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Les bases de la pêche aux leurres (partie 2) : le matériel et l'équipement

Pour le pêcheur de truite en eaux vives, la trêve hivernale est le moment de bien préparer sa saison. Dans cette deuxième partie de notre dossier sur la pêche aux leurres, Thierry Bruand livre ici les fondamentaux sur le choix du matériel à ceux qui veulent débuter ou s’améliorer en rationalisant leur approche. Les maîtres mots doivent être simplicité et efficacité.

Nous l’avons abordé le mois dernier, la pêche des salmonidés en rivière, davantage encore que celle des carnassiers du bord, est itinérante par essence. Le leurriste doit le plus souvent battre du terrain pour prendre des farios et soigner ses approches de manière à être le mieux placé et le plus discret possible. La capacité à se mouvoir, en terrain parfois sportif, est donc décisive, et en matière de matériel, la sobriété doit l’emporter sur l’abondance. Pas question de partir au bord de l’eau avec plusieurs cannes et des sacoches à leurres volumineuses. Il faut optimiser et faire les bons choix.

Quand elles sont bien conçues, les cannes multibrins ont des actions aussi performantes que les 2 brins. Elles sont très pratiques pour les marches d’approche.
Crédit photo : Thierry Bruand

La canne

La diversité des modèles de canne disponibles pour les salmonidés, aussi bien dans les gammes « truites » que dans les séries petits carnassiers, a de quoi dérouter. C’est assez simple, à condition de se poser les bonnes questions. Selon moi, le choix de la canne dépend avant tout de la taille du cours d’eau fréquenté. Si vous pratiquez toujours dans les mêmes types de parcours, alors vous pouvez vous contenter d’une seule canne. Si, en revanche, vous aimez diversifier vos sorties, du petit ruisseau à la très grande rivière de piémont, il faudra investir dans plusieurs modèles.

Le guide de pêche Sébastien Thête, sur la basse rivière d’Ain, un parcours large qui exige une poignée longue pour faire des lancers à deux mains.
Crédit photo : Thierry Bruand

Pour des questions de commodités de lancer, la taille de la rivière va d’abord déterminer la longueur de la canne, et donc celle de sa poignée. Il est en effet malaisé de lancer sous la main dans un petit ruisseau boisé avec une canne et une poignée trop longues. A contrario, en grande rivière, il faut disposer d’un bon bras de levier pour opérer à deux mains et allonger ses tirs. Le gabarit de la rivière détermine aussi grosso modo le poids des leurres à utiliser. Plus elle est grande, plus elle est large et peuplée de beaux sujets, plus elle exige des leurres volumineux qui influent à leur tour sur la puissance de la canne (cf. tableau).

Une bonne action

L’action, à savoir la courbure du blank soumis à traction, pourtant souvent mis en avant par les marques, me semble moins déterminante comme critère de choix. Certains pêcheurs ne jurent que par des actions rapides (extra fast ou fast), notamment les accros du poisson-nageur, et d’autres, moins nombreux, par des actions progressives pour ne pas décrocher. Or, en choisissant une action intermédiaire dite « semi-rapide » (c’est d’ailleurs en fait le cas de la majorité des cannes « à truite »), quelles que soient la puissance et la longueur du modèle, le choix est réglé vite et bien. Cela permet d’alterner les catégories de leurres. De même, à condition de se trouver dans une gamme de prix supérieure à 50 €, le type d’anneaux qui équipe la canne a une influence négligeable sur la réussite de la pêche, tout comme la matière de la poignée en liège, mousse ou carbone et le design, évidemment.

La pêche de la truite aux leurres met fortement à l’épreuve la mécanique des moulinets, car les lancers s’enchaînent très rapidement. Il ne faut pas hésiter à investir un peu.
Crédit photo : Thierry Bruand

