À mi-distance entre Grenoble, Bourg-d’Oisans et Chambéry, la dépression des Sept Laux est un ancien plateau glaciaire suspendu d’où s’échappaient des langues descendant de part et d’autre, vers la Romanche au sud et vers le Bréda au nord. Les douze lacs principaux, qui jalonnent ce plateau sur toute sa longueur, sont en fait des cuvettes de surcreusement, créées par ce glacier et séparées par de petits verrous. Ces saillies de roche ont été surélevées par des digues dans le cadre de l’aménagement hydroélectrique du secteur. De sorte que la superficie des lacs, une centaine d’hectares, s’en est trouvée accrue, offrant un formidable terrain de jeu halieutique au milieu des alpages, des pierriers et des mouflons.
Une approche physique
Gérés par la fédération de l’Isère et l’AAPPMA de Grenoble, ces douze plans d’eau, situés entre 2071 et 2422m d’altitude, recèlent tous les salmonidés de montagne. Ils sont alevinés tous les deux ans en juvéniles d’arcs-en-ciel et de farios qui ne peuvent se reproduire mais grandissent toutefois pour devenir de jolis spécimens ensauvagés. En revanche, la reproduction des trois espèces d’omble, introduites depuis plus longtemps et de manière ciblée sur certains lacs, participe à la diversité piscicole du lieu. Lors d’une sortie estivale, j’y ai même attrapé des chevesnes dans une des premières gouilles, ce qui est cocasse à cette altitude. Ces poissons se méritent toutefois puisque la marche d’approche est assez longue et sportive du fait du dénivelé proche des 1000m, quel que soit l’un des deux itinéraires retenus (voir encadré). Étant donné le nombre de lacs et le temps de montée (2h45 minimum pour les premiers), c’est une destination qui se prête bien à une session de pêche de deux ou trois jours sur place, avec bivouacs ou nuits au refuge des Sept Laux. Malgré l’imposante minéralité granitique, les surfaces planes et herbeuses sont nombreuses où planter une tente aux abords des lacs, Cottepens ou le Cos notamment.
Dénomination trompeuse
L’origine du toponyme Sept Laux, qui désigne un sous-ensemble du massif de Belledonne, est discutée. Il semblerait qu’il tire son origine du terme ancien de Cealo (attesté sur la carte de Tillemont en 1690) qui signifiait montagne du ciel. Au XIXe siècle, il se transforme en Ceylau puis en Sept Laux par une simple déformation phonétique, sans le moindre rapport avec le nombre de lacs présents ici qui sont douze
En juin, c'est tout bon
Pour le refuge, n’oubliez pas de réserver bien à l’avance car le site, et particulièrement le plateau nord, est très prisé à la belle saison. En Isère, l’ouverture des lacs de montagne a lieu fin mai. Selon les années et l’enneigement du massif, il est possible de pratiquer certains lacs dès cette date. C’était d’ailleurs le cas en 2020 sur le plateau nord. Mais bien souvent, ils sont encore largement ou partiellement gelés. Il faut même parfois monter en raquettes ou en ski de randonnée, ce qui complique les affaires. Si le site des Sept Laux est une formidable destination de juillet à septembre, c’est toutefois juin, période où les eaux ne sont encore pas trop claires, qui offre les meilleures opportunités de pêche. Tous les poissons sont actifs notamment les ombles chevaliers. Ces derniers gagnent ensuite les profondeurs et on les revoit rarement jusqu’à la fermeture d’octobre. Le vairon manié est la technique phare en début de saison, même s’il faut parfois accepter de perdre des montures car les fonds granitiques sont très escarpés. Bombette plongeante (avec esches naturelles) ou leurre souple armé en texan, Black Minnow (Fiiish) notamment, sont également efficaces à cette période. Les farios ou les arcs-en-ciel peuvent dépasser les 40cm.
