les spents d’éphémères restés piégés dans des remous ou zones peu courantes. Il n’est pas rare que des truites se postent le long des bordures ombragées en milieu de journée ou en plein après-midi, souvent sous les frondaisons. Vous pouvez les tenter avec un petit sedge d’ensemble, si aucun insecte précis ne dérive en nombre à la surface.
Les petites rivières
On aurait tort de croire que seules les rivières larges permettent de pêcher en surface. Les petits cours d’eau sont également très intéressants et attractifs tout l’après-midi en plus du coup du soir. On doit être précis, du fait de la végétation ambiante. Les truites y sont souvent très opportunistes, les yeux en l’air dans l’attente d’un insecte, souvent terrestre, qu’elles sont promptes à monter gober dès qu’il dérive dans leur champ de vison. Pêchez donc l’eau et tous les postes paraissant propices. La discrétion, la précision et la qualité de la présentation sont ici déterminantes pour faire monter la truite.
Vive les torrents
En zone de montagne, les torrents constituent d’excellents parcours pour pêcher à la mouche. Dès la fin de la fonte des neiges, les eaux baissent et se réchauffent, offrant alors de belles opportunités du milieu de journée jusqu’au soir. C’est ici aussi une pêche de postes, qu’il faut prospecter avec des mouches flottant bien et offrant une bonne visibilité. On pratique la plupart du temps à courte distance et canne haute pour soustraire la ligne aux courants et éviter le dragage de la mouche, toujours rédhibitoire. Une soie légère est recommandée pour éviter qu’elle ne retombe dans les anneaux, entraînée par son poids quand on lève la canne. Et si une 9’ peut faire l’affaire, un poil de longueur en plus est toujours bienvenu. Bien présenter l’imitation sans dragage et au milieu des courants tumultueux est plus important que le modèle lui-même, même s’il est toujours bon d’en avoir plusieurs de tailles et teintes différentes pour parer à toute éventualité. Elles doivent avoir en commun une excellente flottaison et une bonne visibilité. Et puisque nous sommes en montagne, impossible de ne pas évoquer les lacs d’altitude, fabuleux parcours pour pêcher à la mouche et particulièrement en surface. Dans ces eaux cristallines, les premières lueurs du jour sont souvent les plus favorables, et la matinée généralement meilleure que l’après-midi, lorsque le soleil haut et la forte luminosité calent les salmonidés. Dès que la lumière baisse et que l’air se rafraîchit en fin de journée, tout ce petit monde se remet progressivement en activité en bordure, avec le coup du soir en point d’orgue !
Les mouches de l’été
Comme chaque saison, l’été a ses incontournables, en premier lieu les spents (imitation d’éphémères mortes avec les ailes à plat) ou la fourmi, généralement noire, mais parfois rouge ou brune. Impossible de sortir sans elles ! Complétez votre boîte avec des sedges, de classiques voiliers en plumes de cul de canard, sans oublier quelques araignées à hackle de coq plus ou moins fournies selon le parcours pêché. Ajoutons quelques mouches parachutes et oreilles de lièvre. Et gardons à l’esprit que l’été, la tendance est au petit, voire au très petit hameçon n° 16 à 20, parfois moins… Affinez également le bas de ligne.
Deux accessoires bien utiles
On a souvent besoin de graisser ses mouches pour les aider à bien flotter. Il existe différentes possibilités : graisses « pâteuses », solide (comme le Mucilin) ou liquide pour les mouches en cul de canard (comme le Aquel de Loon). Malgré cela, la mouche peut se mouiller, notamment après la prise d’un poisson. On peut alors la sécher avec du papier sopalin, de l’amadou ou, mieux encore, des produits « miracles » comme le Top Ride de Loon qui n’ont pas leur pareil pour remettre l’imitation à neuf.
Vive le blanc
Vous pouvez vous amuser à pêcher à la mouche sèche loin de toute rivière à truites. Les chevesnes, vandoises et ablettes passent leur temps à chercher des proies en surface. On aurait tort de négliger ou sous-estimer ces poissons blancs dont la pêche peut être très technique et aussi amusante que passionnante. Si on ajoute à cela qu’ils sont souvent abondants dans de nombreuses rivières, pourquoi hésiter ? Vous progresserez rapidement.