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Les bases de la pêche aux leurres (partie 7) : Huit bons choix tactiques

Les pêcheurs aux leurres ont parfois tendance à trop se concentrer sur le matériel. Thierry rappelle que les options tactiques et stratégiques sont toutes aussi importantes pour enchaîner les touches.

Battre du terrain ou insister ?

La maniabilité des cannes courtes, la facilité des alternances de distance de lancer et l’agressivité inhérente à la pêche aux leurres confèrent à cette technique une vitesse de prospection élevée. Le leurriste, quel que soit son niveau, doit en tirer parti pour couvrir du terrain et ainsi croiser plus de poissons actifs que ses camarades pratiquant au toc ou à la mouche. Du fait du caractère antinaturel des dérives et des proies proposées, l’importance du premier passage est aussi plus marquée que pour les autres techniques. Insister est donc souvent contre-productif, car cela se traduit par du linéaire de cours d’eau parcouru en moins ! Cette règle de base doit toutefois être nuancée dans certains cas. Les eaux froides, troubles, très turbulentes ou surpêchées rendent parfois les leurres moins efficaces. Il faut alors multiplier les passages pour déclencher une attaque. Prospecter vite suppose aussi d’avoir une belle portion de rivière devant soi, ce qui est loin d’être toujours le cas sauf sortie rapide.


Le nombre ou le trophée ?

Je connais bien la tendance actuelle - accentuée par le miroir déformant des réseaux sociaux - qui privilégie la traque des très gros poissons. Il faut toutefois rappeler, y compris à certains pêcheurs confirmés, que la plupart des cours d’eau français abritent des truites de taille relativement modeste. Dans bien des contextes, une fario de plus de 30 cm est déjà un joli poisson. Rechercher des truites sauvages de plus de 50 cm implique donc de concentrer ses efforts sur des grands milieux pas toujours faciles à appréhender et peu nombreux sur le territoire. Cela veut dire souvent beaucoup de kilomètres et peu de touches, même pour les plus aguerris. Privilégier les cours d’eau plus modestes et la quantité semble donc un préalable indispensable pour celui qui débute ou qui veut progresser. La confiance ainsi accumulée permettra de franchir les étapes qui mèneront un jour à la quête des poissons trophées.


Pêcher court ou long ?

Grâce au moulinet à tambour fixe, le pêcheur aux leurres est celui qui peut le plus aisément allonger ses tirs. Cet avantage ne doit toutefois pas faire oublier un précepte de base : on a toujours intérêt à pêcher court pour être plus précis dans les lancers, les trajectoires et les animations du leurre. De nombreux facteurs facilitent l’approche et intercèdent en faveur des pêches courtes : des farios qui ne sont pas franchement dehors (configuration la plus fréquente), les profils de cours d’eau à forte pente ou la présence d’obstacles tels que des rochers ou des arbres. De même, des eaux troubles ou agitées ainsi que les « mauvaises » conditions météorologiques comme le vent ou la pluie altèrent également la capacité des truites à voir le pêcheur. A contrario, une forte pression de pêche, des eaux basses ou une forte luminosité imposent parfois d’allonger sensiblement les lancers. Une canne plus longue peut être utile.


Prospecter vers l’amont ou l’aval ?

La tactique classique consiste à remonter la rivière pour éviter d’être vu par les truites qui se tiennent tête face au courant, prêtes à attaquer les proies dérivantes. C’est une règle essentielle de la pêche en eaux vives à inculquer aux débutants, toutes techniques confondues. Dans une optique de progression, il faut savoir que cette approche n’est toutefois pas toujours la meilleure en matière de présentation, surtout aux leurres. Se positionner en amont du poste permet en effet de faire évoluer ceux-ci plus lentement en les soutenant lors de la récupération, et donc de pêcher avec plus d’insistance près des caches potentielles. Les possibilités de prospection aval augmentent avec la taille du cours d’eau alors que les forts dénivelés ou les eaux très basses « imposent » la progression du pêcheur vers l‘amont. Observez bien le poste avant de lancer.


