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L'ouverture truite de Thierry Bruand : leurre ou vairon, le grand dilemme

La météo du jour ainsi que les conditions de température et de hauteur d’eau vont dicter votre choix au dernier moment !

Crédit photo Thierry Bruand
Le leurre a le vent en poupe et ce n’est pas Thierry Bruand qui dira le contraire. Pour le grand jour de l’ouverture, il avoue toutefois hésiter avec le vairon, redoutable en tout début de saison.

Comme beaucoup de passionnés de la truite, j’aime réussir mon ouverture, quels que soient les paramètres météorologiques et hydrologiques. Cette réussite, qui, je l’avoue avec fierté, ne m’a jamais échappé ces dernières années, passe évidemment par une excellente connaissance des coins de pêche de mon département, mais aussi par une alternance subtile de mes deux techniques favorites : le leurre et le vairon manié. Quels sont les atouts et les faiblesses de chacune d’entre elles ?

Ce vairon, bien présenté sur sa monture, a fait bouger cette jolie fario très claire. Cet appât naturel permet parfois de faire la différence, notamment en début de saison. 
Crédit photo : Thierry Bruand

La préparation

Concernant l’avant pêche, le duel semble clairement à l’avantage du leurre! Aucun leurre ne s’étant jamais échappé tout seul d’une boîte, il suffit de bien la remplir, de la mettre dans son chest pack et d’attendre tranquillement le samedi matin. Le vairon demande, au contraire, de se procurer (ou d’acheter) les petits cyprinidés, de les conserver jusqu’à la date fatidique, de les acheminer au bord de la rivière, puis de les transporter dans une bouteille d’eau ou un vivier. Soit pas mal de contraintes. À y regarder de plus près, le match n’est toutefois pas si déséquilibré. Le choix des leurres à embarquer est en effet loin d’être une simple affaire et peut même virer au casse-tête avec l’immensité du panel disponible. Avec le vairon, il y a moins de questions à se poser, surtout si, comme moi, on utilise toujours la même monture interne-externe, la plus polyvalente. Le matériel est réduit.

Le poisson nageur, grâce aux différentes densités, permet de bien pêcher chaque configuration de poste et hauteur d’eau. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Le type de parcours

Étant donné le poids assez important constitué par l’ensemble monture/appât (7-8 g minimum), le vairon manié est généralement associé à des milieux vastes : gros torrent, grande et moyenne rivière. C’est en réalité une technique ultra-polyvalente. Elle s’adapte fort bien à de petits, voire très petits cours d’eau, en pêchant à soutenir sous la canne. Un vairon mort dandiné dans un embâcle, devant une souche ou un bloc n’a pas son pareil pour débusquer la grosse fario d’un ruisseau boisé ou d’un petit torrent de montagne. Avec la formidable évolution technique de ces dernières décennies, il n’y a pas un seul type de parcours où le leurriste ne pourra pas tirer son épingle du jeu. La diversité de densité et de poids des leurres durs (poisson nageur, cuillère, spintail) permet de s’adapter pratiquement à toutes les profondeurs. Les microsouples sont redoutables dans les très petits milieux et le shad imite justement assez bien le vairon pour pêcher en torrent. Sachez toutefois qu’il manquera toujours le goût et l’odeur, ce qui peut quand même faire une sacrée différence, surtout dans les eaux froides à l’ouverture au mois de mars. La température de l’eau est la donnée principale à prendre en compte pour faire son choix.

Transporter les vairons est bien entendu plus contraignant qu’une boîte de leurre. Mais l’effort est souvent récompensé.
Crédit photo : Thierry Bruand

Température et altitude

La règle générale est la suivante: plus la météo du jour J est fraîche et plus vous irez chercher un parcours en altitude, plus les eaux seront froides et plus le leurre, qui demande une certaine agressivité de la part des farios, est pénalisé par rapport au vairon, plus performant sur les truites apathiques. Mieux vaut donc réserver le lancer aux basses rivières de plaine (source à moins de 500-600 m), aux journées clémentes, et le vairon pour les cours d’eau plus typés « montagne » et les grands froids. Ces données de base doivent être fortement nuancées, car elles sont surtout valables si on met le vairon en balance avec les leurres durs. L’avènement des leurres souples saturés d’attractant (teigne artificielle ou petits shads) bouleverse la donne. L’écart vairon/leurre se réduit, même en eaux très froides. Pensez aussi que la température de l’eau varie pendant la journée. J’ai souvent adopté, lors de mes ouvertures passées et au mois de mars-avril, pêche au vairon le matin et leurres durs l’après-midi, avec succès. Le matériel est presque identique.

Comme beaucoup, j’aime partager le jour très particulier de l’ouverture avec un ami ou un membre de ma famille. Et, justement, la pêche en binôme est vraiment la meilleure configuration pour ne pas être pris au dépourvu et disposer du vairon comme du leurre en même temps. Chaque compère amène le matériel spécifique à la technique et après on voit. Parfois, le vairon fait tellement la différence que l’on ne pratique plus qu’avec une seule des deux cannes en alternance. Parfois, les deux techniques se valent à peu près et l’on peut se faire plaisir en les alternant.
Crédit photo : Thierry Bruand

Niveaux et couleur de l'eau

Des eaux trop boueuses ne valent pas grand-chose, aux leurres comme au vairon ! En dehors de ces conditions extrêmes, le vairon réussit bien dans toutes les configurations: des eaux mâchées et hautes aux eaux cristallines et très basses, souvent froides. Pour le lancer, c’est un peu plus compliqué et cela dépend de la catégorie de leurres et des secteurs. Les eaux teintées sont relativement peu favorables aux minnows coulants qui jouent plutôt sur le registre imitatif. Dans ce contexte, les vibrations de la cuillère tournante ou d’un crank sont plus efficaces. Les niveaux hauts, avec des eaux encore claires, sont peu favorables aux leurres durs en général, même s’ils peuvent être efficaces dans certains secteurs calmes ou les bordures. Les eaux basses et claires sont a priori plus favorables aux poissons nageurs, mais la cuillère tournante est souvent redoutable sur des farios qui n’en ont pas vu depuis six mois. Les leurres souples beaucoup plus polyvalents pêchent bien dans toutes les conditions, un peu comme le vairon.

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