Le moulinet

Le moulinet est véritablement la pièce maîtresse de l’équipement du pêcheur aux leurres, contrairement au toc ou à la mouche, où il a moins d’importance. C’est à mon avis le poste dans lequel il ne faut pas hésiter à investir le plus, dès le début, de manière à éviter les déconvenues au niveau du mécanisme du pick-up et des roues de commande. Pour être concret, un moulinet aux alentours de 80-100 € dans les marques de référence, Daiwa ou Shimano, par exemple, semble une bonne base de départ. Concernant la taille, considérons que l’emploi de modèles compris entre 1000 et 2500 convient bien à la pratique de notre discipline (cf. tableau). Comme l’a très bien expliqué mon rédacteur en chef dans son article d’octobre 2023, la vitesse de récupération est plus ou moins proportionnelle à la taille du moulinet et à la largeur de sa bobine. Ainsi, un moulinet taille 1 000 récupère aux alentours de 65 cm par tour de manivelle, alors qu’un 2 500 sera plus proche de 75-80 cm. En jouant sur le ratio, certains fabricants peuvent toutefois décliner un même modèle en plusieurs vitesses de récupération. Le pêcheur en eaux vives, qui pratique souvent vers l’amont et qui doit donc ramener son leurre – une cuillère tournante par exemple – plus rapidement que la vitesse du courant, a intérêt à opter pour la vitesse de récupération la plus rapide. J’ai tendance à penser qu’il est plus facile de ralentir son animation si besoin que de pédaler rapidement pour compenser une vitesse de récupération originelle trop basse.

En gros torrent, comme le Vénéon, une canne assez puissante avec une poignée pas trop longue équipée d’un moulinet en taille 2500 est idéale. 
Crédit photo : Thierry Bruand

La ligne

Le choix de la ligne en tresse ou en Nylon et en quel diamètre, est certainement le plus complexe à résoudre pour le débutant ou pour celui qui veut rationaliser son approche, surtout avec la mode des moulinets vendus avec une seule bobine. Le Nylon offre bien plus d’élasticité que la tresse, et donc de sécurité lors des combats en eaux vives avec un poisson aussi nerveux que la truite fario. Il reste un choix pertinent, surtout pour celui qui évolue prioritairement en petit milieu. D’ailleurs les meilleurs compétiteurs aux leurres n’hésitent pas à l’employer. Par sa capacité à transmettre les touches et les prises de contact avec le fond (résonance), la tresse offre un avantage technique substantiel lors des pêches tactiles : minnow coulant, shad ou microsouple. Elle permet aussi des variations plus grandes au niveau du diamètre de la pointe, ce qui est très pratique. Sur une tresse de base relativement fine de 0,6 mm il est en effet possible de nouer un fil de 0,14 à 0,18 mm par exemple, là où il faudrait disposer de plusieurs bobines en Nylon. Une tresse, certes plus chère à l’achat, se change également moins souvent que le Nylon qui doit être renouvelé fréquemment. La tresse vrille moins, mais impose a contrario un nœud de raccord sur le bas de ligne souvent problématique dans les petits diamètres et qu’il faut savoir maîtriser. Quelque que soit l’option retenue, le choix du diamètre de la ligne dépendra là encore de la taille du cours d’eau prospecté (cf. tableau) mais également des débits. Plus les eaux sont basses et claires, plus il faudra généralement réduire la taille des leurres et affiner la ligne.

Un combo passe-partout

D’un point de vue théorique, il faudrait posséder autant d’ensembles canne/moulinet/fil qu’il y a de types de rivière, voire de catégories de leurre. Mais tout cela est bien compliqué et peut-être un peu vain pour la pêche de la truite, où la connaissance du milieu et la qualité de l’approche sont les véritables clés de la réussite. Pour le débutant comme pour le pêcheur expérimenté, la stratégie qui consiste à pratiquer volontairement et prioritairement avec le même ensemble est la garantie de connaître parfaitement son matériel et de se concentrer sur l’essentiel. En observant le tableau déjà cité, on s’aperçoit qu’une canne puissance light d’1,90 m, équipée d’un moulinet taille 2500, avec une bobine garnie d’une tresse fine en 0,8 mm, permet de pêcher à peu près convenablement dans la grande majorité des configurations. Il n’y a finalement qu’en très grande rivière, cas très particulier, qu’elle sera inappropriée. À dire vrai, c’est cet ensemble que j’utilise dans 80 % des cas et que je vous conseille si vous ne deviez en retenir qu’un !

Les minuscules ruisseaux boisés, souvent très poissonneux, requièrent des cannes très courtes pour lancer sous la main, ici 1,40 m.  
Crédit photo : Thierry Bruand

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