Que vous partiez en famille, entre amis ou en solo, la première étape de votre préparation est de choisir le lieu de votre séjour. Cette phase, à la fois passionnante et agréable car elle permet de se projeter vers les vacances, doit idéalement se faire bien en amont afin de bénéficier d’un large choix d’hébergements meublés. Les départs à la dernière minute sont bien sûr possibles, surtout si vous optez pour le camping. Ils présentent l’avantage de pouvoir choisir la zone en fonction des conditions météorologiques et hydrologiques du moment, qui sont cruciales pour la pêche en rivière notamment.
Quel massif ?
On peut bien sûr choisir son lieu de vacances-pêche en fonction de la proximité géographique, mais aussi opter pour une destination plus lointaine. Dans ce cas, il faut raisonner en matière de grands massifs. Très schématiquement, on peut dire que les Alpes du Nord et les Pyrénées occidentales, beaucoup plus enneigées, offrent des conditions optimales durant la deuxième quinzaine de juillet/août/septembre alors que les Alpes du Sud, les Pyrénées-Orientales et la Corse - avec leur climat montagnard à influence méditerranéenne - peuvent être intéressantes dès la mi-juin.
Il faut aussi noter que ces grands ensembles montagneux comprenennt des sous-massifs qui n’offrent pas tous les mêmes conditions hydrologiques. Les contreforts pyrénéens et les Préalpes, par exemple, sont beaucoup moins élevés et arrosés que le cœur des chaînes. La fonte y est donc précoce et l’eau peut parfois manquer. À titre d’exemple, le bassin du Chéran, dans le massif des Bauges, connaît des débits très tendus parfois même dès début juillet. Bien que ce soit dans les Alpes c’est une destination optimale pour la fin du printemps plutôt que pour le plein été.
Camp de base
Un peu comme un alpiniste se préparant à gravir un grand sommet himalayen, il est important de choisir un bon camp de base. Celui-ci doit permettre de rayonner vers les différentes destinations de pêche sans trop faire de kilomètres et se situer à une altitude suffisante – au-dessus de 900/1 000 m - pour offrir la fraîcheur tant recherchée à cette période de l’année. Il doit également se trouver dans un bourg d’une taille suffisante pour offrir le minimum de ravitaillement. Les stations de ski peuvent offrir des belles opportunités d’hébergement à cette époque de l’année. Toutefois, étant construites en haut des vallées, elles imposent souvent de redescendre avant de remonter vers les coins de pêche.
Idéalement, ce camp de base sera situé sur le gros torrent du contexte offrant donc une première possibilité de pêche rapide à proximité immédiate de l’hébergement. Il sera également proche de ses affluents intéressants et pas trop loin des points de départs des randonnées qui permettent d’accéder aux lacs d’altitude (voir tableau). Un petit travail de recherche sur le globe virtuel de l’IGN Géoportail – bien plus détaillé pour les secteurs montagneux avec ses cartes au 1/25 000 que Google Maps – permet de se familiariser avec le secteur visé avant de passer des coups de téléphone.
Une personne-ressource
Une fois votre destination déterminée, il faut trouver une personne compétente capable de valider le potentiel de votre choix et de vous renseigner beaucoup plus précisément sur les possibilités de pêche. Il peut s’agir du président de l’AAPPMA locale ou d’un salarié de la fédération de pêche du département, qui connaissent en général le vrai potentiel des parcours. Si vous prévoyez une journée de pêche avec un guide de la région, vous pouvez aussi en profiter pour le questionner. Passez votre coup de fil devant Géoportail pour mieux vous repérer. Pour les torrents, il est important de bien délimiter les tronçons les plus intéressants, car leur potentiel piscicole est souvent très variable.
Il est aussi essentiel de prendre en compte le fonctionnement des barrages et la sportivité des secteurs visés, surtout si vous n’êtes pas habitué aux terrains montagneux. Il est également précieux de connaître l’altitude jusqu’à laquelle on trouve des truites ou des ombles de fontaine. Pour les lacs de montagne, vous n’aurez aucun problème à trouver les itinéraires de marche d’approche car ils sont généralement bien balisés et recensés sur les sites de randonnée. En revanche, il peut être utile de connaître les possibilités de nuit en refuge ou de bivouac au niveau du lac ou en contrebas. Chaque lac ayant son propre peuplement et sa topographie, il est également judicieux de se renseigner sur les techniques les plus efficaces pour chacun d’entre eux. Attention si vous partez en juillet, certains lacs situés en haute altitude peuvent encore être gelés au début du mois.
Plusieurs techniques
Que votre séjour soit familial ou entièrement dédié à la pêche, il convient de bien préparer votre équipement. Le matériel truite est peu encombrant comparé à celui du coup ou des carnassiers, alors n’hésitez pas à prévoir large, surtout si vous maîtrisez plusieurs techniques. Lors de l’été 2021, j’ai quitté ma chère Savoie pour aller pêcher trois jours le Guil, fameuse rivière du Queyras où je n’avais jamais trempé la ligne. Étant donné la largeur et le caractère torrentueux du cours d’eau, j’avais principalement misé sur le vairon, en apportant aussi deux boîtes de teignes et ma canne au toc. Après une journée de pêche acharnée au vairon manié puis en dérive naturelle, j’ai dû admettre que ce n’était pas efficace. C’est en pratiquant au toc-nymphe, avec les quatre précieuses imitations qui traînaient au fond de ma boîte à appâts naturels, que j’ai finalement pêchée les deux jours suivants avec succès. Depuis, je prévois toujours au moins une petite boîte consacrée à chaque technique lorsque je pars en terrain peu connu. Cela prend très peu de place mais peut faire toute la différence.
Être prévoyant
Un petit fourreau contenant une canne spinning médium light de 2 m 20 – éventuellement en 4 brins pour le transport en sac à dos – permettra de pratiquer aux leurres aussi bien en lac qu’en torrent, et éventuellement au vairon. Ajoutez-y une canne anglaise de 3 m 90, idéale pour le toc aux appâts naturels ou en nymphe, en ruisseau d’alpage ou dans la grande rivière du contexte. Elle pourra éventuellement aussi permettre de lancer des bombettes légères. Une canne à mouche pour le réservoir peut aussi s’avérer indispensable pour pêcher en sèche dans les lacs de montagne. Voilà à mon avis la base minimale à emporter. Chacun pourra l’adapter selon les techniques qu’il maîtrise et affectionne, en optant pour une canne vairon spécifique, une vraie canne bombette ou un lancer ultra-light de moins de 2 m par exemple. Il est aussi important de bien penser le matériel de randonnée et de bivouac car une partie en pêche en haute montagne peut rapidement se transformer en galère si on est mal équipé et que la météo se montre capricieuse, même au cœur de l’été.