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Les bases de la pêche aux leurres (partie 5) : bien exploiter tous les milieux

Dans les gros torrents comme ici sur l’Arc, la pêche à gratter sous la canne avec un petit shad est souvent une bonne option.

Crédit photo Thierry Bruand
Du ruisseau à la grande rivière de plaine, il est possible de pêcher les truites aux leurres. Encore faut-il savoir lesquels utiliser et dans quelle configuration ! Thierry nous éclaire sur le sujet.

Autrefois associée à la cuillère et à des biotopes pas trop étendus, la pêche au lancer, comme on l’appelait jadis, a beaucoup évolué ces dernières décennies. L’avènement des poissons nageurs coulants et le grand retour de l’ondulante ont amélioré son efficacité dans les milieux plus vastes et profonds. La montée en puissance récente des leurres souples, notamment en version miniaturisée, offre de nouvelles opportunités de pêche en eaux froides ou dans les très petits cours d’eau. Avoir une compréhension sommaire du fonctionnement de ces environnements et des truites qui les peuplent est essentiel pour les débutants et un rappel utile pour les pêcheurs expérimentés.

Les farios des petits torrents sont souvent très agressives, pour le plus grand bonheur du pêcheur aux leurres. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Les ruisseaux

Ce sont des cours d’eau étroits qui se distinguent des petits torrents par leur faible pente, un débit modéré et plus régulier. Ces petits écosystèmes correspondent aux têtes de bassin des rivières de plaine et plateaux et aux tronçons peu pentus des torrents. Ils sont généralement peuplés de farios de taille modeste même si les surprises sont plus fréquentes que l’on ne le croit. On peut distinguer, selon l’altitude et l’abondance de la végétation, les ruisseaux de plaine boisés et ceux de plateau ou d’alpage s’écoulant dans des prairies ou dans des landes. Ces milieux sont assez peu exploités par les leurristes, l’absence supposée ou réelle de beaux poissons et la course aux photos sur les réseaux sociaux expliquant peut-être cela. Et pourtant, la pêche aux leurres, dans sa version ultralégère, est fort bien adaptée à ces contextes. Habituées à manger des proies terrestres diverses tombant régulièrement dans ces environnements étroits, les farios de ruisseau sont assez opportunistes et n’hésitent pas à lancer des attaques réflexes pour s’alimenter. Elles sont donc moins sélectives que celles des rivières moyennes.

Les ruisseaux de plateaux sont des milieux parfaits pour s’initier à l’ultraléger. Ici la Dunerette dans le Velay
Crédit photo : Thierry Bruand

Les pièges relativement grossiers et bruyants (comparativement aux nymphes) proposés par le leurriste sont donc efficaces, petites cuillères ou mini souples au premier chef. Par ailleurs, l’exiguïté du milieu et les eaux souvent limpides impliquent des approches très discrètes sous peine de voir déguerpir les truites à vive allure sous les berges ou la végétation. Le pêcheur au leurre qui peut lancer loin en amont est avantagé dans ce contexte. Ces milieux sont le terrain de jeux idéal pour débuter au lancer : lecture facile des postes porteurs (berges creuses et cuvettes), abondance truiticole, bonne capturabilité, cheminement relativement facile ne nécessitant pas d’investissement dans une tenue de wading onéreuse.

Le Vénéon, un des plus beaux cours d’eau des Alpes, parfait exemple du gros torrent. La pêche aux leurres dans ces milieux froids et turbulents est un beau défi. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Les torrents

Ce sont des cours d’eau à forte déclivité associés aux régions montagneuses. De gabarit très variable, ils ont en commun la présence de blocs, des eaux turbulentes, fraîches, ainsi que des débits à forte irrégularité en lien avec des régimes influencés par la fonte des neiges ou des glaciers. La taille des truites y reste relativement modeste. C’est ici davantage les conditions thermiques qui empêchent les farios de grossir rapidement, plus que l’étroitesse du milieu et les fortes abondances comme avec les ruisseaux. Pour le pêcheur aux leurres, ce sont plutôt des parcours de seconde partie de saison. Les petits torrents se singularisent par leur topographie particulière faite d’une succession de cascatelles créant des vasques où se concentrent les poissons. Passé la fonte, ils sont d’excellents parcours pour le leurriste sportif qui maîtrise bien toutes les catégories de leurres. Les dénivelés importants impliquent des déplacements physiques et techniques où le faible encombrement des cannes spinning est un atout. Très opportunistes et territoriales du fait de la relative pauvreté nutritive du milieu, les truites des petits torrents sont réceptives aux leurres durs. Les eaux toujours relativement froides et le profil en vasque favorisent toutefois le micro-souple.

Les ruisseaux boisés demandent une belle dextérité mais ils sont souvent fort bien peuplés.
Crédit photo : Thierry Bruand

Un paysage magnifique

Les gros torrents sont plus exigeants pour les pêcheurs au leurre, mais ils offrent un paysage magnifique et un défi sportif passionnant, en particulier dans les gorges. La fréquente turbidité des eaux et leur fraîcheur quasi permanente ainsi que les débits puissants pendant la majorité de la saison impliquent une pêche assez spécifique. Il faut pratiquer lentement avec des leurres volumineux au regard de la taille des poissons (cuillère n°3, shad ou minnow coulant de 6/7 cm) et concentrer ses efforts derrière les blocs et à ras des obstacles de bordure. Les farios dépassent ici rarement les 40 cm mais il est en revanche possible de faire des pêches honorables de jolis poissons entre 25 et 35 cm.

