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Les bases de la pêche aux leurres (partie 8) : les différentes techniques d'animation

Cette belle fario de 40 cm a été manquée deux fois de suite au poisson-nageur avec une animation énergique en twitching. C’est lors du troisième passage, avec un shad, qu’elle a mordu franchement grâce à une animation mixte et discrète associant linéaire et légère traction près de l’obstacle. 

Crédit photo Thierry Bruand
Après avoir passé en revue le matériel idéal, la connaissance des milieux et des cours d’eau et les nombreuses options tactiques, Thierry conclut sa série consacrée aux fondamentaux de la pêche des farios avec la dernière étape : l’art et la manière d’animer un leurre.

Comme pour la pêche des carnassiers, les types d’animations en eaux vives varient logiquement en fonction de la catégorie de leurre retenue, chacune en ayant une spécifique ou de prédilection (voir tableau). Mais l’animation peut également différer, pour un même leurre, en fonction des conditions de pêche, de la configuration des postes, du positionnement et de l’agressivité des farios ainsi que de la pression de pêche, un facteur à ne jamais négliger. Historiquement, la pêche de la truite au lancer était associée aux leurres durs et donc à des animations canne basse. L’avènement des leurres souples a largement contribué à la diversification des gestuelles, d’où la classification établie ci-dessous. Précisons que dans certains cas, il est possible, voire recommandé, de combiner plusieurs sortes d’animation lors d’une même récupération.

L’avènement des minnow coulants très denses, le retour en force de l’ondulante et l’essor des shads ont transformé la gestuelle des animations, désormais souvent réalisées canne haute.
Crédit photo : Thierry Bruand

Lancer-ramener

Le scion de la canne est maintenu plus ou moins proche de la surface de l’eau pendant la récupération. Elles sont prioritairement destinées à mettre en action des poissons nageurs ou des leurres métalliques. Le lancer-ramener est une animation qui consiste à ramener le leurre de manière continue sans imprimer de variation au niveau du poignet. C’est-à-dire en linéaire, terme cher aux pêcheurs de carnassiers mais qui, à mon avis, est moyennement adapté à un milieu aussi restreint et agité qu’une rivière à truites. Le leurre produit son ballottement tout seul sous l’effet de la récupération ou de la simple pression du courant sur la palette, la bavette ou le paddle, offrant des signaux visuels et vibratoires réguliers. Le lancer-ramener est une animation de base pour les débutants souvent associée à la cuillère classique, toujours redoutable sur les farios. Bien que basique, la récupération d’une tournante exige de doser savamment la vitesse de récupération, l’angle et la hauteur de la canne pour faire évoluer celle-ci dans les bonnes veines d’eau et à la profondeur souhaitée. Les spintails avec leur palette et certains poissons nageurs tels que les crankbaits ou les longbills-minnows s’animent également principalement en lancer-ramener. Pour ces deux derniers, la technique qui consiste à taper le fond avec la bavette est très opérante sur les farios, surtout dans les grandes rivières avec des lits réguliers de graviers ou de galets. Les cuillères ondulantes et les petits jerkbaits, par définition des leurres à animer au poignet – jerk signifiant secousse – peuvent aussi être ramenés en continu dans certaines situations, notamment les modèles suspending et les flottants plutôt que coulants. Enfin, les shads peuvent également être récupérés en « linéaire » en misant simplement sur les vibrations du paddle pour des animations de très faible intensité parfois efficaces, particulièrement en eaux froides.

La pêche des farios en petits milieux reste souvent liée à l’utilisation de la cuillère tournante, animée en lancer ramener plein amont.
Crédit photo : Thierry Bruand