Les bons créneaux ou les sessions longues ?

Contrairement à la pêche au coup ou à celle des carnassiers en bateau, lourdes en logistique, la pêche de la truite aux leurres permet de se projeter rapidement au bord de l’eau. Se pose donc la question de la durée des sessions : faut-il pêcher toute la journée sur le même parcours ou bien privilégier seulement les moments censés être les plus propices ? Plusieurs facteurs peuvent influencer ce choix. En général, plus le milieu est modeste (petit torrent, ruisseau boisé…), plus les farios ont tendance à être actives du matin au soir. La pression de pêche complexifie toutefois la prise de décision. En effet, les rivières d’un certain gabarit - où les sorties des truites sont donc souvent courtes - la supportent plutôt bien et rien n’empêche alors de pêcher deux fois le même tronçon le même jour. En petit milieu en revanche, le passage d’un confrère est généralement rédhibitoire pour le reste de la journée. La saisonnalité joue aussi un rôle, surtout aux leurres, avec des périodes « tempérées » (mai-juin et septembre) plus favorables aux longues sessions que les mois « extrêmes » de mars ou de juillet/août.


Provoquer ou imiter ?

D’une manière générale, la pêche aux leurres joue plutôt sur l’agressivité des stimuli. Elle sollicite davantage l’instinct territorial des truites et leur capacité à détecter les vibrations que leur comportement strictement alimentaire. Ce dernier étant mieux exploité par les pratiquants aux appâts naturels ou les nympheurs. Le pêcheur au lancer dispose toutefois aujourd’hui d’une gamme de leurres beaucoup plus étendue que celle de ses prédécesseurs qui misaient souvent sur la seule rotation de la tournante. Il peut donc jouer sur d’autres registres que l’agressivité pour tromper les farios : de tout petits leurres souples proches de leurs proies habituelles ou des poissons nageurs aux formes et coloris très imitatifs animés discrètement. On aura tendance à être plutôt dans la séduction quand la pêche est difficile et dans la provocation quand elle est facile… mais l’inverse peut également s’avérer payant de temps en temps.


L’ombre ou la lumière ?

La luminosité joue un rôle crucial dans toutes les formes de pêche, particulièrement pour celle des salmonidés d’eaux claires. Les farios sont lucifuges et n’aiment pas les lumières fortes, contrairement aux chevesnes par exemple. C’est la raison pour laquelle il est généralement recommandé de faire passer les leurres au plus près des zones de refuge ou sous les frondaisons. Cela explique aussi pourquoi, quand il fait beau et chaud, les créneaux extrêmes du début de matinée et de la fin de journée, ainsi que les secteurs ombragés tels que les gorges ou les parcours boisés, sont souvent les plus favorables, toutes techniques confondues. Cela étant dit, c’est souvent le soleil qui réchauffe les eaux, favorise les éclosions et active les truites. Il est donc parfois stratégique de rechercher les zones les plus exposées, notamment en début de saison ou lorsque l’on pratique en cours d’eau d’altitude.


L’efficacité ou le jeu ?

La réussite dans la recherche des truites au lancer passe souvent par une bonne connaissance de leur comportement et des conditions de pêche, elle-même grandement facilitée par une rationalisation drastique des boîtes de leurres. Les truites sauvages ne sont pas des sandres ou des perches auxquels on va faire défiler devant le nez différentes formes ou couleurs jusqu’à les faire craquer. Elles ne vivent pas dans le même environnement et n’ont pas un comportement de vrai carnassier. Une fois passés les nécessaires ajustements de départ, alterner constamment les coloris et les modèles de leurre proposés pendant la session de pêche - et a fortiori sur un même poste - est régulièrement contre-productif. Il est important de communiquer aux débutants, et de rappeler à certains pêcheurs plus expérimentés, que cette approche « dispersée » relève donc davantage du divertissement que d’une stratégie efficiente. Le mieux peut être l’ennemi du bien à la pêche aussi !

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Magazine n°950 - juillet 2024

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