Une fario de 48 cm prise dans l’Arly, à Albertville. En grandes rivières de piedmont, les leurres durs sont efficaces pour ratisser des postes vastes et homogènes. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Les rivières de plaine

Bien présents sur tout le territoire hexagonal, ces milieux de première catégorie se concentrent toutefois prioritairement dans les massifs hercyniens (Massif armoricain, Vosges, Massif central et Morvan) ainsi que dans le Jura, les Préalpes ou les contreforts pyrénéens. Contrairement aux torrents cités précédemment, ils souffrent beaucoup plus fortement des effets du changement climatique (sévérité des étiages et réchauffement de la température moyenne des eaux) si bien qu’ils sont plutôt des parcours de première partie de saison. Ces rivières que l’on peut qualifier de moyenne sont les plus fréquentées, toutes techniques confondues, notamment par les pêcheurs aux leurres quand les eaux ne sont pas trop hautes. Elles ont en effet pour point commun d’offrir un compromis intéressant entre taille et densité de poisson. Elles possèdent généralement des régimes hydrographiques à dominante pluviale, pas du tout ou marginalement influencés par la fonte des neiges. Elles sont donc bien adaptées, dès l’ouverture, à la pêche au poisson nageur coulant, pratique très à la mode auprès de la jeune génération, mais qui exige des eaux pas trop froides. Ces milieux sont toutefois d’une extrême diversité, si bien que les généralisations sont compliquées. On peut toutefois les différencier selon certains critères. Leur amplitude peut varier de 5 à 30/40 m. Plus ils sont larges et plus les leurres durs prennent le pas sur les souples, plus efficaces pour les pêches courtes. Ces rivières peuvent aussi se distinguer selon les environnements géologiques sur lesquels elles s’écoulent. Les rivières calcaires, plus riches en nourriture, produisent des poissons de plus belle taille en moyenne que les rivières coulant sur substrats schisteux ou granitiques.

La basse rivière d’Ain, comme toutes les grandes rivières de piémont, offre aux leurristes la possibilité de toucher des farios de plus de 50 cm. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Grandes rivières de piémont

Ce sont de larges cours d’eau situés au pied des reliefs montagneux. On peut citer par exemple l’Ariège pour les Pyrénées, l’Isère pour les Alpes, l’Allier pour le Massif central ou l’Ain pour le Jura. Ils jouent un rôle clé dans le drainage des eaux de montagne et gardent des eaux relativement fraîches très en aval. Ils peuvent donc abriter parfois des truites jusqu’à leur embouchure, qui se mélangent alors bien souvent avec des populations de carnassiers et de cyprinidés. Les régimes hydrographiques de ces tronçons aval sont souvent complexes, en lien avec la diversité des affluents qui les alimentent et les aménagements hydroélectriques. Une de leur principale caractéristique est d’abriter des farios de taille nettement supérieure à la moyenne de celles des biotopes déjà cités, avec des sujets dépassant régulièrement les 50 cm et parfois même les 60 cm. La présence de ces gros poissons s’explique à la fois par la richesse nutritive du milieu et sa taille, qui leur permet croissance rapide et sécurité. La pêche aux leurres propose de sérieux atouts pour appréhender ces milieux très particuliers. Bien que les grosses truites farios soient indiscutablement présentes, leur population est vraiment limitée par rapport à l’immensité de ces cours d’eau. Or, le lancer n’a pas d’équivalent pour couvrir du terrain et ratisser pour les trouver. Même si ces truites se nourrissent essentiellement d’invertébrés aquatiques, elles adoptent aussi régulièrement un comportement carnassier que le leurriste peut exploiter. Les leurres, qui peuvent se lancer fort loin, permettent aussi, parfois, d’aller chercher des poissons dans des veines d’eau peu exploitables avec les autres techniques. Toutefois, la puissance du courant fait que ces beaux poissons, se tiennent souvent près de la berge, voire contre celle-ci, quand elles sont en phase d’alimentation active.

Les rivières moyennes, comme le Lignon en Haute-Loire, proposent généralement de bonnes conditions pour la pêche aux leurres. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Les résurgences, des milieux très spécifiques

Ce sont des cours d’eau alimentés par des eaux souterraines, principalement dans des zones karstiques. Ils se caractérisent par leur eau limpide, relativement fraîche et stable tout au long de l’année. La Touvre, la Sorgue ou la Loue en sont les exemples les plus emblématiques. Ces milieux sont souvent difficiles à exploiter pour les pêcheurs utilisant des leurres. En effet, la grande quantité de nourriture disponible et la proximité des truites ne les rendent pas toujours réceptives aux leurres. L’abondante végétation complexifie aussi les animations qui doivent être très techniques. Un vrai challenge.

La Touvre.
Crédit photo : Thierry Bruand

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