Confinement oblige, la saison truite a été très perturbée en 2020, avec notamment l’amputation du début du printemps, souvent la meilleure période. C’est pour cette raison que Julien Miot, qui s’est taillé une solide réputation de pêcheur de truites aux leurres dans les Pyrénées, a décidé de la faire durer au maximum. «Habituellement, je délaisse un peu la Garonne l’été, avec un débit assez bas et une eau déjà bien réchauffée, confirme-t-il. Mais cette année, je prolonge un peu…»
En confiance
Et ce n’est pas la chaleur annoncée pour ce jour où nous nous retrouvons au bord de l’eau qui va arranger les choses. Mais qu’importe, Julien est confiant, estimant qu’une bonne surprise est toujours possible, tandis que nous cheminons vers la rivière. Pour cette sortie, il a choisi un secteur aval de la Garonne salmonicole, dans l’espoir de piquer une des belles truites qui y vivent. Pour débuter la prospection du long courant rapide qui se présente devant nous, il choisit dans sa boîte un Spearhead Ryuki 70 (Duo), un minnow coulant dense, capable de percer rapidement le courant et d’évoluer sous les veines rapides. Il prospecte en remontant par des lancers amont, en animant son leurre canne haute par de petits coups de scion qui le font vibrer et remonter avant de le laisser redescendre, emporté par le courant. Après quelques lancers sans succès, Julien le remplace par un Realis Rozante de 8cm afin d’obtenir une présentation différente avec ce leurre, de type suspending. Il continue sa prospection en remontant ce courant, tout en alternant ces deux leurres. Les lancers vers la berge opposée conduisent le leurre à finir sa trajectoire bien en aval. Julien le laisse alors traverser le courant sans mouliner, mais en contrôlant sa vitesse canne haute pour soustraire la bannière au flot et ne pas le laisser évoluer trop rapidement.
Quelques éclosions
L’animation est peu agressive, assez minimaliste même, et Julien insiste peu. Une approche qui permet de couvrir rapidement du terrain. Nous voilà maintenant face à un petit profond, prospecté tout d’abord avec ces deux mêmes poissons-nageurs mais toujours sans succès. Julien essaie ensuite un petit leurre souple monté sur une tête plombée de 5g afin de prospecter plus creux encore, avec une animation plus lente et précise. Les postes prospectés, pas encore frappés directement par le soleil à cette heure matinale, semblent prometteurs d’autant que d’importants vols d’insectes survolent la rivière. Néanmoins, la première touche se fait toujours attendre. Les truites ne sont visiblement pas très actives.
Gagner en distance
Julien parvient à un seuil qui, en amont, forme un long courant, à la fois large et relativement uniforme. La rive opposée, assez profonde et bien boisée, semble parfaite pour abriter de belles truites qui peuvent se poster n’importe où dans cette veine d’eau d’apparence assez homogène. Il commence par prospecter l’aval de ce courant en descendant, avec des lancers vers la berge opposée et des trajectoires en arc de cercle. Après que le leurre tombe juste devant la berge, Julien le laisse traverser la rivière, contrôlant sa vitesse en moulinant lorsque la pression du courant devient trop faible. Là où le spot est plus large, il s’avance dans l’eau pour gagner les quelques mètres qui manquent pour que son leurre tombe toujours au plus près de la berge d’en face. Il descend comme ça une cinquantaine de mètres, fouillés méthodiquement, puis remonte pour explorer alors la zone amont de ce beau courant. Il reprend maintenant sa prospection, en remontant donc cette fois, avec des lancers variant entre le plein et le trois-quarts amont.
Plus gros, plus petit
Devant l’absence de touche, Julien décide de changer de taille de leurre. Premier essai avec un Realis Jerkbait 120 pour voir si ce gros leurre ne pourrait pas décider une belle truite ? Sans succès… Va pour l’option inverse avec des leurres plus petits, en alternant un Realis Rozante 63 mm et un Spearhead Ryuki 50S Takumi, une variante un peu plus trapue qu’un Ryuki classique et qui coule bien à l’horizontale. Et quelques lancers plus tard, c’est enfin la touche, avec une première truite d’une trentaine de centimètres. Une belle qui fait du bien ! Un peu plus loin, nouvelle touche, manquée cette fois, et puis une autre encore, quelques mètres après. Une belle séquence… Nouvelle attaque, mais la truite se décroche après une jolie cabriole. Pas de chance mais, visiblement, cette zone plus courante recèle quelques truites actives que l’option petit leurre semble intéresser.
La voilà enfin !
Julien continue sa progression, débouchant bientôt sur une rive ombragée. Il prend rapidement deux truites, dont une jolie 35cm, qui attaquent après un lancer trois-quarts amont. Notre champion insiste avec ses animations douces, variant angles de lancer et trajectoires. Sur un lancer plein amont, parallèle à la berge, il ferre enfin la truite qu’il attendait… Le poisson est en effet d’un tout autre gabarit. La bagarre est intense mais assez brève. Julien met à l’épuisette un beau spécimen de 54cm, à la robe superbe. C’est bien la belle espérée. Vite et bien décrochée, vite et bien photographiée, elle regagne déjà sa rivière en pleine forme ! Nous voici maintenant parvenus sur un secteur bien différent où affleurent quelques roches, autant de postes intéressants. Le soleil est désormais bien haut, inondant la rivière d’une lumière intense. Mais Julien persévère, alterne les leurres, repasse un instant au leurre souple pour gratter les abords d’un bloc puis repart au leurre dur pour prospecter de manière plus extensive. Malgré la forte lumière et les conditions difficiles, il reprend deux truites, dont une qui passe largement la barre des 30cm. Parvenu à un nouveau courant long, large et assez homogène, il commence par prospecter sa bordure en remontant avec de petits leurres jusqu’en tête.
Joli poisson
Il redescend alors en prospectant vers l’aval mais avec des leurres plus gros, pour allonger ses lancers, perpendiculairement ou trois-quarts aval. À un moment, le leurre a à peine entamé sa trajectoire que Julien enregistre une touche violente. La canne plie mais se détend aussitôt. «Aie ! décrochée, lâche-t-il, dépité. Dommage, car vu les coups de tête, c’était bien un joli poisson…» La déception vite digérée, il termine sa prospection. Pour tenter de contrer la forte luminosité, il tente un coloris sombre, sans éclat, mais rien n’y fait. Le soleil est désormais haut, la lumière intense et il commence à faire très chaud. Autant de bonnes raisons de s’arrêter là décide Julien, qui aura tout de même réussi une belle pêche dans ces conditions estivales jamais très faciles.
Son matériel
- Canne : Destroyer F4 68XS (Megabass)
- Moulinet : Lin 258 HM (Megabass)
- Tresse : X8 Upgrade Real Sports (YGK) 16/100
- Bas de ligne : G-soul DFC (YGK) 25/100
- Agrafe : V-Snap (Decoy) n°0