La saison estivale propose d’innombrables opportunités de traquer les carnassiers. La végétation aquatique concentre une bonne partie de la vie de nos lacs et cours d’eau en lui apportant oxygène, alimentation et refuge. Nos prédateurs favoris sont donc bien présents dans et autour de ces zones. Cependant, il est souvent difficile pour le pêcheur d’aller traquer sa cible dans ce qu’il convient d’appeler un cimetière à leurres. Les accrocs sont nombreux et souvent définitifs, surtout si l’on opère du bord. Il existe néanmoins une solution : le texan. C’est un montage que vous pouvez utiliser aussi bien en bateau, en float tube que du bord. Profitons-en.
Un hameçon spécifique
Cet hameçon permet de s’affranchir des risques tout en restant aussi efficace qu’un montage « normal », pour peu qu’on l’utilise correctement. Il existe une multitude d’hameçons texans, plombés ou non, qui permettent d’utiliser nombre de leurres souples, souvent développés spécifiquement pour cette technique. La plupart ont été mis au point pour la traque du black-bass aux États-Unis et au Japon notamment. Pour ma part, quelle que soit la taille ou la nature de mon montage, je n’utilise que les hameçons dont la pointe revient précisément dans l’axe de la hampe. Ce sont les plus polyvalents (et aussi les plus nombreux) et à moins de vouloir adapter chaque leurre à son texan spécifique, ils restent le choix le plus judicieux.
De la souplesse
Les leurres sont à choisir en priorité en fonction de leur grande souplesse et de la présence d’une gorge ventrale et dorsale permettant de camoufler la pointe au mieux. La souplesse se justifie pour deux raisons: la première est que cette pêche s’effectue la plupart du temps lentement et que la gomme doit permettre au leurre de se mettre en mouvement à la moindre sollicitation. La deuxième est plus pragmatique, une gomme tendre permet à la pointe de ressortir facilement à la moindre attaque et assure une meilleure efficacité au ferrage car le leurre s’écrase lorsque le poisson referme la gueule.
Tout terrain
Le texan peut être utilisé partout, mais il est clairement destiné aux zones les plus encombrées, les plus scabreuses. J’ai souvent croisé au bord de l’eau des pêcheurs récalcitrants qui ne croient ni à ses capacités anti-accrochage, ni à son efficacité au ferrage. La première réticence est vite réglée, je lance mon leurre dans un arbre immergé et le ramène devant la personne sans problème, c’est rapidement admis. Pour le ferrage, j’explique (et c’est vrai!) que le seul cas où le texan est inférieur à un montage « extérieur », c’est qu’avec ce dernier, il arrive de piquer le poisson quand le leurre est juste « poussé » et non gobé. Mais quand je précise que l’hameçon extérieur peut tout aussi bien piquer tout et n’importe quoi au passage, branche et autre tige végétale, le message passe assez facilement et est bien compris.. En action de pêche, j’ai une forte tendance à n’utiliser avec les hameçons non plombés que des leurres type « finesse », réservant les shads aux hameçons texans plombés.
Finesse ou shad
C’est une préférence personnelle et en aucun cas une indication à suivre à la lettre. Simplement, il est toujours compliqué de faire nager un shad quand il n’est pas soumis à un minimum de pression, qui est fournie par le poids du montage. Pour faire simple, j’utilise les finesses à l’exploration de l’intérieur des obstacles, alors que les shads me permettront de tourner autour, au plus proche et sur toute la hauteur d’eau. Les structures, bois morts, herbiers et autres nénuphars seront, dans un premier temps, prospectés par l’extérieur, donc avec un shad, car une éventuelle prise génère un combat qui peut facilement et rapidement être éloigné de la zone centrale de l’obstacle. D’une part, on limite le risque que le poisson file tête baissée s’y réfugier en rendant la réussite plus aléatoire, et d’autre part, cela évite de « sonner » l’alarme sous le couvert qui deviendrait stérile en touche ultérieure. Les herbiers et surtout les nénuphars imposent un combat « bruyant » qui alertera l’extérieur à coup sûr. Autant opérer dans l’ordre pour être efficace. La périphérie de la structure peut donc être pêchée en linéaire, à différentes vitesses et profondeurs.
L'un après l'autre
Vous pouvez commencer par un leurre « discret » et de taille modeste, pour ensuite augmenter le volume et la visibilité ainsi que les vibrations ! Il est également possible, en cas de profondeur supérieure à deux mètres, d’animer le montage en dents de scie, en le faisant monter rapidement dans la couche d’eau et le laissant redescendre libre au fond, vous répétez l’opération jusqu’à la touche qui aura quasiment toujours lieu à la descente. Ensuite, il est temps d’exploiter le leurre de type finesse. Là, il s’agit de lancer votre leurre non plombé, si ce n’est par son propre poids augmenté de celui de l’hameçon dans les branches noyées, entre les feuilles de nénuphars ou directement dans les massifs de myriophylles ou autres herbiers aquatiques. Dans cet environnement, le montage n’est pêchant que peu de temps, ou sur peu de surface. Il convient donc de profiter de sa lente immersion pour le faire trembler via de petits coups de scion, ou lui imprimer de petites tirées latérales avant de le laisser reprendre un peu de profondeur et ainsi de suite.
Surveillez la tresse
Dans le cas d’une pêche au shad, l’attaque sera perçue classiquement, par un coup dans la canne. Par rapport à un montage traditionnel, il faut juste se retenir une seconde pour le ferrage, afin d’être sûr que le leurre est bien engamé. La contrepartie positive, c’est qu’une fois piqué, il est très rare qu’un texan se décroche. Pour le finesse, pas de tension, donc pas de coup dans la canne, c’est à la tresse qu’il faut se fier ! Le « ventre » se résorbe subitement: vous ferrez! Il se détend : vous ferrez ! Il se décale: vous avez compris… Je suis un fan du texan et ceci en toutes saisons et en toutes circonstances y compris sur les sites où il n’est pas nécessaire. Il me permet de pêcher l’esprit tranquille et d’éventuellement détecter des obstacles que je n’aurais soupçonnés sans pour autant perdre mes précieux leurres. C’est encore plus avantageux sur des secteurs que vous ne connaissez pas, proche de chez vous ou lors de vos prochains déplacements en vacances.
Mes montages préférés
Voici des hameçons que j’utilise le plus souvent ainsi que quelques-uns de mes montages favoris. Dans tous les cas, il faut adapter la taille de l’hameçon selon deux critères. Il ne doit pas dépasser la moitié du leurre afin de ne pas brider son mouvement. L’idéal étant d’en rester au tiers de la longueur, ce qui ne présente pas de risque en matière d’efficacité car bien souvent le montage est profondément engamé. Le deuxième impératif consiste à s’assurer que la profondeur de la courbure permette à la pointe d’être bien dégagée au ferrage. La mâchoire du poisson appuie sur la partie basse et dégage ainsi la pointe.
Pour les têtes plombées, j’utilise majoritairement les formes rondes ou football pour la prospection en linéaire car elles stabilisent bien le shad. Les formes triangulaires ou pointues sont plus adaptées aux pêches « à manier », parfois en surplombant légèrement pour obtenir une animation plus rapide et/ou plus provocante en dents de scie bien marquées.