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Pêche des grosses truites en mars à la mouche noyée

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je trouve que la pratique de la mouche noyée colle parfaitement avec les conditions de pêche de mars. Et pour peu que les insectes s’activent un peu, il se pourrait bien que vous preniez une grosse truite de cette façon !

C'est vrai, la pêche en noyée a perdu de son aura au profit de la nymphe au fil. Effet de mode sans doute car, dès l’ouverture, c’est une technique qui fonctionne bien dans bon nombre de cours d’eau, surtout si la vie aquatique commence un peu à s’activer. Autre avantage, elle est plutôt facile à utiliser et à mettre en pratique, ce qui ne gâche rien. Côté grosses truites, je ne compte plus les spécimens que j’ai capturés dans ma grande rivière, lorsque les nymphes de March Brown commencent leur ascension vers la surface. Un train de mouches noyées bien guidé dans ces conditions peut vraiment faire des miracles.

Si vous tombez sur quelques truites lâchées, profitez-en pour vous amuser, elles adorent les mouches noyées.
Crédit photo : Laurent Guillermin

Pas n'importe où

Souvent, le jour J, les eaux sont plutôt tendues, les pêches classiques sont un peu en panne dans ces conditions et, à part la pêche au streamer ou en nymphe lourde, il n’y a pas grandchose à faire. Pourtant, vous le savez comme moi, les March Brown peuvent sortir en quantité sous une pluie fine à la surface d’une eau piquée ! Mais les truites ne viennent pas les prendre en surface ! Le jour J, je choisis bien souvent de pêcher des courants réguliers assez profonds où les insectes sont présents en nombre, cela me rassure. Un grand amorti profond dont l’amont est marqué par trois ou quatre grosses roches à fleur d’eau. Non seulement le poste est profond et la présence d’une grosse truite est possible, mais cet entonnoir naturel rassemble bien souvent les truites dans la veine d’eau principale ! Comme les niveaux sont hauts, les poissons se réfugient naturellement sur ce type de secteur. Je vais peigner cette grande veine d’eau avec trois mouches noyées. En un tour de main, je supprime mon bas de ligne destiné à la mouche sèche et je connecte boucle dans boucle à ma soie WF5, un polyleader plongeant. Ce système est rapide, fiable et permet de pêcher à différentes profondeurs sans changer de soie. Mon bas de ligne en 18 centièmes fluorocarbone portera trois mouches d’ensemble très espacées. Un premier lancer trois quarts amont, tout près des rochers, je déventre deux ou trois fois la ligne, et je tiens ma canne à mi-hauteur et en conduisant la dérive jusqu’à l’aval. Rien ne se passe. Je relance et déventre un peu plus pour laisser descendre davantage mes mouches. La boucle de soie formée entre la pointe de mon scion et la surface se tend soudain. D’instinct, je relève ma canne et le poisson fait une superbe chandelle. Ce n’était pas vraiment ma cible, c’est une truite arcen-ciel tout juste lâchée qui a pris ma mouche de pointe. Il semblerait que ce secteur de seconde catégorie ait subi de forts alevinages puisque je prendrai, coup sur coup, cinq de ces truites, toutes de même taille et bien vite relâchées dans leur élément. Si cela vous arrive, amusez-vous un moment et montez en pointe une noyée casquée orange ou rose, vous aurez encore plus de touches !

La touche sera visualisée par une tension de la boucle de soie formée entre la surface et la pointe de la canne.
Crédit photo : Laurent Guillermin