Plateau sud ou plateau nord
En avançant vers l’été, la prospection des bordures à la mouche ou aux poissons-nageurs prend petit à petit le relais. Comme tous les lacs d’altitude, les créneaux du matin et du soir sont alors les plus favorables, d’autant que les estivants ne sont pas toujours discrets, d’où l’intérêt de dormir sur place. Il faut préciser que le plateau sud (Sagne, Corne et Cos) présente un caractère plus sauvage que le plateau nord (Carré, Cottepens et Motte) où les aménagements humains sont plus visibles. Peu de différences toutefois sont à noter concernant le potentiel de pêche. Les trois lacs situés au-dessus de 2200 m d’altitude sont néanmoins un peu à part puisqu’ils dégèlent plus tardivement, entre la mi-juin et la mi-juillet selon les années. Ils demandent une marche d’approche supplémentaire et sont bien moins fréquentés. Ils permettent de retrouver des conditions post-dégel favorables un peu plus tard dans la saison.
Le très joli lac Blanc est probablement celui où, en plus des arcs-en-ciel et des farios, vous avez le plus de chance d’attraper des cristivomers. L’Agnelin et la Belle Étoile, situés respectivement à 2322 et 2422m, sont les seuls plans d’eau, avec le Jeplan, à être bien occupés par des saumons de fontaine qui s’y reproduisent. Ces ombles sont certes de taille plutôt modeste mais sont toujours actifs et voraces, ce qui peut constituer éventuellement une belle porte de sortie quand la pêche se durcit plus bas avec l’éclaircissement des eaux et l’arrivée des vacanciers.
Le torrent du Bréda
Rares sont les endroits où l’on trouve une telle concentration de lacs d’altitude aussi proches. La tentation est grande de vouloir passer de l’un à l’autre rapidement en oubliant de pêcher. Mais la stratégie gagnante est plutôt de se concentrer sur un ou deux, pas plus… quitte à revenir au plus vite dans ce spectaculaire environnement. Ces lacs des Sept Laux alimentent plus ou moins directement le torrent du Bréda. C’est un excellent spot susceptible de diversifier l’offre de pêche lors d’un séjour dans le secteur, avec un camp de base à Fond de France, par exemple. Le Bréda est un cours d’eau capricieux au régime nival qui possède naturellement un débit important jusqu’à mi-juillet. Il est toutefois jalonné de microcentrales, avec des tronçons court-circuités plus réguliers. Le secteur des gorges, au-dessus d’Allevard, est magnifique et bien peuplé en farios sauvages mais praticable seulement en période de basses eaux. En amont de Pinsot, les poissons sont certes plus petits mais les densités sont fortes. C’est un excellent secteur où toutes les techniques sont rentables à partir de mai. Il est possible de prendre des truites grosso modo jusqu’à la pittoresque cascade du Pissou, qui est située à proximité du point de départ de la randonnée qui vous mènera jusqu’aux lacs du plateau nord.
Fiche technique
RÉGLEMENTATION
1re cat. domaine privé
Ouverture : fin mai à début octobre, voir l'arrêté annuel
Taille légale : 23cm (cristivomer 35cm)
Quota : 6 salmonidés par jour
Réciprocité : Ehgo, Urne
ACCÈS PLATEAU NORD
Départ : Fond de France (1089m)
Dénivelé refuge : 1050m
Temps de montée : 3h
ACCÈS PLATEAU SUD
Départ : Le Rivier d’Allemont (1265m)
Dénivelé lac du Cos : 910m
Temps de monté : 3h
DÉTAILLANTS
Avenir Pêche 38 - 86, rue du Pré-Blanc - 38920 Crolles - Tel. 04 76 92 01 91
Decathlon Grenoble - 5, avenue du Grand-Sablon - 38700 La Tronche - Tél. 04 76 03 44 00
ADRESSES UTILES
Fédération de pêche - 301, rue de l’Eau Vive - 38210 St-Quentin-sur-Isère - Tél. 04 76 31 06 00
AAPPMA de Grenoble - 91, rue du Général Mangin - 38100 Grenoble - Tél. 04 79 96 61 29
Office de tourisme - Le Pleynet - 38580 Les Sept Laux - Tél. 04 76 08 75 16
HÉBERGEMENT
Refuge des Sept Laux - 38580 Le Haut-Bréda - Tél. 04 76 45 99 11
À VOIR
Musée de Pinsot
Funiculaire de Saint-Hilaire
Lac de la Mirande
Pic de la Belle étoile
Rocher Blanc
Col du Glandon
Col de la Croix de Fer
Musée EDF Hydrelec
Cascade du Pissou