Les petits coups de poignet

Cette animation, anglicisée sous le terme de twitching (« tremblement »), consiste à animer son leurre de façon saccadée avec des petits coups de scion de faible amplitude mais rapprochés et cadencés. Le rythme est grosso modo celui d’un mouvement de poignet par tour de manivelle. Le twitching est étroitement associé au fameux minnow coulant, mais peut également être utilisé avec la cuillère ondulante et les poissons nageurs suspending. Le résultat de cette animation est relativement agressif, combinant la nage vibrante naturelle du leurre avec des désaxements aléatoires, renforçant ainsi les signaux visuels et sonores. Comme le mouvement est assez rapide, le leurre a peu l’occasion de descendre et il prospecte relativement peu profondément. C’est donc pour cela une animation à réserver plutôt à des truites actives (eau pas trop froide) et enclines à monter dans la couche d’eau. Elle est parfois redoutable, notamment pour faire sortir les farios des obstacles, mais elle génère aussi beaucoup de suivis ou de tapes avortées. Le caractère aléatoire de la nage du leurre contrarie en effet le ciblage des attaques. Dans ce contexte, une animation hybride alternant « linéaire » et twitching peut être alors la solution : du lancer-ramener avec quelques coups de poignet de temps à autre, ou l’inverse, selon les cas de figure.

Une grosse fario de 48 cm capturée avec un minnow coulant grâce à une animation en twitching.
Crédit photo : Thierry Bruand

Leurre manié et dents de scie

Tous les leurres à truites peuvent être animés canne haute, même une tournante, par exemple, pour la faire passer très haut dans la colonne d’eau. Cela étant dit, ces types d’animation, très variés dans leurs effets, se sont surtout développés depuis l’avènement des poissons nageurs très denses (heavy sinking) et des leurres souples avec ou sans flap caudal. Un shad ou un souple sans paddle (finess ou larve) monté sur tête plombée peut être dirigé de la même façon qu’un vairon, la répartition des poids étant courantes. Cela le rend attractif et c’est une forme de déclinaison du leurre manié.

En très grande rivière de piedmont, comme ici la basse Isère, les animations en dents de scie et vers l’aval avec une cuillère ondulante ou un minnow coulant de 7-8 cm sont très efficaces. 
Crédit photo : Thierry Bruand

La dérive "naturelle" ou guidée

Cette animation minimaliste consiste à laisser dériver le leurre à distance en suivant les veines d’eau, ou du moins en essayant de les lui faire suivre, d’où les guillemets. Elle joue davantage sur les comportements alimentaires des farios que sur leur agressivité/territorialité. Le leurre est lancé un peu amont puis il est amené à la bonne profondeur – généralement proche du fond – soit en le laissant couler (ondulante, micro-souple, shad, poisson nageur sinking), soit en le faisant plonger par quelques tours de manivelle quand c’est un minnow suspending. Ensuite, on se limite à guider le leurre pendant qu’il dérive, en influant peu sur sa trajectoire. Le leurre suit ainsi plus ou moins les veines de courant ou roule sur le fond en émettant des signaux visuels et vibratoires peu agressifs. Des petits gestes du poignet permettent de maintenir le contact avec le leurre pour ne pas manquer les touches et éviter qu’il ne se plante au fond. Il est important que ces mouvements restent toutefois modérés pour éviter de contrarier son évolution « naturelle ».

Lorsqu’il s’agit de débusquer les truites dans les obstacles, une animation en dandine d’un micro souple est souvent l’unique possibilité. 
Crédit photo : Thierry Bruand

La dandine

Contrairement à l’animation précédente visant à obtenir un déplacement horizontal du leurre, la dandine consiste à l’activer sur le plan vertical avec un mouvement de bas en haut plus ou moins anti naturelle. Elle est évidemment associée à des pêches sous la canne ou à très courte distance. Elle est particulièrement efficace pour capturer des farios « cavées » sous les blocs et dans les petites cuvettes profondes en torrent, ou sous les berges creuses et les souches en ruisseau et petite rivière. L’approche doit être très discrète et vers l’amont pour se soustraire à la vue des poissons. La touche advient souvent très rapidement mais il est parfois payant d’insister un peu. La dandine peut être aussi utile en rivière moyenne pour les pêches de bordure en période de hautes eaux ou de forte turbidité. Côté leurre, les petits shads/finess ou les micro souples sont évidemment particulièrement adaptés à ce genre de configuration, mais l’ondulante ou le poisson-nageur coulant très plat (flat minnow) ne déméritent pas. Il convient simplement d’amplifier nettement la gestuelle et de déporter légèrement sur les côtés le leurre dur pour bien l’activer.

Les leurres souples à paddle sont de plus en plus employés par les pêcheurs de truite au leurre. Ils peuvent notamment être animés comme un vairon manié.
Crédit photo : Thierry Bruand

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