Quand les spécimens sont de sortie

Dans les rivières que je connais bien, j’ai remarqué que les gros poissons se tenaient toujours dans des secteurs spécifiques. Inutile de chercher en noyée une belle truite dans un petit friselis de bordure ou dans une veine d’eau peu profonde ! Souvent, les bons postes sont profonds, parsemés de blocs rocheux créant des turbulences dans le courant qui maintiennent les insectes suffisamment longtemps pour que les truites puissent s’en régaler. Les têtes de fosses, les sorties de goures et surtout les grands amortis sont des postes de prédilection. Sur un second poste presque identique, c’est sur ma troisième dérive que ma ligne se tend lourdement. Mon ferrage est ample et les coups de tête dans le carbone ne trompent pas, cette fois c’est un beau poisson sauvage ! Cette belle truite qui dépasse les 50 cm s’est saisie de ma mouche intermédiaire bien piquée au coin de sa gueule. Un ou deux clichés et elle va bien vite retrouver son élément. Une grosse truite a besoin de beaucoup d’eau au-dessus de sa tête pour se sentir en sécurité, il vous faudra choisir vos postes en fonction de ce critère. Aux beaux jours, ces grands poissons font des escapades sur les bordures et nous en profitons pour faire de belles prises en nymphe à vue, mais lorsque les eaux sont tendues, c’est une autre histoire. Il se peut aussi qu’un excellent poste pour la noyée ne soit pas forcément très marqué. Un courant régulier de 80 cm de profondeur peut receler une sorte de déclivité avec un fond passant d’un seul coup à 1,5 0m. Ces postes ne sont pas faciles à repérer. Il vous faudra lire un peu la surface, bien souvent les mouvements du courant sont un peu différents à cet endroit. Il faut rappeler aussi qu’une rivière bouge beaucoup au fil des saisons, un bon repérage avant l’ouverture peut vous faire gagner du temps.

Un poste typique dès l’ouverture pour pêcher en noyée.
Crédit photo : Laurent Guillermin

La bonne conduite

Une truite sauvage ne prendra jamais une mouche qui dérive trop rapidement dans sa lucarne de vision. Le pêcheur doit conduire sa dérive de manière à ralentir le plus possible le mouvement de ses mouches dans la veine d’eau choisie. La touche doit être visuelle, si vous ressentez un toc dans la canne, il y a de fortes chances que le poisson soit déjà parti. C’est pour cette raison que la touche doit se visualiser sur une tension de la boucle de soie formée entre la pointe du scion de votre canne et la surface. Le geste du ferrage doit être ample, mais jamais violent. D’ailleurs, les cannes trop raides en pointe ne sont pas adaptées à cette technique de pêche. Le pêcheur doit parvenir à faire vivre ses imitations le plus longtemps possible afin de déclencher la prise. Il n’est pas question ici de pêche mécanique. En mouche noyée, chaque dérive doit être optimisée afin de réunir le maximum de chance d’avoir une touche. Parfois, il sera bon aussi d’animer légèrement les artificielles par de petits relevés de canne au moment opportun : près d’un obstacle par exemple ou en fin de dérive. Le pêcheur qui cherche les beaux poissons en noyée doit faire fonctionner son instinct, approfondir sa lecture de l’eau qui ne doit pas rester superficielle. C’est sans doute l’une des clés de la réussite dans cette méthode de pêche passionnante.

Un trio plutôt terne mais qui fonctionne parfaitement.
Crédit photo : Laurent Guillermin

 

Mouches et matériel

J’aime calquer la couleur de mes artificielles avec le fond de la rivière que je pêche, c’est une méthode qui me réussit bien. Concernant les teintes : le crème, le marron, l’olive, le brun me semblent tout à fait capables de séduire des truites dans un très grand nombre de situations. Mes matériaux de montage sont avant tout naturels et vivants. Les plumes de flanc de cane, de perdrix, les fibres de paonne, de faisan et les dubbings de lièvre naturels ou teints dans les tons précités sont de loin les plus efficaces à l’ouverture. Montez ces mouches en tailles 12 et 10, ce sera parfait pour le jour J dans des eaux tendues. Côté matériel, un ensemble constitué d’une canne de 9 ou 10’ soie de 5, d’un moulinet large arbor, d’une soie flottante WF5 et d’un portefeuille de polyleaders en différentes densités sera l’idéal. Prenez pointe et potences en 16 ou 18 centièmes fluorocarbone. Le polyleader sera simplement raccordé boucle dans boucle avec la soie.

La prise d’une grosse truite en noyée n’est pas rare !
Crédit photo : Laurent Guillermin

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