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Les différentes montures à vairons selon les régions pour pêcher la truite

La pêche au vairon manié est ancrée depuis des lustres dans la culture halieutique de chaque région. Des montures spécifiques sont adaptées aux cours d’eau et à la façon de pêcher des autochtones.

Un torrent alpin n’a pas la même hydro-morphologie qu’un chalk stream normand, une grande rivière de moyenne montagne ou de piémont. Cette diversité de faciès nous a donné une grande variété de montures pour pêcher au vairon manié, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. Je ne pourrais les citer toutes par manque de place, mais elles se répartissent globalement en quatre catégories.

Monture godille.
Crédit photo : Jack Tarragnat

Plombée interne

La godille est originaire de Bretagne, elle est bien adaptée aux eaux plutôt basses et à vitesse de courant modérée. C’est une monture légère, faite d’un pal en plomb percé, de forme conique, à l’avant duquel est serti un disque en rhodoïd d’environ 2 cm de diamètre. Celui-ci sert de déflecteur, il protège le vairon et lui procure une nage stable et « godillante » très naturelle, d’où son nom. Pour réaliser le montage, on passe le Nylon à travers le canal du plomb, ensuite, avec une aiguille à locher, on traverse l’abdomen du vairon de la bouche à l’anus et le fil est attaché à l’œillet de l’hameçon. Puis le pal est introduit dans la bouche du vairon. Afin d’éviter le cintrage néfaste de l’appât, l’œillet de l’hameçon triple, n°10 ou 12, doit venir buter contre l’extrémité du pal. Cette monture s’utilise selon la technique dite à devonner. On lance trois-quart amont et la canne soutient la dérive qui se termine en décrivant un arc de cercle. Lors d’une prise, la monture remonte sur le fil empêchant la truite de prendre appui dessus pour se décrocher.

Monture Surnat
Crédit photo : Jack Tarragnat

La monture « Surnat » inventée par Gilles Brulefert, pêcheur du Cantal, doit son nom au leurre souple, imitant un vairon, livré avec. Elle adopte le même principe que la godille, mais ne comporte pas de disque. Toute la plombée se situe en tête. L’hameçon triple, n°10 ou 12, bute contre l’extrémité du pal, un tronçon de tube en plastique semi-rigide que l’on coupe à la bonne longueur pour l’adapter à la taille du leurre ou du vairon.

Monture Olivier Plasseraud
Crédit photo : Jack Tarragnat

La monture d’Olivier Plasseraud est sans doute la plus discrète et la plus légère, car composée d’une olivette de 3 à 5 g traversée par un brin de corde à piano avec un œillet à l’avant sur lequel sont rattachés, via des empiles, deux petits triplesque l’on pique de chaque côté du vairon après avoir enfoncé l’olivette dans le corps de ce dernier. Un fil de cuivre sert à ligaturer la bouche du « vif ». Sa faible densité en fait une monture planante qui confère au vairon une évolution très naturelle. Elle est parfaite pour pêcher les petits ou moyens cours d’eau ou les grandes rivières en période d’étiage.

Monture bohémienne
Crédit photo : Jack Tarragnat

Plombée externe

Les montures à casque, dont la « Bohémienne » est certainement une des plus anciennes. Elle n’a rien perdu de son efficacité. Elle trouve son principal usage dans les petits ou moyens cours d’eau, généralement avec une canne longue. On la dandine quasiment sous la canne pour prospecter des postes précis. Mais on peut aussi l’utiliser à distance, avec une canne à lancer. C’est ainsi que pratiquent les pêcheurs suisses ou savoyards qui s’en servent avec un cadre en guise de moulinet. Une fois le vairon monté, c’est celle qui paraît la plus naturelle, car son armement fait d’un hameçon simple en queue et d’un double à l’avant est idéalement positionné et discret. Son seul inconvénient est le montage fastidieux du vairon, car il faut d’abord le décapiter et le vider pour placer les hameçons. Ensuite, il faut le ligaturer sur la monture avec du fil à coudre, de préférence rouge. Un petit bout de cure-dent ou d’allumette coince le bas de ligne dans le trou central du casque. Il est astucieux d’en préparer plusieurs à l’avance.

Une casquée des gorges du Tarn
Crédit photo : Jack Tarragnat

Il existe d’autres types de montures casquées comme celle qui fût très employée par les pêcheurs des gorges du Tarn. Elle est armée de deux petits triples n°14 voire 16 reliés au casque par des avançons en Nylon. La tête du vairon est introduite dans le casque et traversée de haut en bas par une clavette en fil de cuivre, ce qui laisse toute sa mobilité au corps.

Monture AC Clip & Fish
Crédit photo : Jack Tarragnat

Plombée externe modulable

Deux nouvelles montures sont apparues lors de la dernière décennie. La monture AC Clip & Fish fut inventée par un Toulousain, Arnaud Campistron. Elle est ingénieuse, esthétique et efficace. La tête du vairon est introduite dans un casque en plastique imitant parfaitement une tête de… vairon, yeux compris. Une clavette passe au travers des opercules et solidarise le vairon à la monture. La plombée est faite d’une chevrotine munie d’une agrafe qui se fixe dans un petit anneau sous la tête factice. Ce système permet de changer le poids du lest en un clin d’œil. L’armement est constitué d’un triple n°10 ou 12 relié au-dessus de la tête de la monture par une courte empile en tresse.

Monture Armorvif
Crédit photo : Jack Tarragnat

La monture Armorvif, créée par un éleveur de vairons, nous vient évidemment des côtes d’Armor ! Elle est géniale de simplicité car fabriquée à partir d’une simple épingle en corde à piano sur laquelle est enfilée une chevrotine percée en son centre. Un seul triple n°10 à 12 au bout d’une empile constitue l’armement. Elle permet de pêcher avec un vairon vivant piqué par une narine et retenu par l’agrafe.

Monture type cévenole
Crédit photo : Jack Tarragnat

Plombée mixte

La monture Cévenole en est le modèle initial. Elle comporte une plombée axiale avec, à l’avant, une masselotte excentrée comportant un trou pour le passage du Nylon du bas de ligne. Ce dernier est noué à deux petits hameçons triples n°15 ou 16. L’avantage de cette monture est la rapidité de mise en place du vairon et son bon équilibre dû à la répartition des masses.

Monture CBM
Crédit photo : Jack Tarragnat

Inventée par Bernard Maillet, excellent pêcheur de la région d’Annecy, la monture CBM présente une plombée axiale avec un canal pour le passage du fil et une masselotte très décentrée à l’avant. Le principe de montage du vairon est identique à celui de la godille. L’appât est tenu en place par une agrafe, pince pivotante qui se fiche de chaque côté de la tête. La monture travaille bien et bascule sur chaque relâché grâce à sa masselotte excentrée.

La monture clou
Crédit photo : Jack Tarragnat

Le clou ou monture Ariel est ultra-connu avec son pal interne avec une tête légèrement arrondie mais non décentrée comportant deux trous latéraux où passent les empiles réglables afin de bien positionner les hameçons. À l’avant, un émerillon préserve du vrillage. Massive, elle permet de pêcher bien creux et de réaliser de bonnes animations même à distance.

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